Bonjour Marie,
Nous sommes ravis que tu aies accepté de témoigner sur ta formation et ton parcours.
Peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs ?
Marie : Bonjour, je m’appelle Marie, j’ai 22 ans. Après le collège, j’ai poursuivi mes études au lycée technique « Les Mandailles », dans la Drôme, en Bac Pro SAPAT, mais pour la terminale, mes parents ont souhaité que je me rapproche de chez eux, en Savoie, et j’ai rejoint le Lycée Costa de Beauregard pour ma dernière année. Par la suite, je suis retournée m’installer à Romans-sur-Isère avec mon compagnon, chercher un travail. La mission locale m’a accompagnée pour m’aider à préparer mon CV et mes lettres de motivation, m'entrainer pour mes entretiens et de fil en aiguille, j’ai pu faire un stage en EHPAD de 2 semaines qui s’est transformé en mission d’intérim, puis en CDI.
Où travailles-tu aujourd'hui?
Marie: Depuis deux ans, je suis toujours à l’EHPAD Emile Peysson, où je travaille, en équipe, comme auxiliaire de vie, auprès de personnes en perte d’autonomie. Chaque habitant a sa propre chambre individuelle, équipée d’une douche privative. Le standing est ordinaire mais la résidence dispose aussi d’un jardin bien tenu et clos. Cette résidence peut accueillir jusque soixante résidents dans 4 différentes unités, dont une protégée pour les personnes atteintes d’Alzheimer ou apparentées.
Peux-tu nous expliquer comment se partage ton temps?
Marie : Je m’occupe du petit-déjeuner, du ménage et de la toilette des 18 résidents de mon unité. En temps normal, nous travaillons à temps partiel, 7h – 5 jours par semaine. En ce moment, en raison de la pandémie, nos horaires ont été changés afin que nous puissions tourner 12h – 3 jours par semaine. Finalement ce temps plein est appréciable car il nous permet d’avoir un meilleur suivi des soins.
"Ce qui me plait dans ce métier, c’est la relation que l’on peut construire avec les personnes âgées"
Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?
Marie : Ce qui me plait dans ce métier, c’est la relation que l’on peut construire avec les personnes âgées. C’est fou tout ce qu’elles ont à nous faire partager et à nous raconter de leurs histoires. S’occuper d’elles est un vrai plaisir et on s’attache vite à elles. C’est aussi la raison pour laquelle ce métier est difficile, car on sait que cette relation sera éphémère car nous les accompagnons aussi dans leur fin de vie. Une des choses les plus difficiles pour moi reste de faire la toilette mortuaire d’un défunt.
Comment as-tu connu le lycée Costa de Beauregard?
Marie : Plus jeune, je voulais devenir archéologue, mais rapidement, j’ai eu besoin de concret dans mes études et je me suis orientée vers un Bac Pro SAPAT. Pour me rapprocher de ma famille, j’ai intégré le Lycée Costa de Beauregard en terminale. Je pensais qu’à l’issue de ces études, je travaillerai avec des enfants. La réalité en a voulu autrement… au final, mes différentes expériences m’ont prouvé qu’il était plus facile, pour moi, de parler avec des personnes âgées qu’à des enfants.
Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?
Marie : J’ai beaucoup aimé l’emploi du temps que nous avions qui nous permettait d’être libre dès le vendredi après-midi, d’autant plus que j’étais interne toute la semaine. Je me souviens avoir préparé des animations pour Pâques, Halloween et organisé avec les terminales horticulture, pour la fin de l’année, une journée aux couleurs d’Alice au Pays des Merveilles. Il me reste aussi en mémoire les sorties que nous avons faites avec des enseignants comme une sortie au Laser Game ou au point d’eau de Challes-les-Eaux, aux beaux jours.
Que t'a apporté le lycée?
Marie : C’est ici que j’ai passé mon Bac. En terminale, on fait moins de pratique, plus réservée aux années de seconde et première, mais j’ai gardé un bon souvenir du projet intergénérationnel de cours de cuisine que nous avons organisé entre personnes âgées et jeunes enfants. C’est à partir de ce jour que je me suis plus rapprochée des personnes âgées.
Te souviens-tu où avais-tu fait tes stages ?
Marie : En terminale, j’ai fait mon stage en Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) à Saint-Donat-sur-l'Herbasse, dans la Drôme. Là, 68 travailleurs en situation de handicap proposent des services d’étiquetage, collage, pliage, conditionnement, colisage, plasturgie, menuiserie et serrurerie et en entretien d'espaces verts.
"On a tous nos 'chouchoux' dans une unité de soin"
De quoi es-tu le plus fière?
Marie : Un jour lors d’un petit déjeuner, une personne âgée était triste. Elle s’est approchée de moi pour me faire un câlin. J’étais toute émue. A compter de ce jour, elle est devenue ma « chouchou » car on a tous nos patients préférés dans une unité de soin… Cela nous touche beaucoup quand une personne a confiance en nous et qu’elle s’ouvre à nous, pour nous faire part de ses sentiments. J’essaye toujours de trouver un peu de temps pour eux, pour jouer avec elles au scrabble, aux cartes, pour leur offrir une séance d’esthéticienne, pour les faire beaux… Quand les équipes sont au complet, on peut plus facilement se garder ces moments de vie et de partage. En ce moment, c’est plus difficile. Avant la COVID, nous pouvions emmener quelques personnes dehors se balader au jardin, des animateurs venaient proposer des jeux… En ce moment tout est à l’arrêt.
"On arrive à tout avec le temps"
Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?
Marie : Il ne faut pas être réticent par rapport au soin des personnes âgées. On pense toujours que c’est dur, que l’on n’y arrivera jamais, mais on arrive à tout avec le temps. Les personnes âgées ont beaucoup de choses à nous apporter. En leur temps, il y avait bien des choses qui n’existaient pas et ils composaient sans. Nous on est toujours là à nous plaindre…
Un grand merci à toi Marie pour ce témoignage !