Bonjour Thibaut,
Après 6 ans de formation au Bocage, tu es resté dans la région pour vivre de ta passion, aux pépinières Cholat, au milieu des plantes.
Tu as accepté de répondre à nos questions et nous t'en remercions.
Pour commencer, peux-tu s'il te plait brièvement te présenter à nos lecteurs ?
Thibaut : Je m’appelle Thibaut, j’ai 42 ans. J’ai grandi à la Motte-Servolex et fait beaucoup de montagne, enfant, avec mes parents. Après le collège, je ne savais pas trop ce que je voulais faire, mais j’aimais bien la nature et les végétaux. J’aimais être dehors et m’amuser avec les abeilles, les observer butiner. J’ai décidé de suivre un BEP Pépiniériste, en 2 ans, au Bocage. Ces deux années m’ont encouragé à poursuivre dans les études. Je suis resté au Bocage en Bac Pro horticulture, deux ans de plus. A cette époque, je ne voulais plus m’arrêter dans les études, j’avais envie de continuer pour approfondir mes connaissances ! Je suis entré en BTS production horticole, avec Guillaume Cudraz. Au terme de ces deux années, j’ai repris un BTS technico-commercial à Poisy où j’ai rencontré Stéphane Grad, qui m’a rappelé quelques années après, pour le rejoindre chez Cholat. Entre temps j’avais créé une entreprise, avec l’ambition d'ouvrir un jardin botanique au Revard et travaillais en saison, chez Millet Pépinières et dans un Bricomarché.
Où travailles-tu aujourd'hui?
Thibaut : Depuis 17 ans, je travaille chez Cholat et je ne me lasse pas! C’est une bonne entreprise avec une très bonne ambiance d’équipe. Je suis responsable des commandes sur le quai de déchargement et prépare les commandes pour les expéditions. Le travail est très physique. Ici on ne chôme pas ! On travaille 8h30 par jour, ce qui fait 42h30 par semaine et jusque 50h en saison. Aux conteneurs, nous sommes 5 à temps plein et 10 en saison de rempotage. Je travaille avec 5 commerciaux. C’est une petite équipe à côté de la soixantaine de collaborateurs du groupe.
Quelles sont tes missions?
Thibaut : De mi-septembre à mi-mai, je m’occupe surtout des commandes et des réceptions de conteneurs. Par la suite, mes missions sont surtout le suivi des cultures, la taille et le désherbage. L’été, une grande partie de notre temps de travail se passe sur l’arrosage pour lequel nous effectuons des astreintes 1 week-end sur 2.
On aime ce que l’on fait, même 17 ans après !
Qu'est-ce qui te plait dans ce métier?
Thibaut : Ce qui me plait dans ce métier, c’est d’être dehors. Je trouve que j’ai un bon équilibre entre le temps passé au bureau, le matin souvent, et mon temps en extérieur. Ce que j’apprécie aussi, c’est mon autonomie dans le travail. Je peux m’organiser comme bon me semble. Tant que le travail est fait et que les clients sont contents… L’avantage c’est qu’ici, nous sommes tous passionnés. On aime ce que l’on fait, même 17 ans après !
Comment as-tu connu le lycée Costa de Beauregard?
Thibaut: Au collège, j’étais à Notre-Dame du Rocher. J’ai entendu parler du lycée du Bocage lors d’une journée d’orientation où l’ONF était présent.
Nos choix de plantes se fait selon nos coups de cœur, l’origine des plantes et leur rareté.
Vers quelle spécialisation t'es-tu orienté?
Thibault : J’ai commencé mes études en pépinière avant de me spécialiser en horticulture et de revenir en pépinière. J’ai toujours eu un amour pour les plantes vivaces et alpines – tant et si bien qu’à côté de Cholat, j’ai créé, avec mon épouse, Lydia, en 2001 notre pépinière : Flos Sabaudiae, qui signifie, en latin, « fleur de Savoie ». Nos choix de plantes se fait selon nos coups de cœur, l’origine des plantes et leur rareté. Chez nous, par exemples, vous ne trouverez pas d’aubriète violettes, ni de corbeille d’argent blanches ou d’or, jaunes.
Cela m'intrigue... Pouvons-nous venir vous voir?
Thibaut : Oui bien sûr ! Nous ouvrons notre jardin au grand public en mai et à quelques autres occasions. N’hésitez pas à passer ! Pour profiter d’autres jardins des environs, vous pouvez découvrir celui des Cîmes à Passy, ceux des cols du Lautaret, du Mont Cenis créer par le père Fritsch (1922-2003) que j’ai eu l’honneur de rencontrer au Bocage, le Jardin des 5 sens à Yvoire ou le jardin botanique de Samoëns. En Suisse, je vous conseille aussi de visiter le Jardin Botanique de Genève, à partir du mois de mars-avril.
Où as-tu fait tes stages?
Thibaut : Lors de mon BEP, j’ai fait mes premiers stages aux Pépinières Thomas au Tremblay (qui a fermé en 2013) puis aux Pépinières Triquet à Saint-Girod. Par la suite, j’ai rencontré Maurice Callendret à Lornay, une exploitation qui cultivait de plus de 1 000 plantes vivaces et fleurs différentes. J’y ai rapidement passé tous mes étés et fait mes stages de bac pro. Maurice m’a conseillé par la suite de faire mes stages de BTS aux Pépinières Sarreil-Baron à Saint-Vérand, conseil que j’ai suivi l’année suivante pour découvrir ses plantes vivaces et alpines, avant de revenir chez Maurice pour faire mon apprentissage en BTS technico-commercial.
Ce que je garde en mémoire, c'est l’esprit de famille qui règne au Bocage
Qu'est-ce qui t'a plu au lycée?
Thibaut : Ce que j’ai aimé par-dessus tout, c’était sa dimension et l’esprit de famille qui règne au Bocage. Tout le monde se connait. On faisait des voyages avec Jean Chiodin et les autres professeurs à Paris, avec une excursion à Disney, une expédition en Italie dans un lycée pro de Caluso, qui préparait les jeunes aux métiers de la vigne, avec des formations en œnologie, nos sorties avec Monsieur Virard, pour accompagner les futurs accompagnateurs en montagne. Les professeurs étaient très sympa !
Que t'a apporté le lycée?
Thibaut : Le lycée m’a apporté une formation, la théorie nous donne la méthodologie et la réflexion nécessaire pour concrétiser le travail sur le terrain. Sur le terrain il y a toujours une part d’imprévu et il est indispensable d’avoir la capacité de s’adapter.
Quelle est ta plante préférée?
Thibaut : Je ne peux pas vous le dire – j’aime tous les végétaux. Non vraiment, je ne peux pas en choisir une, les autres seraient jalouses ! Alors, si je devais choisir un arbre, ce serait l’érable acer griseum, appelé l'érable à écorce de papier ou cannelle, ou encore, érable cannelle, pour la couleur de ses feuilles en automne.
J’ai envie de leur dire de s’amuser dans ce qu’ils font et d’aimer ce qu’ils veulent faire.
Quels conseils donnerais-tu aux futurs étudiants ?
Thibaut : J’ai envie de leur dire de s’amuser dans ce qu’ils font, d’aimer ce qu’ils veulent faire. S’ils n’ont pas de passion derrière leur métier, il ne faut pas faire ce métier ! J’observe depuis quelques années que les jeunes ont moins de connaissances en arbustes et arbres. Depuis que le diplôme Production Horticole rassemble les 4 pôles (horticulture, maraîchage, arboriculture et pépinière), les jeunes n’ont plus le temps de se spécialiser autant qu’avant et de faire de la reconnaissance. C’est bien dommage ! A tous ceux qui souhaitent s’orienter vers les métiers de pépiniériste, je les invite à être curieux et à développer cette connaissance nécessaire et pointue.
Un grand merci Thibaut pour cet échange et à bientôt dans ton jardin. Le RDV est pris en mai...
