Le « indoor farming » est relativement nouveau, et il faut tout réapprendre !

Rencontre avec Camille Ponzio, ancienne élève en BTS Production Horticole et Paysage au Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Jeudi 14 juil 2022

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Bonjour Camille,

 

On est ravi que tu aies accepté de répondre à notre interview d'anciens depuis le temps que monsieur Lacourt nous parlait de toi !

 

Peux-tu s'il te plait te présenter en quelques mots?

 

Camille: Bonjour, je m’appelle Camille. Je suis d’origine française, mais j’ai grandi aux Etats-Unis, avec ma famille, près de New York et Washington jusqu’à la fin de ma 4e, avant de revenir vivre à Lyon. J’ai poursuivi mon cursus à la Cité Scolaire Internationale et passé un BAC ES. Passionnée par les plantes depuis toute jeune, je voulais orienter ma formation dans le vivant, malheureusement, mon cursus en économie ne m’a pas facilité la tâche. Je n’avais pas le niveau en biologie et en maths, le public m’a fermé les portes… Il me restait le privé. Après un stage de découverte au lycée Costa de Beauregard, j’ai obtenu une dérogation du ministère de l’agriculture et suivi le BTS production horticole. Suite à ces deux années, confortée dans cette voie, j’ai passé une licence pro double diplôme à l’ESA à Anger avant de suivre un master en sciences du végétal à Wageningen aux Pays Bas, et puis finir par un doctorat. Le sujet de ma thèse portait sur les signaux chimiques qui régissent les interactions entre les insectes ravageurs, les plantes et les insectes auxiliaires.

 

Le indoor farming permet de produire des fruits et légumes en milieu clos.

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Camille : Depuis 4 ans, je travaille dans le département de recherche chez PlantLab, au Pays-Bas. Il s’agit d’une jeune entreprise d’agriculture d’intérieur « Indoor Farming ». Le indoor farming permet de produire des fruits et légumes en milieu clos sous éclairage LED, et nous apportons tout ce dont la plante a besoin pour une croissance optimale (température, hygrométrie, CO2, engrais, eau…) pour vendre en gros aux centrales d’achat. Ce système consomme 95% d’eau en moins que l’horticulture traditionnelle et permet de produire au plus proches des populations, principalement dans des zones où la production locale est quasi inexistante (grandes villes, climats peu propices…). Une de nos fermes se situe aux Bahamas par exemple, qui sont très dépendants des USA pour les produits frais. Une autre à Amsterdam fait 20,000m2 et alimente la région. Le but, pour amortir les investissements colossaux de départ de ces fermes, c’est de produire le plus possible, en général 40-50 fois plus qu’en maraichage classique. On pourrait parler d’agriculture du futur, avec un nouveau challenge qu’est l’énergie !

 

PlantLab Amsterdam PlantLab Amsterdam    PlantLab tomatoes PlantLab tomatoes  

 

Quelles sont tes missions?

 

Camille : En tant que chef de projet scientifique, je développe les recettes de culture et les optimise. Je travaille aussi avec des collègues d'autres départements pour guider les choix techniques, et avec les équipes de production pour résoudre les problèmes de culture. Mon travail est d’ajuster l’environnement intérieur au plus près des besoins de la plante, dans le but d’atteindre le meilleur rendement avec de beaux produits, le plus simplement possible. Je fais aussi de la recherche pure, et testant des méthodes/produits innovants qui pourrait permettre des gains en rendements et rentabilité.

Le « indoor farming » est relativement nouveau, et il faut tout réapprendre.

Qu'est-ce qui te plait dans ce métier ?

 

Camille : Le « indoor farming » est relativement nouveau, et il faut tout réapprendre. A la base la conduite de culture reste la même qu'en systèmes conventionnelles, mais il faut comprendre pourquoi une culture sera réussi, comprendre les besoins physiologiques de chaque espèce, et puis traduire cela dans une recette qui puisse être appliquée en milieu complément fermé. Parfois le succès tient à un rien : un peu plus de bleu dans le spectre lumineux, 1h de lumière par jour en moins, 1°C en plus…

 

Comment as-tu connu le Lycée Costa de Beauregard et cette formation?

 

Camille : J’ai connu le lycée au Salon de l’Etudiant de Lyon. J’aurai peut-être pu intégrer celui de Roman-sur-Isère, mais finalement, le Bocage c’était une chance : une école petite et familiale, au moment où j’avais encore besoin de réassurance.

 

Que t'a apporté le lycée?

 

Camille : Mon BTS m’a apporté toutes les bases dont je me sers encore aujourd’hui : la conduite de culture, les substrats, les calculs d’engrais…

 

Les professeurs étaient très à l’écoute et avaient à cœur de nous voir réussir !

 

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Camille : J’ai beaucoup apprécié le petit groupe de classe que nous étions, une douzaine. C’est idéal pour étudier et se connaitre d’autant que toutes les activités que nous avons menées pour payer notre voyage étude, comme les vendanges, n’ont cessé de créer plus de liens, tant et si bien qu’à la fin de nos études, nous sommes partis en vacances ensemble !  Je me souviens aussi que les professeurs étaient très à l’écoute et avaient à cœur de nous voir réussir. Parmi mes matières préférées, il y avait la reco et l’agronomie. C’est aussi en BTS que j’ai pris goût à la recherche avec les cours d’expérimentation.

 

Où as-tu fait tes stages?

 

Camille : J’ai fait deux stages pendant mes années de BTS : l’un à la SARL Horticole des Charmes, qui n’existe plus, en aromatiques, près de Lyon, et l’autre en Angleterre, au paradis des fleurs, chez Norwell Nursery avec Andrew Ward. C’était un super stage dans un jardin magnifique, plein de vivaces. J’ai eu la chance de séjourner chez lui et de vivre dans sa famille car je n’avais pas la barrière de la langue !

 

Tant que l’on aime ce que l’on fait et qu’on est motivé, tout est possible !

 

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Camille : Les études sont parfois difficiles et décourageantes, mais tant que l’on aime ce que l’on fait et qu’on est motivé, tout est possible ! Un BTS peut être à la fois une belle fin d’études ou un tremplin !

 

Quelle est ta plante préférée?

 

Camille : Ma plante préférée, c’est l’orchidée. J’en ai une 100 en collection, parmi lesquelles beaucoup d’espèces botaniques. J’aime ces plantes car elles sont d’apparence très fragiles, mais elles sont très résistantes et faciles à cultiver une fois que l’on apprend à les connaitre. Si je devais en choisir une, ce serait Leptotes bicolor, une miniature brésilienne très florifère !

 

 

Merci Camille pour ton témoignage!

 

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