Enfant, je rêvais d’être « docteur des fleurs »

Rencontre avec Gaétan Covarel, ancien élève en BTS au Lycée Costa de Beauregard du CNEAP, à Chambéry.

le Mardi 02 mars 2021

Gaetan Covarel 1 Gaetan Covarel 1    Vue aerienne   Pepinieres TRAVERS (10) Vue aerienne Pepinieres TRAVERS (10)  

 

Bonjour Gaétan,

 

J'ai entendu parlé de toi cet hiver, quand nous avons tenu notre marché pour les Enfants de Bobo Dialousso...

Peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs ?

 

Gaétan : Je m’appelle Gaëtan et c'est en effet moi qui suis à l'origine de cette association qui poursuit sa mission depuis au Lycée.

Après ma 3e, j’ai passé 6 ans de ma vie au Bocage ! J'ai fait un BEP et un Bac Pro en Production Florale et Légumière en 2 ans chacun, puis un BTS Production Horticole. A ce stade, je me serai bien arrêté si je n’avais pas été poussé par mon enseignante Michèle de Saint-Phalle et mes tuteurs de stage, à continuer. C’est ainsi que j’ai quitté "la maison" du Bocage pour entrer dans la cours des très grands à l’INH l’école Française d’ingénieur de l’horticulture et du paysage  située à Angers. J’ai été impressionné par les immenses amphithéâtres remplis, avec des centaines d'étudiants. Le professeur donnait son cours magistral et partait, sans avoir échangé avec le moindre élève. Heureusement, j’avais choisi pour ces 4 années la voie de l’apprentissage, ce qui m’a permis de continuer à cultiver mon amour des plantes, par-delà les cours de maths et de physique que j’avais à l’école. Cette alternance en entreprise m’a permis de tenir. C’était vraiment difficile, mais aujourd’hui, je ne regrette pas car je n’aurai jamais eu mon poste, sans ces études !

 

Et quel est ce poste ?

 

Gaétan : Aujourd’hui je travaille comme responsable de production, aux Pépinières Travers, près d’Orléans. Cette entreprise de 150 ans cultive sur 50 hectares des plantes grimpantes, comme la glycine, le chèvrefeuille, la vigne, le kiwi et des petits fruits. Elle s’est fait connaitre pour la culture de clématites et en possède 400 variétés. Notre entreprise est multicanale. La plus grande partie des ventes passe par la grande distribution alimentaire, les enseignes de bricolage et les jardineries. Depuis la COVID, nos ventes en ligne ont explosées auprès des particuliers. Une partie de notre production est vendue à l’export aux quatre coins du monde. A mon niveau, je gère 8 responsables de productions et 40 personnes (fixes et aussi des saisonniers). Heureusement, j’ai aussi une assistante pour m’aider dans la gestion des stocks de plantes et de fournitures.

 

Quelles sont tes missions?

 

Gaétan : Aucune journée ne se ressemble et si 80% de notre chiffre d’affaire se fait de février à mai, en production, il n’y a pas vraiment de pic de saison. Enfin si, un peu, ces mois-ci, c'est intense : on commence la multiplication et les rempotages. En été, nous devons nous occuper de tuteurer nos plantes et de les arroser. En hiver, il faut les rentrer pour les protéger et les préparer pour les commandes.

 

Mes 4 principales missions sont :

  • gestion du planning de production : multiplication, rempotage, phytosanitaires, maintenance…
  • administrative : coût de production et de revient, suivi des charges, gestion des labels de l’entreprise, réponse aux appels d’offres…
  • recherche et développement : relation avec les commerciaux pour connaitre les demandes de nos clients, connaissance du marché et prospective sur les nouvelles méthodes de production grâce aux salons et au réseau professionnel, démarche d’amélioration continue, création variétale…
  • management : c’est la plus grosse partie de mon temps. Cette partie, pour nos profils, nous l’apprenons surtout sur le terrain.

 

Mon travail consiste à trouver des solutions techniques

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?

 

Gaétan : Ici, nous travaillons dans une usine à plantes. On ne fait pas d’artisanal… Les plantes doivent toutes avoir la même qualité. Je dois être rationnel et organisé. Je passe mes journées à résoudre des problèmes et j’aime cela ! Mon travail consiste à trouver des solutions techniques, à analyser pour comprendre ce qui se passe. Mes collègues m’appellent souvent « apporteur de solutions ». Après, si le management n’était pas ma tasse de thé au début, je dois reconnaitre que la gestion du personnel me plait maintenant. J’ai beaucoup de plaisir à fédérer le groupe et mon mode de management est de plus en plus participatif. Après tout, je ne suis pas toujours sur le terrain ! En fait, ce sont eux qui ont les solutions. Mon rôle est de consulter mon équipe et de trouver, avec eux, le bon consensus.

 

N'est-ce pas contradictoire avec ton amour des plantes que de devoir travailler dans un bureau?

 

Gaétan : C’est vrai que j’aime avoir les mains dans le terreau ! Heureusement dans ma recherche de création variétale, je fais mes essais et les croisements. Cela me permet de garder un contact avec les plantes.

 

Comment as-tu connu le lycée Costa de Beauregard?

 

Gaétan : En 3e, je savais déjà que je voulais faire ce métier. Habitant Saint-Jean-de-Maurienne, mes parents connaissaient le lycée du Bocage de Chambéry. C’est d’ailleurs là que j’ai fait mon premier stage, dans les serres du Bocage, avec Eric.

 

Vers quelle spécialisation t'es-tu orienté?

 

Gaétan : Enfant, je rêvais d’être « docteur des fleurs », j’étais passionné par le jardinage et les plantes ! Tout naturellement, je me suis dirigé vers l’horticulture.

 

Où as-tu fait tes stages?

 

Gaétan : Mes principaux stages je les ai fait chez Bernard à Saint Baldoph, un horticulteur familial, en Italie chez Di Giorgio à San Rémo, en création variétale et chez Bury, une entreprise d’Alsace qui possède des serres à Fréjus, spécialiste du Tropidenia, marque commerciale de Dipladenia Sandéri.

 

J’ai adoré mes années au lycée !

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Gaétan : J’adorai être dans les serres avec Monsieur Berger, j’ai participé à créer et je me suis impliqué dans l’association des Enfants de Bobo Dialousso. J’ai même eu l’occasion par deux fois de partir en voyage là-bas, au Burkina Faso. J’ai aimé vivre au Bocage car nous avions la possibilité d’y faire plein de choses : des activités à l’internat aux travaux en groupe classe sur des projets. Je garde en mémoire que nous avions des projets tout le temps et une grande liberté d’action.

Ici, tout est « possible ». Par exemple, je trouvais le gymnase nu, nous avons demandé à faire des toiles pour le décorer – cela a été accepté. Un professeur de peinture est venu pour nous aider à concevoir ce projet ! (NDLR : les toiles sont toujours là !). Tous ces projets nous ont appris plein de choses, à nous débrouiller, à devenir autonome, à trouver des fonds pour réaliser NOS projets !

Ce qui m’a plu aussi, c’est l’accompagnement des professeurs. C’est un peu comme si nous avions des cours particuliers en permanence. Nous étions vraiment accompagnés et suivis, mais je m’en suis rendu compte seulement en intégrant mon école d’ingénieur…

 

Que t'a apporté le lycée?

 

Gaétan : L’autonomie ! Le lycée m’a aussi permis d’entretenir ma passion pour les plantes. Les cours techniques m’ont encouragé dans cette voie.

 

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Gaétan :  Il faut être passionné et aller jusqu’au bout. Ne pas être là par dépit car ces métiers sont des métiers passions. Il faut être curieux, savoir entretenir un réseau, la filière horticole est un petit milieu. Je leur conseille aussi de faire des stages et s’ils en ont la possibilité, de prendre la voie de l’apprentissage.

 

Allez notre joker pour finir... Pourrais-tu nous dire quelle est ta plante préférée?

 

Cultures Clematites Pepinieres TRAVERS (11) Cultures Clematites Pepinieres TRAVERS (11)  

 

Gaétan : Ce serait un peu trop facile de dire la clématite, je suis tellement dedans… Mais je n’ai pas vraiment de plante préférée.

 

 

 

Un grand merci Gaétan pour ta disponibilité. Je te laisse à tes semis...

Belle saison à vous!

 

Cultures Grimpantes Pepinieres TRAVERS (11) Cultures Grimpantes Pepinieres TRAVERS (11)