On a la chance de suivre une formation qui ouvre plein de possibles!

Rencontre avec François-Xavier Jacques, ancien élève en BTS Production Horticole au Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Jeudi 06 oct 2022

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Bonjour François-Xavier,

 

Nous avons profité de la visite des élèves en BTS 1 pour reprendre contact avec toi !

Merci de t’être rendu si vite disponible.

A 21 ans, je décide de travailler avec du vivant.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

 

François-Xavier : Je suis parisien d’origine, né dans le 93. J’ai grandi dans le 10e arrondissement à Paris. J’ai passé un Bac STG (Sciences et Technologies de la Gestion), sans grande passion. Je suis rentré à la fac, puis j’ai voulu suivre des cours en science de l’éducation et ce n’était pas pour moi. J’ai fini par travailler dans un Relais, à la Gare de l’Est et un jour, je me suis dit qu’il fallait que je trouve mon orientation.

C’est au cours d’une discussion, en Haute Saône avec des amis paysagiste et que je me prends à rêver de faire pousser des fleurs à la campagne… A 21 ans, je décide de travailler avec du vivant. J’avais le choix entre deux établissements, l’un à Colmar, l’autre à Chambéry. Mon plus grand cousin habite à Saint-Thibaud-de-Couz, je lui ai demandé si je pouvais venir habiter chez lui pendant deux ans, pour passer mon BTS et c’est comme ça que tout a commencé et ce n’était pas gagné ! En 2007, ma compagne (NDLR : rencontrée sur les bancs du Bocage et qui aura aussi le droit à son portrait!) et moi-même étions déjà bien engagés et « rebelles » par rapport aux apprentissages sur l’horticulture. Le programme a heureusement bien changé et dans le bon sens depuis…  Toujours est-il qu’avec ma compagne, qui a eu son BTS et moi non, nous sommes partis travailler chez un semencier dans le Berry, de Ruiter Seeds, racheté par Monsanto (sic...) depuis. Le chef de culture nous a rapidement pris sous son aile, heureux d’avoir une main d’oeuvre qualifiée et intéressée. Nous avons donc été amenés à nous perfectionner sur des aspects très techniques les samedis. Par la suite, nous avons travaillé deux ans dans les vignes, dans les Côtes du Rhône, chez François Villard, mais là encore, il y avait trop de pesticides. Nous rêvions de produire Bio. C’est ainsi que je suis parti à Die, suivre un BPREA de 9 mois, cela manquait de stage à mon goût, mais venait consolider mon projet. On retourne vivre sur Grenoble, où j’ai été facteur, en parallèle de me lancer à La Tronche dans un projet de maraîchage et de floriculture en qualité de salarié. En 2011, on quitte tout pour partir en Australie, avec un visa vacances/ travaille d’1 an. En 3 semaines, on trouve notre premier job agricole. Nous commençons par récolter les poires, puis les pommes, les nashees, dans différentes exploitations ou en woofing, dans des fermes d’élevages et de maraîchages, avant de tomber sur une annonce coup de cœur ! Un couple qui exerce dans la fleur coupée avait besoin de mains d’œuvre pour les épauler. Le courant passe bien et de fil en aiguille, le patron nous propose d’ouvrir un nouveau marché de fleurs, à Canberra. Ni une ni deux on part sous 40°, avec notre Volkswagen rempli de fleurs pour la capitale. A notre grande surprise cela marche ! C'est Noël, le camion est vide et notre chiffre d’affaire est incroyable, ce qui nous vaudra un joyeux réveillon ! Après quelques mois de voyage en Nouvelle Zélande, Thaïlande et Cambodge, on rentre au printemps 2012, travailler et se former, dans la formidable « école » des Jardins du Temple, où sont passés les fondateurs de l’ADABIO et l’Atelier Paysan. Dans la foulée, je me forme à l’apiculture sur la Côte Saint-André, et découvre avec la même passion que le végétal, le monde des abeilles. En 2014, notre bonne étoile permet à Erika de se lancer dans son projet de ferme de plantes médicinales et aromatiques, que j’accompagne. On « hérite » d’une maison et d’un terrain grâce à un couple investi dans la Confédération Paysanne qui tenait a ce que leur maison revienne à de futurs exploitants agricoles. En 2015, je rejoins les Jardins de Cocagne, à Moirans, dans un poste d’encadrement. Nous sommes 3 autour de 20 salariés en insertion pour travailler 5 hectares de terre et produire 300 paniers par semaine. Je trouve que l’agriculture est un formidable outil et un bon tremplin, pour accompagner ces salariés cabossés. Je me passionne pour la cause et de voir combien le cycle de la plante s’apparente au cycle de ces personnes en reconstruction, qui nous arrivent « chenille » et repartent « papillon ». Au bout de 3 ans, je suis « usé » et reprends mon projet d’installation. En 2019, je projette d’abord une installation avec un ami que j’aide 6 mois, mais malheureusement on renonce à une association. Je décide alors d’aller rencontrer les maraîchers alentours, dans le but de trouver un travail saisonnier, et je rencontre les "Alexandre", à Domessin, qui décident de m’associer dès le début, à l’évolution de leur ferme, même si je commence par deux ans de stage à leurs côtés.

L’agriculture est un formidable outil pour accompagner les salariés cabossés.

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

François-Xavier : Je suis devenu et reste maraîcher à Domessin, au GAEC À Travers Champs, que les BTS 1 ont visité. Nous sommes 3 associés. Il y a tout d’abord Alexandre Gay-Crosier qui s’est installé là en 2012, rejoint par Alexandre Legros en 2018 et moi-même en 2019. Notre ferme maraîchère couvre 3 hectares et demi et 3500m2 de serre, en agriculture biologique. Nous livrons une petite AMAP de 20 paniers, organisons un marché paysan le jeudi, à la ferme et vendons le reste de notre production à deux Satoriz et deux Biocoop du coin.

Nous avons très vite trouvé l’équilibre nécessaire dans ce pilotage à 3. Je prépare les commandes, m’occupe de la gestion de stocks, de l’assolement, en cohérence avec les 2 années de culture passées, des récoltes, du dispatche et des livraisons. Je fais aussi le travail de tractoriste, le binage et la commercialisation.
Dans notre organisation, nous travaillons un week-end sur trois. Nous avons chacun 1 semaine de vacances en été et 3 en hiver et en prime, on entre dans une période où nous ne travaillons que 4 jours par semaine. Le chiffre d’affaire croit, les investissements aussi ! C’est bon signe !

 

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J’ai une grande fierté à travailler avec les plantes, à les voir grandir et à voir mes réussites.

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?

 

François-Xavier : Ce qui me plait dans ce métier, c’est la compétition ! Ce qui me fait avancer, c’est de ne pas savoir ce qui m’attend demain, mais de toujours aller de l’avant. Quoiqu’il arrive, je sais que j’aurai toujours donné le meilleur de moi-même et fait tout ce qui était en mon pouvoir. Dans ce métier, il faut constamment s’adapter, être réactif. J’ai une grande fierté à travailler avec les plantes, à les voir grandir et à voir mes réussites. J’aime aussi voir nos consommateurs contents bien entendu.

 

Comment as-tu connu ce lycée ?

 

François-Xavier : J’ai choisi le lycée en raison de la présence, à proximité de mon grand cousin qui est un peu une figure paternelle pour moi, le plus petit de tous.

 

Où as-tu fait tes stages ?

 

François-Xavier : J’ai réalisé mon stage à Meudon-la-Forêt dans le 92, dans une pépinière-jardin de 1000m2 où Patrick Nicolas cultive plus de mille espèces et variétés différentes, en biodynamie. C’était passionnant et j’en garde un très bon souvenir !

 

Qu'est-ce qui t’a plu au Lycée?

 

François-Xavier :  J’ai aimé le fait que nous ayons une exploitation sur le site, même si je regrette de ne pas avoir eu assez de stages et pratiques pour en profiter. Nous avions aussi une bonne relation avec les encadrants qui perdure encore aujourd’hui. On en revoit même qui reviennent admiratifs :).

Je n’aimais pas l’école et travailler à l’école.

Que t’a apporté le lycée?

 

François-Xavier : J’ai appris au lycée tout ce dont je me sers aujourd’hui dans mon métier. Je n’aimais pas l’école et travailler à l’école. J’étais à l’écoute, mais les apprentissages passaient par la mise à l’épreuve, la mise en pratique !

La pratique avant tout !

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

François-Xavier :  La pratique avant tout ! Je conseille à tous les jeunes de faire ses expériences à droite, à gauche, dans l’élevage, l’arboriculture, la floriculture. Il faut se tester et gratter partout pour voir différentes choses pour connaitre ce qui nous attire le plus ! On a la chance de suivre une formation qui ouvre plein de possibles…

 

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