Mauvaise graine

Projection Festival de la Biolle - Mauvaise Graine, de Bérangère Hauet. Fanny est productrice de plantes aromatiques et médicinales dans les Bauges...

le Jeudi 11 nov 2021 à 17h 00

Vivre au milieu des plantes

Nous sommes dans le Coeur des Bauges en Savoie, zone rurale de montagne. Sur son terrain, dans la nature et dans son labo de transformation, Fanny perpétue et partage des savoirs et des gestes séculaires, héritages des herboristes, des alchimistes et des sorcières. Elle travaille avec simplicité, passion et respect de la terre et des hommes, malgré la complexité législative qui accompagne sa profession. Depuis 1941, en France, le diplôme d'herboriste n'est plus délivré. Ce métier est aujourd'hui interdit. La vente de produits issus des plantes aromatiques et médicinales est très réglementée. Mais avec l'interdiction de ce diplôme, on risque la perte de savoirs et de savoirs-faire anciens, la décrédibilisation du soin par les plantes. Fanny est officiellement productrice de plantes aromatiques et médicinales. Elle se forme par correspondance au Québec pour devenir herboriste. Mais au delà des termes, c'est avant tout dans la façon dont elle l'envisage que se situe la définition de son métier. C'est un choix de vie en cohérence avec ses valeurs. C'est aussi un engagement politique : la reconnaissance du métier d'herboriste, de leurs savoirs, un retour à l'autonomie pour les premiers soins, une réponse pour l'avenir en terme de souveraineté. Une résilience en phase avec les enjeux environnementaux et sociaux de notre époque. Portrait d'une jeune femme passionnée et engagée.

Reprendre la main sur la manière dont on se soigne

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Les herboristes ont longtemps permis à tous, notamment les plus pauvres, de se soigner avec les plantes. En 1941, sous la pression des lobbys pharmaceutiques, le diplôme d'herboriste est supprimé. Aujourd'hui, ce métier est toujours interdit en France. Fanny est productrice de plantes aromatiques et médicinales dans le cœur des Bauges, en Savoie. Elle cultive des plantes sur son petit terrain, et cueille en sauvage.
Elle transforme ensuite dans son petit laboratoire : macérations solaires, distillation, alcoolatures...

Fanny a la volonté de réhabiliter des savoirs et des gestes ancestraux, de travailler avec la flore locale et d'être utile à la communauté.
La façon dont elle travaille et dont elle envisage son métier est représentative de ce retour aux plantes. Elle fait la passerelle entre les savoirs anciens et une proposition pour l'avenir.
Loin d'être dans une vision passéiste, elle est au contraire complètement ancrée dans les problématiques actuelles. Envisager le soin par les plantes médicinales permet de revenir à une certaine autonomie en matière de premiers soins. Travailler avec des plantes locales en respect de la terre et des saisons, cueillir avec conscience, veiller aux ressources naturelles... s'inscrivent dans la protection de l’environnement.

Travailler avec les plantes aromatiques et médicinales aujourd'hui est soumis à une complexité législative. Il est bien sûr essentiel d'encadrer la production et la vente de ces produits, mais en ayant interdit le diplôme et donc le métier d'herboriste, il n'existe plus de formation académique et de diplôme reconnu en France.
En vente directe, les producteurs ont de fortes contraintes et ne peuvent pas conseiller leurs produits.
"Au lieu de nous interdire [...], on devrait nous former à ça." remarque Fanny.

 

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A une époque où tout est breveté, même le vivant, Fanny transmet ses connaissances, ses savoirs-faire qu'elle a elle-même appris d'autres passionnés. "Pour moi, le savoir est universel et il doit être transmis, quoiqu'il arrive. Pour moi, le savoir, c'est pas un moyen de faire de l'argent. C'est un moyen de sauver des vies."
Elle incarne ses valeurs par ses choix quotidiens, la façon dont elle pratique son métier : respect de la terre, de la flore locale, circuits-courts, solidarité, vivre-ensemble...

 

"Qui dit plantes médicinales dit herboriste... L'herboriste est celui qui connait les simples. Le mot herboriste dérive du latin herbula, qui signifie "petite herbe" ce qu'on appelle depuis des siècles justement les simples. Les simples et les herboristes appartiennent donc historiquement à la médecine du plus grand nombre, à la médecine du peuple". Thierry Thévenin, Plaidoyer pour l'herboristerie.

 

Pour plus d'information, c'est ici.