Quand on commence dans la vie active, il faut être humble et courageux.

Rencontre avec Adeline Turion et Sébastien Obriot, anciens élèves en BTS Production Horticole au Lycée Costa de Beauregard, du CNEAP, à Chambéry.

le Lundi 07 juin 2021

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Bonjour Adeline et Sébastien,

 

C’est la première interview croisée que nous faisons et pourtant, des couples qui se sont rencontrés au Bocage pour faire leur vie ensemble, il y en a ! Aujourd’hui, pour fêter les 10 ans de votre magasin, vous avez accepté de nous raconter votre parcours et nous vous en remercions !

 

Pour commencer, pouvez-vous s'il vous plait brièvement vous présenter à nos lecteurs.

 

Adeline : Moi, c’est Adeline. J’ai toujours voulu travailler en extérieur, c’est pourquoi j’ai choisi de suivre un Bac STAV à Montreuil, dans le 93, près de Paris où j’ai grandi. Par la suite, j’aurai aimé entreprendre des études pour devenir garde-forestière, mais rares sont les débouchés, du coup, je me suis orientée dans la production, avec dans l’idée un jour, de revenir à ce projet, par la sylviculture. J’avais le choix entre 2 BTS, l’un à Angers, l’autre à Chambéry. Par amour des montagnes, j’ai choisi la capitale des Ducs de Savoie.

 

Sébastien : De mon côté, je m’appelle Sébastien. Pour ma part, j’ai suivi un Bac STL. Quand je suis entré en BTS au Bocage, à 23 ans, j’avais déjà de nombreuses heures de travail à mon actif ! En réalité, je travaille depuis que je suis tout petit, car ma famille est maraîchère et dans ce milieu, tout le monde met la main à la patte ! J’ai choisi Chambéry parce que je voulais quitter ma région natale et prendre un bol d’air !

 

Où travaillez-vous aujourd'hui?

 

Adeline : Mariés, nous sommes tous deux devenus salariés de l’entreprise familiale Les Jardins du Val Moselle, à Metz-Devant-les-Ponts. En ce moment, nous sommes 4 à la gestion, mais les parents de Sébastien vont prendre leur retraite et transmettre les 30 hectares de culture. Sébastien sera la 7e génération à reprendre le flambeau. Quand nous avons commencé ici en 2010, nous ne pensions pas forcément rester car je suis complètement amoureuse des Alpes... Mais le papa de Sébastien nous avait donné carte blanche pour sauver 1 hectare et demi de cultures malades. C’est sur ce terrain que nous avons pu nous lancer dans nos expérimentations.

Notre première décision a été de passer le terrain en Bio, la seconde, d’y diversifier les cultures. Jusqu’alors, les Jardins produisaient surtout de grandes séries de légumes. Nous avons apporté la diversité, notamment en jonglant entre les cultures à fort besoin de mains d’œuvres et celles de conservation, la conversion des terres en Bio – nous sommes à 6 hectares - et le choix de vendre en direct en créant notre magasin qui fête aujourd’hui ses 10 ans ! L’entreprise emploie 30 salariés à temps plein ce qui signifie que nous pouvons monter à 50 en pleine saison et tourner autour de 25 personnes, toute l’année, notamment grâce aux endives que nous produisons en hiver.

 

Travailler dans le Bio, est-ce une volonté ou un heureux hasard?

 

Adeline : Pour nous, c’était une volonté, mais cela prend du temps.

 

Notre objectif en reprenant l’affaire familiale, c’est de nous recentrer sur la vente directe et la grande distribution, en choisissant nos clients.

Quelles sont tes missions?

 

Sébastien : Je suis chef de culture. Adeline est beaucoup plus polyvalente. Elle occupe toutes les fonctions autour de la production ! Elle peut être responsable du magasin, des livraisons, manager, ouvrière agricole… au gré des besoins et des saisons. Notre objectif en reprenant l’affaire familiale, c’est de nous recentrer sur la vente directe et la grande distribution, en choisissant nos clients. Nous avons l’avantage de travailler dans une région très peu maraichère (avant dernier département producteur en France), par conséquent, pour l’instant, nous avons le luxe de choisir avec qui nous souhaitons travailler.

 

Qu'est-ce qui te plaît dans ce métier?

 

Adeline : Ce qui me plait dans ce métier, c'est la polyvalence ! J'aime aussi exercer un métier qui a du sens, travailler le végétal. C’est à mille lieues de ce que j’avais imaginé, mais ça correspond à ce que je voulais faire !

 

Pourquoi avoir choisi le Lycée Costa de Beauregard et cette formation?

 

Adeline : J’ai choisi de venir à Chambéry pour l’environnement de la ville, ses massifs : les Bauges, la Chartreuse et aussi Belledonne !

 

Sébastien : Pour ma part, je commençais un nouveau BTS, j’avais besoin de découvrir une nouvelle région, de m’éloigner un peu de ma Moselle natale.

 

Que vous a apporté le lycée?

 

Adeline : Le lycée nous a apporté des bases à consolider. On pense être technicien quand on sort avec un BTS de deux ans, mais l’horticulture est un domaine trop général pour appréhender toutes les spécificités du métier de maraîcher.

 

Que manque-t-il à cette formation?

 

Adeline : Il nous manque des modules complémentaires sur la gestion d’entreprise et le management. Nous avons comparé avec mon beau-père son diplôme de BTS au nôtre et on se rend compte que nous travaillons bien moins la technique qu’avant. Cela manque aussi cruellement quand on doit reprendre, par la suite, une entreprise de taille. Heureusement pour Sébastien qu’il est né dedans !

 

Où avez-vous fait vos stages?

 

Adeline : J’étais en maraîchage dans l’EARL de Montepain, chez Thierry Barral à Cognin.

 

Sébastien : J’ai rejoint le Gaec de Saint Sébastien Lachenal, à Alberville. Puis en 2e année, nous sommes partis ensemble aux Pays-Bas travailler en pépinière. Je me souviens, nous avions fait beaucoup de rempotage !

 

Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?

 

Adeline : Ce qui m’a plu au Bocage, c’est la situation géographique du lycée, la proximité que nous avions avec les enseignants du fait que ce soit une petite école, et l’ambiance, notamment grâce à la vie à l’internat.

Quand on commence dans la vie active, il faut être humble et courageux.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?

 

Adeline : Je conseillerai aux jeunes d’aller chercher plus loin des spécialisations à leur diplôme. Quand on commence dans la vie active, il faut être humble et courageux. Il faut accepter de commencer au SMIC et d’évoluer en fonction de ses capacités et de ses expériences. Par chez nous, les chefs de culture sont rares !

 

Quelle est ta plante préférée?

 

Adeline : Pour moi, la nature est belle parce qu’elle est diversifiée !

 

Merci à tous les deux de nous avoir donné un peu de votre temps !

Nous vous souhaitons tout le meilleur dans cette aventure familiale.

 

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