Jeudi 14 janvier, les élèves de 4e sont allés à la rencontre de Thomas à Planaise.
Thomas est fils d’agriculteurs. Ses parents élevaient des vaches dans le Nord. Thomas nous raconte qu’après avoir étudié en IUT, il a expérimenté différents métiers, notamment celui de graphiste ou salarié dans la vigne. En 2015, il veut devenir maraicher et suit une formation de deux ans, leBPREA, que l'on peut effectuer à CFPPA de Reinach (Motte-Servolex) BPREA à Reinach. Au cours de cette formation, il va effectuer la moitié de son temps en stages, en Fermes, qui vont le conforter dans son projet d’installation. En 2017, il créé la Ferme de Carmintran, pour produire des légumes en maraichage et des céréales en agriculture biologique. Ses études lui ont donné les clés pour gérer d’une exploitation agricole et connaitre les subventions auxquels il pouvait prétendre pour se mettre à son compte.
Aujourd’hui, le sol est enneigé. On ne se rend donc pas bien compte de la taille de son exploitation qu’il gère seul. Il nous indique qu’il produit 6000m2 de légumes de saisons et sous serres, des tomates, aubergines et quelques légumes exotiques, comme le gombo ou lalo, au bon goût de haricot. Pour compléter sa production et permettre de faire des rotations fréquentes sur ses sols, 6 hectares sont cultivés en céréales : 3 en blé, 1 en sarrasin, 6000m2 avec des pois chiches et le reste lui sert pour faire pousser des pommes de terre et des courges.
Un des jeunes du groupe, Matéo, lui demande avec un sourire en coin : "quand un chou prend le chou à un autre chou, comment réagit-il ? ". Thomas répond en souriant : "je prends ma chaise et fais de la médiation." On ne manque pas d'humour en 4ème!
Ce qu’il aime dans son métier, c’est qu’aucune journée ne se ressemble, il ne fera jamais la même chose de ses journées. Pour lui, plus le travail est diversifié, plus il est intéressant ! A la ferme, il est tout à la fois : maraicher, céréalier, menuisier – car il réhabilite sa grange, vendeur à ses heures, dans son magasin le mercredi soir, le samedi matin et le lundi soir à Chambéry où il vend des paniers, graphiste et webmaster de son propre site Internet, qui lui permet aussi de vendre en ligne sa production et comptable puisqu’il pilote seul les cordons de sa petite entreprise.
Malgré ses multiples casquettes, Thomas parvient à s’octroyer des week-end et à se libérer 4 semaines de vacances, même s’il reconnait que l’activité est intense d’avril à fin octobre et qu’il demande, de temps en temps, l’aide de ses parents, de ses amis agriculteurs – maraichers comme lui, Gilbert Perrin ou Petite Nature à Bissy ou viticulteurs – en échange d’heures, ou appelle des saisonniers.
Depuis ses débuts, Thomas voulait s’installer en agriculture biologique. Engagé pour sa terre, il a créé des zones de refuges pour les oiseaux, les mammifères et les insectes en gardant des bandes enherbées. Pour limiter son impact avec les emballages plastiques, ici, tout est en papier, en toile de jute ou en tissus. Dans les champs, pour couvrir la terre l’hiver, il paille… Ce qu’il aime dans ce métier, c’est de pouvoir disposer de son temps et de profiter de travailler au grand air. Il aime aussi sa liberté d’action et les expérimentations dont le Gombo ou le navroute font partie. Aujourd’hui, il fait sa farine à partir de ses céréales et demain, peut-être pourra-t-il se lancer dans le pain ! Voilà presque 4 ans qu’il est installé, aussi, tout commence à être huilé comme sur du papier à musique et il ne voit plus trop les inconvénients liés à son métier.
Après une longue réflexion, il finit par trouver que, comme tout entrepreneur, il déconnecte rarement de son travail. A peine la journée terminée qu’il anticipe déjà les chantiers du lendemain. Pour quelqu’un de stressé, la dépendance climatique peut aussi être un point noir du métier. Mais là encore, il relativise ce point, en expliquant aux jeunes, que même si une récolte connait une avarie, travailler sur des cycles courts de productions variées, lui permet de ne pas mettre en péril la totalité de son chiffre d’affaire. Aujourd’hui, sa petite entreprise tourne bien. Elle nourrit une centaine de familles.
Après avoir répondu à toutes nos questions, il nous montre ses étals et le fonctionnement de son moulin à farine, installé dans son magasin, qui peut transformer 200kg de farine par jour. Dehors, sous le hangar, il nous présente « Farmacube », son tracteur léger qui lui permet de désherber. Vieux de 1965, il est l’un des premiers tracteurs à avoir permis de relancer l’agriculture en France, après la guerre et son tracteur qui l’aide à semer et à faire des travails plus profonds dans le sol.
Il est déjà l’heure de repartir… Il nous tarde de voir le printemps pour venir aider Thomas aux champs !