Pendant une heure, les 4e ont écouté avec une attention rare un exposé passionnant sur un thème qui les concerne directement : la violence chez les jeunes.
Avec des mots simples mais profonds, Jean-Marie Petitclerc a commencé par distinguer deux notions souvent confondues : l’agressivité et la violence. « L’agressivité fait partie de nous tous. Elle est naturelle, c’est une pulsion de vie, une énergie. Ce qui devient problématique, c’est la violence, car il y a alors irruption, pénétration dans l’espace de l’autre, viol symbolique ou physique. ».
Selon lui, la violence n’est jamais anodine, mais elle a toujours une raison d’être :
« Quand un jeune adopte un comportement violent, c’est qu’il ne trouve pas d’autre moyen de s’exprimer. Je les appelle les handicapés du langage émotif. Il n’a pas les mots pour dire ce qu’il ressent. »
Pour Jean-Marie Petitclerc, la société actuelle est marquée par une intolérance croissante à la frustration. L’une des clés de la prévention réside donc dans l’apprentissage : apprendre à gérer ses pulsions et à canaliser ses tensions autrement.
« La paix, cela s’apprend, tout comme l’agressivité peut être éduquée. »
Il a insisté sur l’importance des espaces d’expression alternatifs comme le théâtre, la musique, le sport…
…autant de terrains où les jeunes peuvent dire qui ils sont sans violence, découvrir leur valeur, être avec les autres et construire leur estime de soi.
Il a aussi alerté sur l’effet de déconnexion induit par les écrans, et l’amplification de la violence par effet de groupe.
« À l’adolescence, l’estime des autres est plus importante que celle de l’école. C’est le regard des autres qui devient moteur. Le vêtement, l'apparence, l’image que l’on donne, comptent énormément. Il faut apprendre aux jeunes à exister par eux-mêmes, à ne pas dépendre du regard des autres pour exister. »
Saluant l’intuition éducative de Camille Costa de Beauregard – « un pionnier de la pédagogie préventive » – il a rappelé que l’affectif ne doit pas être nié, mais reconnu.
Enfin, il a insisté sur l’importance de la réponse éducative au premier acte violent : « Il faut marquer le coup, poser une réparation. Sinon, le jeune peut entrer dans une spirale où la violence devient répétition et s'amplifie, faute de limite. »
Les élèves sont restés captivés pendant toute la durée de l’intervention, posant de nombreuses questions en fin de séance. Une rencontre forte, nourrissante, qui résonne profondément dans un établissement où l’éducation se veut avant tout humaine.