Juste à côté de la maison de retraite Saint-Benoit, en fond de cour, les élèves de 4e et leur enseignante découvrent le lieu d'accueil du centre social AQCV, pour les adolescents et les familles du quartier où nous avons rendez-vous avec Raoul. Aujourd'hui, il va nous présenter son métier d'animateur.
Raoul a rejoint la structure il y a 4 mois. Il s'occupe, avec deux autres animateurs, du programme des jeunes et des familles. Pour nous expliquer concrètement les contours de son poste, il a retracé les étapes de la construction du programme de cet été, élaboré à son arrivée.
La première étape est une phase de réflexion pour répondre aux besoins : qu'attendent les jeunes de la tranche d'âge 10-15 ans? Qu'aiment-ils? Comment les attirer? Une des premières réponses de l'équipe portait sur le besoin d'évasion et de nature des adolescents qui ont bien souffert de ces deux années "blanches" en terme d'activités extérieures. L'idée du centre est aussi de ne pas tomber dans les plaisirs futiles que peuvent être des activités de consommation pures comme les parcs d'attraction, les laser games... mais de trouver des activités qui permettent aux jeunes de ressortir grandi et de vivre des valeurs citoyennes importantes aux yeux des éducateurs tels que le respect de la différence, l'autonomie...
La deuxième étape consiste à communiquer sur le programme décidé. Pour cela, le centre a pour habitude d'organiser des distributions aux abords des collèges voisins, d'utiliser les canaux des jeunes et de leurs parents, les réseaux sociaux et de compter sur le "bouche à oreille", notamment lorsqu'ils mènent leurs animations de rue gratuites et ouvertes à tous.
Quand les familles ou les jeunes souhaitent se renseigner ou s'inscrire, ils prennent contact avec Estelle, à l'accueil.
Vient finalement la dernière étape - qui selon Mattéo devrait plus justement venir après la construction du programme - celle du recrutement des équipes d'animations. Pour cela Raoul a des quotas. Il n'a pas le choix que d'avoir dans son équipe d'encadrement, 50% d'animateurs diplômés (du BAFA - Brevet d'Aptitude aux Fonctions d'Animateur), 30% de stagiaires et 20% d'auto-didactes ou de personnes motivées, mais non diplômées. Il nous rappelle que l'on peut devenir animateur à partir de 16 ans et qu'il y a de multiples moyens de financer son BAFA. D'ailleurs, au sein de la structure, le spécialiste du montage financier des possibles, c'est Benoit!
Le jour J, cette année, mercredi 7 juillet, il doit s'assurer que ses équipes seront complètes. Pour les jeunes enfants, il faut un encadrant pour 3 jeunes, de 6 à 9 ans, un animateur peut encadrer 8 enfants, de 10 à 15 ans, un animateur encadre 12 jeunes.
La suite de la visite se passe au 2e étage. Entre temps, Irma, chargée d'accompagnement des projets habitants et bénévoles et de la communication, nous a rejoint. Elle nous explique que par le passé, le bâtiment de l'AQCV était un hôpital avant d'accueillir un collège et nous accompagne vers le bureau des animateurs, équipés d'ordinateurs, de liasses de dossiers, de jeux plein les armoires et d'un code de bienséance envers un certain José qui n'est autre qu'un avocatier !
Mattéo, parmi les jeunes, est souvent parti en colonie de vacances et a beaucoup d'idées sur les actions menées dans ce bureau. Le métier d'animateur n'a presque plus de secret pour lui! Pour Raoul, quelques qualités sont essentielles pour animer des groupes de jeunes: avoir de la patience, aimer leur contact et jouer avec eux, être adaptable et organisé à la fois!
La salle voisine sert à la fois de lieu de projections, de discussions, d'activités sportives ou artistiques. Estelle nous montre quelques créations réalisées par les jeunes du centre avec de la récupération : prenez un pneu, des bretelles de maillots et de soutien gorge au rebus et faites des sièges :)!
Pour terminer notre tour, nous avons la chance de rencontrer la directrice du centre, Anne-Sophie. Raoul nous a bien expliqué toutes les activités qui étaient proposées, tout au long de l'année aux jeunes. Anne-Sophie complète l'exposé en nous présentant le centre dans son ensemble. L'AQCV est un acteur de la vie de quartier du centre ville de Chambéry, ouvert à tous (même à ceux qui ne sont pas du quartier ou de Chambéry), et en particulier pour les jeunes et les seniors ou toute personne en situation de précarité ou d'injustice. Le centre social accompagne les habitants dans leurs projets et leurs pratiques citoyennes grâce à des activités créatives ou gustatives intergénérationnelles, des ateliers numériques, des sorties randonnées, des chantiers-citoyens, des temps de rencontres et d'expressions libres comme le Café du Laurier ou 1,2,3 Parents ou Soleil, du soutien aux familles et aux jeunes grâce au Point Relais CAF et aux Bourses Jeunes, des animations de rue, des ciné-débats... Elle nous explique aussi le rôle du centre face "au droit au répit" et comment le personnel accompagne des familles jamais parties en vacances. Dans le rapport de La Gazette, l'édito reprend l'inquiétude croissante du centre, devant le nombre de situations sociales préoccupantes, liées à la précarité, à l'isolement, à l'accès à l'éducation et au numérique... Anne-Sophie rappelle que la vocation première du centre, c'est l'accueil. Si elle se lève tous les matins, c'est d'une certaine façon pour lutter contre l'exclusion sociale et toutes les formes de discriminations et d'injustices qui existent. Pour travailler ici, il faut être ouvert et conscient que l'on apprend tous les jours, les uns des autres.
Mattéo conclut que leur métier se rapproche de celui d'éducateur, mais à destination du monde entier.
Cet après-midi, les 4e auront un cours de yoga. Certains n'en ont jamais fait et ont peur. Raoul les rassure en les invitant à rester ouvert et à tester les choses pour découvrir ce qui leur fait du bien, une belle leçon de vie!
Nous remercions chalheureusement nos hôtes : Raoul, Irma et Anne-Sophie pour le temps qu'ils nous ont consacré et toutes les réponses qu'ils ont apporté aux questions de nos jeunes.