Le trio infernal...
Bonjour Mickael, suite au portrait de Marcy Foliot avec qui tu as fait ton BTS, tu as accepté de témoigner de ton parcours pour le Bocage et nous t'en remercions !
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Mickael : Je m’appelle Mickael. Je viens de Saint-Paul-en-Chablais, au-dessus d’Evian. J’ai passé mon Bac pro en Comptabilité Gestion et devais poursuivre mes études dans cette voie mais au sortir de l’été, après avoir été tout le temps dehors, je me suis dit que je ne pourrais jamais travailler dans un bureau !
Mon grand-père étant agriculteur, je me suis orienté vers les filières agricoles. Le BTS Production Horticole m’intéressait comme il couvrait la formation des 4 filières : arboriculture, floriculture, maraichage et pépinière, sans m'enfermer dans un domaine trop spécifique. Par chance, en septembre 2012, il restait de la place au Bocage, je me suis donc inscrit avec l'idée de poursuivre mes études avec une licence agriculture biologique par la suite. Mais j’ai finalement préféré travailler. J’ai commencé en intérim, comme magasinier en zinguerie avant de faire une saison d’hiver à Châtel (NDLR, le fief d’Eric Micot). Au printemps, j’ai rejoint Pittet Horticulture à Sciez-sur-Léman (NDLR : devenu Les Jardins de Chavannex) et fait une saison, avant d’y travailler à l’année. J’ai aimé travailler dans cet endroit, on faisait de tout : des plantes, des fleurs coupées, des petits fruits, des plantes aromatiques et quelques légumes. Par contre, je me suis rendu compte que l’hiver, c’était un peu long et rébarbatif… On remplissait des pots pour préparer le printemps ! Cette perspective m'enchantait moins.
Où travailles-tu aujourd'hui ?
Mickael : J’ai trouvé un poste grâce au site de l’Apecita pour rejoindre une station de recherche de SYNGENTA – le leader des semences et de la protection des cultures, à Vouvry, en Suisse, à 45 minutes de chez moi. Pendant 4 ans, j’y ai travaillé de 60% à 80% de mon temps 9 mois par ans et depuis 2 ans, j’ai pris le poste de Farm Manager, chef de culture pour la station.
Ici, nous menons des tests stade 1 de fongicides, herbicides, insecticides et biostimulants, d’origines chimiques et organiques, à la fois sur les grandes cultures tels que le blé, la pomme de terre, les pommes, la vigne que sur des plants maraîchers. C’est très intéressant de voir comment lutter contre les maladies et les insectes. SYNGENTA est une entreprise mondiale et si le fonds de commerce de l’entreprise reste la chimie, les produits et les évolutions diffèrent selon les besoins et les attentes spécifiques, liés aux conditions climatiques, aux natures des sols, à l’accès à l’eau... Par exemple, on travaille sur des robots pour détecter et traiter seulement les mauvaises herbes, des nouvelles technologies pour ne traiter que le feuillage, des biostimulants pour faire agir le système immunitaire de la plante… A côté, depuis 2018, avec un ancien élève, nous avons monté notre exploitation maraîchère bio : les Jardins de Gremey à Saint-Paul-en-Chablais. Nicolas Belouis, un ancien de la promo y travaille à temps plein. De mon côté, je m’occupe de la vente en gros en magasins bio.
(NDLR: Les petites mains pour des grands coups de main, sont les bienvenues en toutes saisons !)
Quelles sont tes missions chez SYNGENTA ?
Mickael : Je suis chargé de mettre en place les cultures pour accueillir les essais. J’amende, je sème, j’entretiens et récolte. Je m’occupe de tout le cycle de production de A à Z et veille à répondre aux contraintes imposées des tests à mener.
Qu'est ce qui te plait dans ce métier ?
Mickael : La diversité des activités mais aussi les conditions de travail. Nous avons beaucoup d’engins, de nouvelles technologies en main que je n’aurai jamais pu m’offrir sur notre exploitation. Bien entendu, les résultats de nos expérimentations m’intéressent beaucoup aussi. Je ne cultive pas à des fins vivrières ici, mais pour faire avancer la recherche. Ce qui est intéressant c’est de comprendre comment et pourquoi on applique le produit.
Comment as-tu choisi le Lycée Costa de Beauregard?
Mickael : Le lycée était dans la région et ils avaient encore de la place !
Où as-tu fait tes stages ?
Mickael : J’ai fait mon stage à la ferme arboricole du May, à Vourey avec Jean-Noël Roybon (NDLR : décédé tragiquement en février 2021). Mon rapport de stage portait sur la réduction de main d’œuvre en arboriculture grâce à la Darwin. Cet outil a été créé par un pommiculteur et une technicienne arboricole du lac de Constance dans les années 90, afin d'éclaircir mécaniquement les fleurs des pommiers qui se fait habituellement à la main. Cet éclaircissage mécanique permet de limiter le nombre de boutons floraux sur les pommiers et donc de limiter le nombre de fruits présents sur l’arbre à la récolte. Grâce à la Darwin, en agissant au stade des boutons floraux, avant que la fleur ne soit complétement formée, on évite les interventions pendant la floraison qui pourraient perturber les insectes pollinisateurs et notamment les abeilles, tout en limitant une charge de travail manuel !
Que t'a apporté ces années de Lycée ?
Mickael : Ce BTS m’a apporté une connaissance dans les 4 disciplines de l’horticulture. J’ai aussi beaucoup gagné en autonomie en rejoignant le lycée. Je logeais dans un appartement au carré Curial dans la même résidence que 2 amis avec qui je suis resté bien en lien (alias Les Vergogneux : Nicolas Belouis et Kévin Bérardier - sur la photo). Au cours de ces 2 années, nous avons aussi eu la chance de faire un voyage étude en Crète et un stage en Irlande à la Robinson Farm.
Qu'est-ce qui t’a plu au Lycée ?
Mickael : Les enseignants étaient cool. J’aimais bien faire de la reconnaissance de végétaux avec Mr. Tilly (alias Clark Kent, qui nous avait fait don d’une bouteille de suze qui fut d’ailleurs consommée et appréciée avec modération), surtout l’hiver quand les plants n’avaient plus de feuille. L’ambiance était très familiale.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?
Mickael : Mon conseil serait de profiter de ces années. Après, s’ils veulent créer leur exploitation, de suivre leur rythme, de s'écouter, d'avancer petit à petit. C’est ainsi qu’avec Nicolas, on a réussi à développer une exploitation qui nous ressemble. J’avais un terrain familial et par la suite, on a pu récupérer d’autres parcelles, notamment avec l’aide de la commune. On ressent bien la pression immobilière et la solidarité paysanne est de moins en moins présente aujourd’hui !
Quelle est ta plante préférée ?
Mickael : Ma plante préférée c’est le kumquat !