Tous au musée !

Les secondes horticulture et paysage se rendent au Musée des Beaux Arts de Chambéry, dans le cadre de leur projet Région Culture !

le Mardi 01 juin 2021

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Depuis le 19 mai, les musées de Chambéry ont réouvert leurs portes.

Cette semaine, nos deux classes de seconde horticulture et paysage en ont profité pour découvrir le Musée des Beaux-Arts, situé dans une ancienne halle aux grains. C’était une première pour la plupart des élèves qui n’avaient pas encore eu l’occasion d’entrer dans ce musée. Les deux conférenciers qui nous ont accompagnés sur cette sortie, ont eu pour mission de sélectionner quelques œuvres pour parler de l’histoire du Paysage dans la peinture, du Moyen-Age au début du 20e siècle. Cette sortie venait clôturer le projet Culture, financé par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

 

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Aujourd’hui, c’est Didier Venturini qui nous accueille à l’entrée du musée. Nous sommes heureux de retrouver celui qui nous avait initiés à l’artothèque et nous avait aidés à ouvrir les yeux sur l’analyse d’œuvre d’arts. Cette fois, il nous emmène dans les collections permanentes du musée, qui détient une des plus grandes collections de peintures italiennes en France (après celle du musée du Louvre) et une belle collection de peintures savoyardes.

 

Premier arrêt : une œuvre du Moyen-Age de Bartolo di Fredi, Retable de la Trinité (1397). Monsieur Venturini nous explique que jusqu’au 18e – 19e siècle, le paysage n’existe pas ou du moins que jusque cette époque, on ne représente pas la nature pour la nature. Le paysage n’est qu’un décor pour planter une situation scénique, une cathédrale, un château. Pour autant, le premier paysage aurait été peint par Konrad Witz, avec la Pêche Miraculeuse (1444).

Petite aparté en chemin, on s’arrête devant un immense tableau… la maquette sur toile de Claudio Francesco Beaumont, Hannibal jurant haine aux Romains (XVIIIe siècle) qui devait servir de modèle pour réaliser une tapisserie et qui a été récupérée par la Savoie, pour être exposée, comme un tableau.

 

Le tour continue. A partir de 1830, le paysage dans les tableaux commence à prendre de l’importance, même s’ils servent d’allégorie. Ils sont recomposés en atelier et reproduisent des mondes imaginaires, vraisemblables. Nous nous arrêtons devant une scène pastorale avec des bergers et quelques animaux, des moutons sans doute. Notre conférencier nous indique que les personnages donnent des indices d’échelle et humanisent les tableaux. En ce temps, l’homme est plus important que la nature. Le goût pour le paysage, lui-même, va évoluer au fur et à mesure de l’industrialisation de la société.

 

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L’arrêt suivant se fait devant un tableau de Xavier de Maistre, né à Chambéry en 1763, frère du philosophe Joseph de Maistre, surtout connu pour sa carrière militaire et d’écrivain. Nous avons regardé la tempête qu’il a peinte du Col du Grand Saint Bernard (1835). Le peintre aurait commencé à peindre la mer et l’écume, d’où l’impression de voir une vague dans la neige. Les détails sont très importants. Cette fois, le peintre a travaillé dans son atelier à partir de croquis sans doute très précis. Le point de vue et les couleurs froides ont été choisies pour donner une impression de danger, de désespoir. En ce temps, rares sont les peintures de montagne. Cet environnement fait peur, ce sont les débuts de l’alpinisme, mais il faudra du temps pour que la montagne, comme les marines deviennent un genre à part entière.

 

Le second tableau de montagne est immense lui aussi. Il représente La Mer de Glace (1862), peint par Claude Sébastien Hugard de la Tour qui a suivi l’école du paysage Suisse de Genève. Son tableau est si réaliste que les alpinistes connaisseurs sont capables de nommer tous les sommets représentés. En revanche, les personnages sont anachroniques. On reconnait le scientifique de Saussure, monté 100 ans plus tôt avec ses équipes. Dans ce tableau, l’échelle montre la petitesse de l’homme, même savant, face aux éléments. La luminosité de ce tableau est divine. Aujourd’hui, ce tableau sert aussi de témoin de l’histoire pour nous rappeler l’épaisseur de neige du glacier et à quoi pouvait ressembler la mer de glace, à la fin du 19e siècle.

Nous nous arrêtons devant un autre de ses tableaux : Les inondations de Chamouny (NDLR : comprenez Chamonix) (1853) – qualifié de peinture pompier, trop soignée, saturée de détails et de couleurs, s’attachant de manière excessive aux théories du classicisme. La seule présence humaine est marquée par une maison, sous les eaux. Notre conférencier nous invite à imaginer le tableau au-delà des bords, que se passe-t-il autour, avant, après. Le tableau n’est finalement qu’un point de vue.

 

Les commandes afflux à cette époque, pour des particuliers, comme pour des hauts lieux de passage, comme le restaurant de la Gare de Lyon, le Train Bleu à Paris. On ne manquera pas d’y faire un stop lors de notre prochain passage à Paris !

Le dernier stop sera sur une œuvre bucolique de Carolus Duran, Pommiers en Savoie, sur le Lac du Bourget (1900). Les élèves de seconde horticulture ont été surpris par la technique du peintre pour représenter les fleurs au premier plan, par de simples petits points colorés. C’est un tableau carte-postale, sans doute réalisé sur le vif, grâce à l’invention des tubes de peinture ! Ce tableau est reposant, plein de lumière et de douceur, même si le cadre qui l’entoure est complètement rococo, à notre goût. En le regardant, on n’a qu’une envie : s’arrêter et poser sa natte de pique-nique !

 

Pour terminer notre parcours, Monsieur Venturini nous explique pourquoi nous avons vu que des toiles d’artistes masculins. En effet, pendant très longtemps, les femmes n’avaient pas le droit de peindre des peintures d’histoire. La visite s’achève sur cette dernière note à penser.

 

Nos jeunes ont été ravis de cette sortie et de toutes les informations données par notre guide pour s’initier sur ces quelques toiles, à l’histoire du paysage dans la peinture. En une heure de temps, nous n’aurons pas tout vu, mais cela donne un avant-goût pour revenir, comme le musée est gratuit pour nos jeunes !