Bonjour Agnès,
Tu étais revenue au lycée il y a 2 ans pour présenter ton parcours lors des rencontres des BTS avec les anciens.
Toujours chez Vilmorin, peux-tu s'il te plait te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore et nous raconter comment es-tu arrivée là?
Agnès : Bonjour, aujourd'hui, j’ai 33 ans. J’ai fait un BTS Production Horticole au Lycée Costa de Beauregard en 2010-2012 où j’ai découvert l’expérimentation végétale, puis une licence Pro Biotechnologies végétales et création variétale, en 2013, à l’Université de Lyon 1 à la Doua.
Mon stage chez un pépiniériste en plants de fraisiers dans le Lot et Garonne m’a permis de découvrir la sélection variétale. J’ai commencé ma carrière en faisant des CDD en saisons. D’abord chez BASF Agro, 10 mois, ce qui m’a permis d’apprendre à reconnaître les maladies des plantes et les adventices, des connaissances importantes à avoir. J’ai ensuite fait une saison à Arvalis en Normandie. C’est un institut technique spécialisé en grandes cultures. Cela m’a permis d’élargir mes compétences au suivi d’essais variétaux notamment, ce qui a conforté mon désir professionnel de travailler en sélection variétale.
Où travailles-tu aujourd'hui?
Agnès : Ma formation et mes expériences m’ont permis de rejoindre Vilmorin-Mikado, près d’Angers où je travaille depuis 2015, d’abord comme technicienne de sélection endive, chioggia (un radicchio italien) et concombre et à présent dans l’équipe pois, radis, betterave où nous sommes 3.
« Ici, on travaille de la graine à la graine »
Peux-tu nous détailler un peu plus en détail tes missions ?
Agnès : J’exerce différentes missions transverses et saisonnières en lien avec la sélectionneuse et les équipes de culture : transmission des besoins, encadrement des équipes, traçabilité des lots, gestion des stocks de graines. En serre je suis les semis, la réalisation des croisements , le suivi de culture ; au champ, l’épuration des parcelles pour éliminer les hors types, les notations pour caractériser les variétés ; vient ensuite le battage des lots avec la préparation des listings pour assurer la traçabilité des graines. En général, d’août à février, je suis en serre puis je suis dans les champs jusque juin. En fait, dans ce métier il faut une saison complète pour comprendre, 2 saisons pour pouvoir aiguiller et 3 années d’ancienneté pour être vraiment opérationnelle.
Chez nous, les variétés de pois sont testées à Arras, dans le nord de la France et en Bretagne : les bassins de production. A l’automne, pour ne pas perdre un an, on envoie nos graines en contre-saison au Chili et on les récupère en janvier !
Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?
Agnès : Ce qui me plait dans mon métier, c’est d’apprendre tous les jours et la diversité des tâches à mener. Je suis à la fois sur le terrain, en bureau pour la préparation et en interaction avec toutes les équipes. J’aime beaucoup aussi le fait de devoir transmettre pour expliquer le pourquoi du comment à mes co-équipiers car il faut avoir des notions d’ensemble pour bien faire. En sélection, nous n’oublions jamais les besoins du client, c’est ce qui doit aiguiller nos recherches. Il faut savoir qu’au sein d’une espèce, il existe une diversité génétique que nous pouvons utiliser pour améliorer nos variétés (résistance, qualité gustative…) et répondre aux besoins et aux problématiques rencontrées par les producteurs.
Par contre, travailler dans ce domaine suppose d’avoir une vision à long terme. Il faut compter de 7 à 10 ans pour fixer la variété et la commercialiser.
Pourquoi as-tu choisi le Lycée Costa de Beauregard pour te former?
Agnès : J’avais choisi le Lycée Costa de Beauregard car je voulais faire un BTS en production horticole, dans le privé – j’étais dans un lycée Lasalliens chez Les Frères des Écoles Chrétiennes, du coup, le fait que le lycée appartienne au réseau Don Bosco résonnait pour moi. Finalement, j’ai réussi à avoir un entretien téléphonique avec Madame de Saint-Phalle qui a été décisif ! Toutes ses explications sur les différents projets, l’exploitation sur place, les stages professionnels m’ont donné vraiment envie de rejoindre le lycée.
A ce propos, où as-tu fait ton stage ?
Agnès : j’ai fait mon stage à la ferme pédagogique Graine d’Arômes de Bessenay qui fait à la fois de la production, de la transformation et de l’accueil scolaire.
Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?
Agnès : Au lycée, beaucoup de choses m’ont plu! Je suis arrivée dans le végétal par hasard. J’aimais la biologie et je me suis orientée vers des études d’ingénieurs en agriculture à l’Unilasalle Beauvais. Mais très vite, j’ai décroché. La formation était trop généraliste. J’avais besoin de concret ! J’ai arrêté mes études et suis partie à l’étranger mûrir mon projet. Ce qui me plaisait dans l’agriculture, c’était le végétal. A mon retour, je suis entrée au Lycée Costa de Beauregard en BTS Production Horticole, avec l’envie de travailler tant sur la pratique que la théorie. J’ai aimé la perspective de faire des stages en France et à l’étranger, le MIL voyage, les TP chez les producteurs, la diversité des cours et je n’ai pas été déçue. En plus il y avait un très bon esprit de classe, d’excellents professeurs, notamment en pratique qui venait du milieu professionnel. J’ai d’ailleurs gardé de bons contacts avec mes camarades qui sont dans des univers très différents. Il y avait de bonnes dynamiques et les élèves étaient tous très impliqués dans les projets (vente de gâteau, vendange…). Tous les moyens étaient bons pour récolter de l’argent et cotiser pour réussir nos projets.
Que t’a apporté le lycée?
Agnès : Au lycée, j’ai acquis plein de connaissances et de valeurs. J’ai aimé la mentalité au point d’avoir, moi aussi un jour, l’envie de transmettre mes connaissances à de futurs professionnels. J’ai passé deux très belles années ici.
C’est important de prendre le temps de choisir sa voie, car quand on a une perspective, on réussit ce que l’on entreprend !
Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?
Agnès : J’ai mis du temps à choisir ce qui me plaisait. Je n’ai AUCUN regret ! Tout m’a apporté. Il ne faut pas hésiter à aller à droite et à gauche, on peut tirer profit de chaque expérience. La route n’est pas linéaire, rarement toute tracée. C’est intéressant de prendre le temps de voir ce qui se passe autour. Ce n’est pas grave de ne pas être fixé sur ce que l’on veut faire, mais il faut faire des stages, nouer des contacts, entretenir son réseau, ne pas hésiter à prendre contact avec des anciens via LinkedIn ou des associations tels que les Amis et Anciens du Bocage. Je ne regrette qu’une chose dans mon parcours, c’est de ne pas avoir suffisamment travaillé les langues et fait de voyages à l’étranger.
Merci Agnès pour ton témoignage !
Aux jeunes, à vous d’en prendre de la graine :)
Pour en savoir plus: https://www.limagrain.com/echangez-avec-nos-passionnes
Agnès de dos sur un semoir entrain de semer dans la pépinière pois