Aujourd’hui les arbres ont un vrai statut d’être vivant dans la société

Rencontre avec Pierre Locca, ancien élève en BTS Production Horticole au Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Vendredi 11 juin 2021

Pierre Locca Pierre Locca  

 

Bonjour Pierre,

 

En parlant de toi avec quelques uns de tes anciens professeurs, j'ai cru comprendre que tu avais un destin tout tracé, pour faire pousser des arbres... J'ai hâte d'en savoir plus sur toi, ton parcours !

 

Peux-tu s'il te plait te présenter?

 

Pierre : Je m’appelle Pierre Locca, j’ai 31 ans. Je suis natif de Saint-Bonnet-le-Château, dans la Loire. Après ma formation en Bac général ES, j’ai tenté 1 an de Fac de droit à Saint-Etienne, puis j’ai fait la connaissance du patron de la pépinière voisine. J’ai toujours aimé la nature, la forêt. Depuis longtemps, je collectionne les cactus, les bonsaïs. C’est au contact de Daniel Genthialon, Ingénieur horticole de formation, que s’est tracé mon parcours. Comme un mentor, il m’a aiguillé dans le choix de mes études et de mes stages pour parfaire ma formation. C’est ainsi que j’ai cherché un établissement pour faire mon BTS Production Horticole, à temps plein, pour savoir comment produire les végétaux, puis un BTS Gestion forestière, à l’école de Poisy, pour pouvoir apporter un conseil aux clients. Dans mes stages, il m’a recommandé de travailler en Irlande, chez Coillte Nurseries puis chez Naudet. J’ai suivi la formation « Casino », très efficace, je suis parti de tout en bas, avec l’ambition de reprendre un jour sa pépinière sylvicole du Haut Forez, en y travaillant, après mes études, comme salarié puis comme chef d’équipe pendant 6 ans.

 

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Pierre : Aujourd’hui, cela va faire 2 ans que je suis à la tête des Pépinières Sylvicoles du Haut Forez, le 30 juin très exactement... Je gère 15 hectares de pépinière, en culture conventionnelle et 5 hectares de sapins de Noël en agriculture AB. Nous sommes les premiers producteurs en Auvergne-Rhône-Alpes de plants forestiers. A l’année, nous sommes 5 employés. Pendant 4 à 5 mois, les équipes s’étoffent de 2 saisonniers. Nous avons généralement besoin de renfort à l’automne – d’octobre à décembre, pour la plantation de plants forestiers et au printemps, de mi-février à début mai.

 

Quelle est la conjoncture forestière aujourd'hui?

 

Pierre : Nous bénéficions en ce moment d’une conjoncture favorable. Tout d’abord, la crise sanitaire et la crise du scolyte sur les épicéas ont accéléré la prise de conscience des effets du changement climatique sur nos forêts. En raison de ce parasite, des arbres vont devoir être coupés et replantés. De plus, le plan de relance prévoit pour les 3 à 5 prochaines années de produire plus de plants pour couvrir les surfaces de coupes nationales. Enfin, nous arrivons à une fin de cycle pour les arbres qui ont été plantés en masse via le Fond forestier National à la fin de la seconde guerre mondiale. Ils vont arriver à maturité et nous allons devoir les exploiter. Pour les remplacer, il va donc falloir encore une fois produire plus de plants !

 

Quelles sont tes missions?

 

Pierre : En tant que gérant d’une pépinière de taille moyenne, je participe à toutes les activités : je m’occupe aussi bien de la production en semant les graines que du suivi de culture, des aspects commerciaux : conseil, devis, prix et de l’administratif, c’est-à-dire de la gestion de l’entreprise, des assurances, des factures et des fiches de paie, avec notre comptable.

 

Qui sont vos clients?

 

Pierre : Nos clients sont les marchés publics, l’ONF, les communes, les marchés privés, les coopératives, les experts forestiers, les reboiseurs, les particuliers qui gèrent des forêts.

Ce qui me plait dans ce métier, c’est de faire pousser des plantes.

Qu'est-ce qui te plaît dans ce métier?

 

Pierre : Ce qui me plait dans ce métier, c’est de faire pousser des plantes. J’ai un métier très varié, même si chaque année, en mai, on fait des semis. Dans ce métier on se remet toujours en cause. J’aime comprendre ce qui va faire que d’une année sur l’autre, mes cultures vont plus ou moins bien réussir. L’objectif est de toujours s’améliorer. A titre personnel, j’aime ce challenge de reprendre une entreprise familiale de 1886 et j’ai bien l’intention de la faire perdurer et évoluer, en trouvant de nouveaux débouchés, en l’équipant de nouvelles machines. Tout évolue. Rien n’est figé !

Aujourd’hui les arbres ont un vrai statut d’être vivant dans la société. On parle de l’intelligence des arbres, de l’activité végétale. Quand on coupe des arbres, on stocke du carbone. Pour contre balancer le réchauffement climatique, il faudra planter des arbres. Dans les vingt prochaines années, nos forêts vont évoluer.

 

Pourquoi es-tu resté dans la région?

 

Pierre :  J’ai adoré faire mes études à Chambéry, puis à Annecy. C’est un très beau cadre. Après, ce projet de reprendre cette pépinière est un projet qui m’a suivi toute ma vie. Je suis attaché à mon village natal, à mes animaux aussi. J’ai voyagé dans ma jeunesse et je suis content d’être allé au bout de ce projet.

 

Pourquoi avoir choisi le Lycée Costa de Beauregard et cette formation?

 

Pierre : C’est en cherchant un BTS Production Horticole, avec des cours pleins que j’ai découvert le lycée du Bocage. Je suis venu pour les Journées Portes-Ouvertes et cela m’a plu ! J’étais content de pouvoir rester sur la région pour poursuivre mes études forestières.

 

Que t'a apporté le lycée?

 

Pierre : Le lycée m’a apporté une formation complète. Je suis arrivé à l’époque où l’horticulture a regroupé les 4 domaines. Cela m’a offert un large champ de vision, grâce aux visites, à mes stages qui m’ont apporté un complément de connaissance. J’ai appris à calculer les engrais, découvert les substrats…

Ici, on se connait comme une seule et même famille

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Pierre :  Le lycée m’a plu avec sa taille humaine… Bac Pro, BTS, on se connait comme une seule et même famille, les sorties en lien avec la formation, le voyage au Maroc pour voir la production de melon et mandarine, les cultures de tomates et de fleurs en Suisse… C’est au contact des professionnels que l’on se conforte dans ce que l’on veut faire ou pas. Après Chambéry, c’est un cadre géographique, la proximité des montagnes, la vue sur la Croix du Nivolet, des gens sympas. Ces années ont aussi été celles de mon premier appartement !

 

Où as-tu fait tes stages?

 

Pierre : J’ai fait un de mes stages en Irlande, chez Coillte Nursery, une énorme pépinière de 200 hectares, subventionnée par l’Europe. J’y ai découvert plein de nouvelles espèces et d’autres techniques de production. Pour mon second stage, j’ai rejoint Berger Végétaux, un pépiniériste d’ornement basé à Savigneux, membre de la Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP), avec qui je travaille aujourd’hui occasionnellement, comme nous sommes complémentaires, lui dans les arbres fruitiers, moi en plants forestiers.

C'est souvent en se posant des questions que l'on peut avancer dans le bon sens!

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Pierre : S’ils le peuvent, je leur conseillerai de choisir leur métier avant de s’orienter vers une formation et de bien entretenir leur réseau de contacts. C’est primordial ! Enfin, ne pas hésiter à se remettre en question, j’ai remarqué que c’est souvent en s’interrogeant que l’on peut avancer dans le bon sens.

 

Quelle est ta plante préférée?

 

Pierre : Mon arbre préféré est le Ginko Biloba pour sa force, sa résistance et ses vertus. C’est un arbre majestueux, le seul a avoir résisté à la bombe d’Hiroshima ! Cet arbre règne sur le monde végétal et rend l’humain bien humble. Pour la petite anecdote, nous étions allés au Parc de la Tête d’Or lors d’une visite en BTS, et les Ginko femelles nous avaient bien indisposés (NDLR : les fruits du ginko sont d’une puanteur incroyable !)

 

Merci Pierre pour ton temps! Nous te souhaitons donc bon courage pour le plan de relance

et ne manquerons pas de t'envoyer des jeunes passionnés, comme tu l'étais, pour venir te prêter main forte!

 

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