Dans la vie, il n’y a pas qu’un chemin pour y arriver, d’autres passerelles existent.

Rencontre avec Valentin Frumy, ancien élève en Bac Pro SAPAT au Lycée Costa de Beauregard du CNEAP, à Chambéry.

le Lundi 08 mars 2021

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Bonjour Valentin

 

Nous te remercions d'être venu nous voir pendant tes vacances! Lors de ta formation d'aide-soignant, tu étais venu témoigner en 2018.

On a hâte de connaitre ce que tu es devenu aujourd'hui.

 

Pour commencer, peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs.

 

Valentin : Je viens d’Aix les Bains. J’ai fait toute ma scolarité à Lamartine avant de rejoindre le Lycée des Charmilles, Costa de Beauregard pour l’obtention de mon BEP. Le lycée à maintenant fusionné avec le Bocages, là où j’ai passé mon BAC Pro SAPAT, en 2017. Par la suite, j’ai rejoint 10 mois de formation à l’IFAS  du GRETA à Bassens, après avoir passé le concours composé d’une épreuve écrite, que je n'ai pas eu à faire grâce au BAC pro SAPAT. J’ai donc passé uniquement l’entretien oral qui consistait à montrer sa motivation et de débattre avec le jury sur un texte donné. Aujourd’hui, il n’y a plus de concours d'entrée. L’inscription se passe uniquement par Parcoursup.

 

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Valentin : Depuis 2018, je suis aide-soignant au Centre Hospitalier Métropole Savoie (CHMS), situé à Chambéry et Aix-les-Bains. C’est le plus gros hôpital de Savoie. Il emploie environ 4800 personnels, soignants et non soignants. J’ai passé un an et demi au service vasculaire-thoracique. Depuis, je suis entré en chirurgie-urologie. Je me suis aussi porté volontaire pour travailler en soins intensifs sur la période de COVID en mars-avril puis en novembre-décembre 2020. Avant je ne connaissais pas le métier d’aide-soignant, il s’est, depuis la crise sanitaire, bien démocratisé. C’est un des rares métiers où l’on trouve très facilement des places. Beaucoup de personnes s’y reconvertissent d’ailleurs (à toute âge!).

Par ailleurs, je suis aussi pompier volontaire à Aix-les-Bains.

 

Tu ne t’arrêtes donc jamais… Quelles sont tes missions à l’hôpital ?

 

Valentin : En tant qu'aide-soignant j'accueille et installe le patient à l’hôpital. Je l’aide et le surveille dans ses besoins fondamentaux : l’hygiène, l’alimentation, l’élimination, les paramètres vitaux, et dans tous les autres besoins psychologiques et matériels. Je travaille en équipe avec les infirmiers, les médecins, les psychologues, diététiciennes, etc… Afin, de soigner au mieux les patients. Nous gérons également, en équipe, les situations d’urgence. Chaque professionnel de santé a son rôle à jouer.

Mais au-delà des gestes de soin, notre rôle est également d’être à l’écoute des patients, de recueillir leurs confidences et de leur apporter un véritable soutien moral. Nous sommes ceux qui avons le métier le plus proche du patient. 

 

Combien d’heures travailles-tu par jour ?

 

Valentin : Dans mon travail, je travaille généralement 7H30 par jour : de 6h30 à 14h30, si je suis du matin, de 13h30 à 21h si j’ai le service du soir. Il arrive aussi que je travaille 12h d’affilée, de 7h à 19h dans les services de réanimation ou d'urgence par exemple. Depuis le COVID, le plan blanc a été remis en place le 28 octobre 2020. Il consiste en une série de mesure spéciale visant à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou une activité accrue d'un hôpital pour organiser l'accueil et la prise en charge d'un afflux massif de patients. Du coup, je peux être amené à faire plus d’heures que d’habitude, en étant payé mieux sur ces heures supplémentaires.

 

As-tu eu à venir aider en renfort dans les sections COVID?

 

Valentin : J’ai travaillé 1 mois en USC (Unité de soin continue) et 2 mois en réanimation.

En général, les soignant ne bougent pas autant d’un service à un autre, mais j’en ai fait la demande et cela me plait. J’apprends beaucoup en changeant de service ! Chacun a ses spécificités et s’organise différemment. En temps de COVID, quand nous avons été dans la vague, je me suis parfois retrouvé dans des scènes post-apocalyptiques avec nos costumes de cosmonautes et nos masques ! Dans ce métier, il faut apprendre à être empathique, à comprendre le patient, sans pour autant que cela nous impacte trop. Il faut décompresser après le travail. C'est essentiel. Des psychologues sont maintenant disponibles pour aider le personnel dans ces situations.

Ici, quand on change de service, on change de métier !

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?

 

Valentin : Ce qui me plait dans ce métier, c’est de ne pas avoir de routine, c’est la polyvalence, le contact avec les patients. Et surtout le côté médical, que l’on n’a pas forcément quand on travaille dans des lieux de vie. Ici, quand on change de service, on change de métier !

La différence entre un Bac général et un Bac pro, ce sont les stages !

Pourquoi avoir choisi le Lycée Costa de Beauregard?

 

Valentin : Au début je voulais devenir infirmier. Mais j’ai découvert le métier d’aide-soignant, que j’adore. Au départ, je voulais m’orienter vers un Bac général ST2S, mais je n’avais pas le niveau requis dans certaines matières générales. J’ai donc cherché à entrer dans un établissement qui proposait le Bac Pro SAPAT (Services Aux Personnes et Aux Territoires). Cela me correspondait bien et m’ouvrait plein des portes. La différence entre un Bac général et un Bac pro, ce sont les stages ! A l’issu du Bac pro, on est prêt à travailler, après un Bac général, il faut encore se spécialiser.

 

Penses-tu passer le concours d'infirmier?

 

Valentin : Pour le moment, je ne sais pas. Il y a des avantages et des inconvenant dans les deux métiers. L’un est plus près du patient, et à l’écoute, moins dans les papiers, et tout aussi indispensable que l’autre. Le rôle d'infirmier est plus technique. C'est lui qui suit les traitements, les prises de sang. Il a plus de responsabilités. Devenir pompier professionnel ou manipulateur radio sont aussi des postes possibles et intéressants si je veux évoluer.

Mes stages m’ont permis de savoir ce que je ne voulais pas faire.

Où as-tu fait tes stages?

 

Valentin : Mes stages m’ont permis de savoir ce que je ne voulais pas faire ! J’ai travaillé comme agent polyvalent à la résidence l’Orée du Bois, à Aix-les-Bains, qui accueille des personnes âgées autonomes souhaitant vivre indépendantes, dans leurs appartements, tout en bénéficiant d’une vie collective. Je m’occupais des repas, du ménage, du courrier… J’ai été à l’EHPAD des Charmilles, je suivais les aides-soignants mais j’ai trouvé le métier trop routinier. J’ai travaillé avec de jeunes enfants avec les auxiliaire de puériculture dans la crèche du personnel soignant de l’hôpital de Chambéry, Les Eterlous et au centre multi-accueil de L’Ile aux Enfants, à Aix. J’avais trop d’enfants pour bien m’en occuper ! J’ai bien aimé en revanche mon stage en grande-section où je secondais la maîtresse à la maternelle de Lamartine.

 

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Valentin : J’ai bien aimé la taille humaine et familiale du lycée. On a un contact privilégié avec les professeurs. Ils sont attentifs aux besoins et aux orientations de chacun. On a l’impression d’être tenu par la main. C’est bien quand on a des difficultés et qu’on ne sait pas où on va. Mes cours préférés étaient déjà ceux de santé ! Ils m’ont d’ailleurs beaucoup servi, tout comme la biologie.

Ici, on apprend à travailler, c’est concret.

Que t'a apporté le lycée?

 

Valentin : Le lycée m’a apporté une bonne expérience professionnelle grâce aux stages. Ici, on apprend à travailler, c’est concret. On apprend des choses pratiques aussi, comme la cuisine, la couture, le ménage, pour la vie de tous les jours.

 

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Valentin : Quand on sait ce qu’on veut faire, ne pas hésiter à prendre le temps qu’il faut pour y parvenir. Il n’y a pas forcément qu’un chemin pour y arriver, d’autres passerelles existent. Quand on n'a pas encore choisi son orientation, il faut se poser les bonnes questions sur ce que l’on a besoin dans la vie, ce qui nous rend heureux, l’objectif final… Pour ceux qui aimeraient s’engager dans la même voie que moi, je les encourage à prendre soin d’eux. Au cours de mes expériences, j’apprends à garder une distance entre mon patient, ses maux et moi pour me préserver. Il faut bien "se soigner", pour être en forme et disposé pour aider les autres.

 

As-tu déjà été ému au cours d’une de tes expériences?

 

Valentin : Parfois, les patients nous donnent un petit mot de remerciement personnel et nominatif à la fin de leur séjour... C'est très touchant!

D'autres patients nous remercient avec leurs yeux. Ce métier nous apprend beaucoup sur nous et sur les Hommes.

Ce métier nous apprend aussi beaucoup à relativiser…

 

Un grand merci Valentin pour ce témoignage. Tu peux être fier de ton beau parcours!