Moi je voulais travailler tout de suite.

Rencontre avec Pauline Delorme, ancienne élève en BEP et Bac Pro SAPAT aux Charmilles - devenu le Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Mardi 25 mai 2021

Pauline DElorme 2 Pauline DElorme 2  

 

Bonjour Pauline,

 

Depuis quelques années, tu es membre du jury d’un examen de terminale SAPAT. Nous sommes très heureux de te revoir ici.

 

Pour commencer, peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs.

 

Pauline : Je m'appelle Pauline, j'ai grandi dans le bassin Chambérien. J'ai redoublé ma 3ème dans l'espoir d'entrer en seconde générale. Une fois scolarisée au lycée du Granier à la Ravoire, mes résultats sont devenus catastrophiques… Il m'a fallu trouver une autre voie. Je voulais rejoindre la formation spécialisée "Aide à la personne ", ASSP (Accompagnement, Soin et Services à la Personne), au lycée de Louis Armand à Chambéry-le-Haut mais faute de place disponible, j'ai été recalée. Ma mère m'a parlé du BEP "service à la personne en milieu rural" du lycée Costa de Beauregard, sur le site des Charmilles sur lequel j'ai effectué ma rentrée scolaire en 2009. La vie aux Charmilles m'a permis d'avoir de bien meilleurs résultats grâce à la proximité des enseignants (petite classe de 22 élèves en BEP et 11 en Bac Pro) cela m'a donné envie de me dépasser !

 

Où travailles-tu aujourd'hui?

 

Pauline : Aujourd’hui, je travaille comme agent hospitalier à l’hôpital de Chambéry. A la sortie de mon Bac Pro, j’ai postulé dans différents endroits. C’est l’hôpital qui m’a répondu en premier et depuis 8 ans, j’y suis restée. Pour mon premier poste, j’étais au service hématologie. J’y ai travaillé à l’hôpital de jour et au service hospitalisation. Au moment de la bascule entre l’ancien et le nouvel hôpital, j’ai changé de service. Cela fait 4 ans que je suis au service des maladies infectieuses et tropicales. C’est un service varié qui accueille aussi bien des patients de médecine interne qu’en suivi infectiologie. Depuis 1 an, c’est devenu le service d’accueil des patients atteints du COVID.

 

Comment as-tu l'épisode COVID?

 

Pauline : A la première vague, on avait l’impression de faire face à une grosse grippe. En octobre, les choses ont empiré. Les patients allaient de plus en plus mal, étaient plus jeunes et plus ventilés. On les gardait plus longtemps aussi. C’était impressionnant. Aujourd’hui 13 des 26 lits sont occupés par des malades de la COVID, mais ils vont mieux. On est passé par des périodes difficiles mais j’ai beaucoup de chance car je travaille avec une super équipe de médecins, aides-soignants, infirmiers. On s’entraide et nous sommes tous très soudés.

 

Pourquoi es-tu restée sur la région?

 

Pauline : Diplômée en juin 2013, j’ai trouvé du travail en septembre de la même année à l'hôpital de Chambéry où ma mère est en poste d’infirmière depuis que son ancien établissement a fermé (la clinique générale de Savoie). Je n'ai pas eu de difficulté pour trouver mon emploi. 

 

Quelles sont tes missions?

 

Pauline : Mon rôle est de faire le ménage dans les chambres, de nettoyer les sols, la salle de bain et les bureaux. Je prépare aussi les chambres pour les nouveaux entrants. Je suis seule pour m’occuper de tout le service. Je travaille de 9h à 17h. En ce moment, je dois effectuer plusieurs passages de désinfection sur les zones de contact (poignées de portes, portes, mains courantes,... ).

Le plus important pour moi, c’est la santé des patients

Qu'est-ce qui te plaît dans ce métier?

 

Pauline : Travailler en infectieux m'a permis de devenir une pro de l'hygiène en période de crise sanitaire avec tous les protocoles déjà mis en place. Même si j'adore mon métier, le ménage en lui-même n'est pas ma passion, ce que j'aime c'est la relation "rapprochée" que j'ai avec les patients et mes collègues. En tant que non-soignant, mon rôle c’est surtout de changer les idées des malades, d’être présente, s’il le souhaite, pour leur apporter un peu de distraction. Si quelqu’un va mal, je prends le temps de l’écouter. Le plus important pour moi, c’est la santé des patients et d’entretenir de bonnes relations avec les collègues que j’apprécie vraiment beaucoup.

 

Comment as-tu connu les Charmilles ?

 

Pauline : Maman avait entendu parlé de ce lycée et nous sommes allées le visiter. C’était à 10 minutes à pied de chez nous, à Saint-Alban-Leysse, beaucoup plus pratique que Louis Armand.

 

Les stages permettent de travailler avec différents publics et de changer de cap, si nécessaire, avant de s’engager sur un poste.

Où as-tu fait tes stages?

 

Pauline : C’était bien Les Charmilles car on faisait beaucoup de stages.

Ces expériences nous ont tous permis de travailler avec différents publics et de changer de cap, si nécessaire, avant de s’engager sur un poste.

Mon premier stage, je l’ai fait à la mairie de Saint-Alban. 8 semaines à la photocopieuse, c’était un peu long !

Pour le deuxième, j’ai travaillé au Foyer de Personnes Agées La Monférine, à Barby. C’est là que je me suis aperçue que si j’aimais passer du temps avec ma grand-mère et avec mes vieilles taties, le travail en EPHAD ne me convenait pas.

Mon 3e stage, je l’ai fait l’hiver, à La Montagne, un centre de loisirs pour les enfants, dans le Vercors. On accueillait les enfants pendant que leurs parents profitaient des pistes. J’aime bien la relation avec les enfants en petit nombre, mais quand ils sont trop nombreux, je n’y arrive pas.

Ma dernière expérience en stage a été au centre de rééducation de la Croix-Rouge à Saint-Alban-Leysse. Je travaillais avec des kinés et des ergothérapeutes. Je me souviens qu’un jour, il m’avait défié en me mettant dans la peau d’un paraplégique, pour cuisiner. Ce type de mise en situation me rappelle les séances que nous avions au lycée, pour apprendre à monter dans une voiture quand on est en situation de handicap. J’avais adoré ce stage! Le seul point noir au tableau, c’est que les études sont longues pour devenir ergothérapeute et il n'y a pas d'établissement de formation dans la région. Moi je voulais travailler tout de suite !

 

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Pauline : J'ai passé 4 bonnes années ici. Nous avions un groupe bien soudé et des professeurs très sympa. Je me souviens que nous nous étions autofinancés pour partir à Paris et 2 ou 3 jours à Strasbourg, voir le parlement Européen. C’est aussi la première fois que j’avais autant de facilité à apprendre et des bons résultats !

 

Que t'a apporté le lycée?

 

Pauline : Le Lycée m’a apporté de bonnes connaissances et des expériences qui m’ont forgées ! Il ne se passe pas un jour, aujourd’hui sans que je ne repense aux cours de Madame Bonin !

 

Dans la vie, il faut s’accrocher!

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Pauline : Tout d’abord, j’ai beaucoup de respect pour les étudiants d’aujourd’hui qui ont dû suivre les cours en distanciel ! Dans la vie, il faut s’accrocher, ne pas perdre le but. On finit toujours par se trouver bien, là où on arrive et pour se faire, il faut souvent apprendre à tourner le négatif en positif. Je connais beaucoup de patients qui me rappellent tous les jours, qu’il y a des situations bien pire dans la vie. Ce sont mes patients qui me donnent le moral et l’énergie d’être positive ! En plus, j'ai la chance d'aller au travail sans avoir la boule au ventre et avec envie ! Mon équipe MIMIDA (Maladie Interne Maladie Infectieuse Dermatologie Addictologie) est ma 2ème famille !

 

As-tu déjà été ému au cours d’une de tes expériences?

 

Pauline : Tant de fois … Dans ce service, les gens peuvent rester plus ou moins longtemps et comme je passe dans toutes les chambres, je finis par bien connaître tous les patients ! Avant chaque départ, je passe faire les chambres et j’ai souvent le droit à de bons « au revoir ». Il arrive aussi que j’arrive au mauvais moment. Je me souviens ainsi avoir pleuré à chaudes larmes avec une patiente. On a lâché les vannes. Tous ces humains me touchent, j’aime ce contact d’Homme à Homme. Je continuerai à être la même, à faire sourire les gens et à recueillir, quand il faut, leurs larmes.

 

Un grand merci Pauline pour ce témoignage et pour ta philosophie de vie ! Tu es un vrai ange-gardien !

 

 Pauline DElorme 1 Pauline DElorme 1    Pauline DElorme Pauline DElorme