Il faut reconsidérer ce qu’est un « paysan » car c’est un joli métier.

Rencontre avec Tristan Toé, ancien élève en CAP et Bac Pro Horticole au Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Jeudi 15 sept 2022

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Bonjour Tristan, nous sommes ravis d’avoir retrouvé ta piste sur le conseil d’Olivier Dray !

Tu fais la « Une » de beaucoup de magazine ces derniers temps en Autriche, malheureusement, on ne parle pas bien allemand ici…  C’est l’occasion de partager ton parcours, en français !

 

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

 

Tristan : Je suis Tristan, 40 ans, originaire de la Chine, de la France, du Mali et du Burkina Faso où j’ai grandi. Né à Lyon et revenu en France après mon brevet pour suivre mes études, j’ai passé quatre ans au Lycée du Bocage, en CAP Pépinière et Bac Pro, avant de suivre un BTS en Amélioration des plantes et technologie de semences au Lycée agricole Le Valentin près de Valence, pour monter mon entreprise. Mon objectif est de me rendre utile avec mes connaissances. Je vis aujourd’hui en Autriche, suite à l’un de mes stages, où j’ai fondé ma famille et établi mon entreprise, Biosain.  

 

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Tristan : Je suis paysan ou agriculteur… celui qui cultive le paysage… (à ne pas confondre avec exploitant agricole !) car depuis 8 ans, je produis sur ½ hectare de sol vivant, en bio, des légumes en Basse Autriche, que je vends en panier, sur le modèle des AMAP en France, et sur les marchés. Ma terre est devenue au bout de huit ans, si riche que je cherche à présent à produire plus avec moins de surface !

Ma deuxième activité, c’est la formation. Tout au long de l’année, j’accueille des stagiaires ou des apprentis de 1 jour à 1 an. Je fais aussi du coaching pour donner des conseils à d’autres personnes qui voudraient se lancer et créer leur propre ferme maraichère. J’ai aussi des projets en cours en Afrique de l’ouest. Je forme par exemples des professeurs pour une école Don Bosco au Ghana et j’ai un projet similaire avec le Mali et le Burkina, pour créer à terme, une école ou une université agricole.

Enfin, je produis des semences pour une banque génétique de semences - Arche de Noah, pour laquelle j´ai travaillé quatre ans, et Reinsaat, une ferme et fournisseur de graines biologiques, chez qui j’avais fait un stage et travaillé pendant 7 ans, avant de réaliser mon rêve, devenir entrepreneur.

 

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?

 

Tristan : Être mon propre chef et choisir de produire selon les saisons, les goûts et les envies des clients de notre AMAP. Je leur demande ce qu’ils veulent manger et je me concentre sur la production de qualité et la diversité de mes paniers de légumes et de fruits.

L´agriculture bio est devenue une évidence, après avoir compris l’étymologie du mot : bio/ logique.

 

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Comment as-tu connu ce lycée ?

 

Tristan : A l’âge de 17 ans j'étais intéressé par les jardins ornementaux. Je me suis alors orienté vers l´horticulture. Le conseil d’orientation m’a proposé le Lycée du Bocage, un établissement Don Bosco, comme celui dans lequel était mon père. Les formations me plaisaient et je suis parti à l’internat.

 

Où as-tu fait tes stages ?

 

Tristan : Mes premiers stages, je les ai réalisés en France. Le premier aux pépinières Jean Rey à La Londe-les-Maures, reprises par le groupe varois, Végétalis, le second, aux espaces verts de Tassin, où j´ai appris différentes techniques de bouturage, arrosage etc.. Par la suite, j’ai toujours cherché à partir à l’étranger pour mes stages. C’est ainsi que je suis parti au Canada 3 à 4 mois faire de la sélection de roses ou en Autriche dans les semences anciennes. A mon sens, il faut profiter de ces périodes de stage pour vivre des expériences qui ouvrent l’esprit. Il faut outrepasser les barrières de la langue et oser partir… On découvre ailleurs d’autres techniques et apprend beaucoup de choses !

J’ai adoré la vie à l’internat.

Qu'est-ce qui t’a plu au Lycée?

 

Tristan : J’ai adoré la vie à l’internat. C’était une première pour moi et une belle occasion de me faire des amis et d’avoir une vie sociale très active. Je me souviens que nous avions monté un petit groupe de musique avec le soutien de notre professeur d’anglais de l´époque, Jean Chiodin. Nous avions aussi créé une association pour récolter des fonds en allant tailler des rosiers et entretenir des jardins chez les particuliers pour récolter des fonds pour notre voyage d´étude et acheter des nouveaux instruments de musique ! J’ai aussi eu la chance de rencontrer le ministre de l’Agriculture, comme représentant des écoles horticoles de Don Bosco. Nous étions avec monsieur Dray et notre professeur d’anglais, montés à Paris pour l’occasion.

L’objectif de l’école, c’est d’être un tremplin pour la vie

Que t’a apporté le lycée?

 

Tristan : Le lycée m’a apporté les bases de mon métier, tant les connaissances théoriques que pratiques. J’y ai aussi appris à prendre des responsabilités. J’avais été élu délégué de classe et de l’école. Je trouve que quand les étudiants font le choix du Bocage, c’est pour apprendre à devenir entrepreneur et les professeurs sont d'un excellent soutien pour cela. A mon sens, l’objectif de l’école, c’est d’être un tremplin dans la vie, avoir des fondations solides pour pouvoir construire son avenir dessus.

Il faut reconsidérer ce qu’est un « paysan » car c’est un joli métier.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Tristan : ... de venir en stage chez moi (lol) ! Oui, en Autriche ou ailleurs, de choisir des petites entreprises et de se laisser inspirer. Il faut reconsidérer ce qu’est un « paysan » car c’est un joli métier. On est tout à la fois un scientifique, dans nos choix de sélection, un paysagiste qui rend agréable et joli son environnement et un professeur, si on veut transmettre. A mon avis – l´agriculture est un des métiers les plus complets.

 

Quelle est ta plante préférée ?

 

Tristan : l’ortie et la consoude, deux plantes médicinales utiles pour l’homme et les plantes. Après tout on n’est pas si différent des plantes… chacun mange l’énergie solaire à sa façon !

 

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