Ici, on ne se sent pas jugé mais encouragé !

Rencontre avec Nicolas Pierrat, ancien élève en BTS au Lycée Costa de Beauregard du CNEAP, à Chambéry.

le Lundi 12 avr 2021

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Bonjour Nicolas

 

Cette année, tu es intervenu par deux fois au lycée, l'un pour présenter ton expérience dans une communauté Don Bosco en Equateur, lors de la journée Don Bosco, l'autre pour parler de l'Equateur, au cours d'Espagnol que suit une partie des enseignants, dans le cadre d'Erasmus +.

 

Peux-tu s'il te plait brièvement nous présenter ton parcours ?

 

Nicolas : Je viens des Vosges. J’ai une grande passion pour les montagnes et les plantes. Après un Bac S, je cherchais un métier en extérieur, lié à la technique. Je me suis donc lancé dans un BTS géomètre, mais à la fin de la première année, cela ne m’a pas plu. J’ai réfléchi sur l’importance des plantes dans notre vie. En septembre, je commençais une nouvelle aventure en intégrant le Bocage pour deux ans, en BTS Production Horticole. Par la suite, j’ai intégré l’ISTOM, une école d’ingénieur avec laquelle je suis parti plusieurs fois à l’étranger au Sénégal, en Colombie et en Equateur où j’ai rejoint une communauté Italienne Don Bosco.

 

Où travailles-tu aujourd'hui ?

 

Nicolas : Aujourd’hui je travaille l’été en France, au GAEC des Katangais, à Saint-François-Longchamp et j’ai aidé dans un projet de développement en Equateur, en espérant pouvoir y retourner.

 

Quelles sont tes missions ?

 

Nicolas : Concernant mon travail de berger en France : je réalise les traites et je gère le pâturage. La connaissance des plantes est nécessaire pour ce métier. En effet, il faut gérer l’herbe le mieux possible, c’est-à-dire couper le foin au bon moment, laisser reposer les champs avant d’y remettre les vaches, éviter le surpâturage …

 

Concernant le projet en Equateur, j’aide le projet Salinerito, une marque équatorienne qui représente des coopératives du village de montagne andin Salinas de Guaranda, situé à 3500m, dans la province de Bolívar. L’histoire de cette paroisse est la suivante : Dans les années 70, la population était extrêmement pauvre. 85% de la population était analphabète et la mortalité infantile avoisinait les 50%. Pour développer ce territoire isolé, le père Antonio Polo, prêtre salésien et éducateur d’origine italienne, va proposer de mettre en place un modèle social et économique, basé sur l’agriculture coopérative et l’exploitation des ressources locales. Chaque communauté participe aux travaux collectifs (mingas). A l’époque, aidé par un technicien suisse José Dubach, il forme les habitants à la transformation du lait d’alpage en fromage. Lors de mon voyage en 2017, le Père Antonio Polo a été décoré de l’ordre national du mérite pour avoir soutenu l’entreprenariat social des agriculteurs locaux. Aujourd’hui, les fromageries produisent différents fromages allant du parmesan à la tomme (Andino), en passant par le munster et la mozzarella, qui se vendent dans tout le pays.

 

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Tu te décris comme berger... Le berger n'est-il pas celui qui prend soin des moutons ?

 

Nicolas : En principe, le nom de berger désigne une personne chargée de guider et de prendre soin des troupeaux de moutons (latin vervecarius > berbicarius) ou par extension de bétail, on parle de berger à vaches, de bouvier, de vacher. Mais un berger peut en cacher un autre, chez moi, en Alsace-Lorraine, le nom de berger désigne plutôt un montagnard (< berg = montagne). Après chaque région a ses spécificités !

Ce qui me plait, c'est d'être au contact de la nature et du vivant!

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier ?

 

Nicolas : Ce qui me plait par-dessus tout quand je suis dans les montagnes, c’est que je suis en contact avec la nature et le vivant : les gens, les animaux, les plantes! C’est un métier passion dans lequel on apprend beaucoup. Il faut être polyvalent, le berger doit aussi bien connaître les plantes que les vaches ! En effet, il doit gérer l’alimentation du troupeau, il doit savoir apprécier la qualité de l’herbe, il gère aussi le pâturage.

 

Comment as-tu connu le lycée Costa de Beauregard ?

 

Nicolas : J’ai connu le lycée en cherchant sur Internet. En surfant sur le site, les voyages à l’étranger, les projets menés par les étudiants et bien entendu les plantes, ont fini de me convaincre. J’ai ensuite envoyé mon CV et ma lette de motivation la semaine de la rentrée et le lycée m’a accepté !

 

Vers quelle spécialisation t'es-tu orienté et pourquoi ?

 

Nicolas : J’ai toujours aimé les plantes de montagne, la forêt me plaît beaucoup aussi. De manière générale les plantes sont utiles dans tous les domaines.

On ne se sent pas jugé mais encouragé. Chaque personne est considérée.

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée ?

 

Nicolas : Je retiens la qualité et volonté d’écoute du corps enseignant. On sent qu’ils s’intéressent vraiment aux élèves. J’ai aimé leur proximité avec nous, leur disponibilité et le fait de les voir tous, passionnés par leur métier. Cela me fait penser à une citation d’un précédent numéro d’ADB (Aujourd’hui Don Bosco) qui dit que dans les Maisons Salésiennes, « l’adulte face aux jeunes n’est pas un supérieur mais un guide à la manière de Jésus le Bon Pasteur de l’Evangile ». Et c’est exactement cela au lycée, comme dans la communauté de Antonio Polo, on ne se sent pas jugé mais encouragé. Les professeurs ne nous font pas sentir qu’ils sont tous puissants par rapport à nous. Ils se positionnent comme des accompagnants et cela change tout dans la relation et dans la formation. Ils aident volontiers tous ceux qui veulent avancer. Chaque personne est considérée.

 

Que t'a apporté le lycée ?

 

Nicolas : Le Lycée m’a apporté une ouverture d’esprit, une capacité d’écoute. Le BTS est très concret et il rend utile les apprentissages.

 

Te souviens-tu où as-tu fait tes stages ?

 

Nicolas : Mon premier stage, je l’ai fait chez Arom’Antique, dans la Drôme. Il y avait une grande variété de plantes cependant, nous étions 4 stagiaires alors cela faisait beaucoup pour un seul employé et un patron qui n’était pas très disponible. Le stage n’a pas été aussi enrichissant qu'il aurait pu l'être.

Pour mon second stage, je suis parti en Angleterre, dans une pépinière fruitière et arboricole, près de Birmingham, Franck.P. Matthews. Avec une cinquantaine d’employés, ce stage correspondait beaucoup plus à mes attentes. J’y ai appris à la fois l’anglais et la pépinière!

Ce n’est pas grave de faire des erreurs. Il faut toujours rebondir!

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Nicolas : Je leur dirai que ce n’est pas grave de faire des erreurs ou d’avoir des faiblesses. Se tromper permet de réfléchir sur son avenir et de trouver sa voie. Il faut toujours rebondir et garder espoir ! On peut se réorienter dans la vie. Le tout c’est de bien se connaitre et de trouver ce qui nous passionne.

 

Quand on est passionné, comme toi, peut-on avoir une plante préférée ?

 

Nicolas : Ma plante préférée c’est la brimbelle, pour son goût (NDLR, on l'appelle la myrtille chez nous !) et le sapin (on ne vient pas des Vosges pour rien ;)).

 

 

Un grand merci Nicolas pour ton témoignage.

Nous espérons que tu retrouveras bientôt tes paturâges à 3 000 - 4 000 mètres !

 

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Crédit Photos : Nicolas Pierrat - en haut photo du volcan Chimborazo, culminant à 6 263 m d’altitude.