Du côté de Camille : sa sœur, Alix Costa de Beauregard (Sœur Mélanie) - partie 2

Découvrez qui était Alix, la sœur de Camille Costa de Beauregard

le Mardi 01 juin 2021

Soeur Melanie Soeur Melanie  

De la connivence aux confidences

La confiance réciproque que Camille et Alix se vouaient, les poussait à se livrer à des confidences mutuelles. Camille avait informé Alix de son appel de Dieu à la prêtrise, de ses angoisses et de ses doutes à l’idée d’abandonner une vie si prometteuse pour se consacrer au Seigneur. Alix, quant à elle, lui avait dévoilé son désir de devenir religieuse chez les « Filles de la Charité » (ou Sœurs de Saint Vincent- de- Paul). Elle lui avait dit sa peine à l’idée de quitter sa mère, toujours aussi attristée par son veuvage, qui vivait entre La Motte-Servolex et l’hôtel de Vérac à Paris, depuis que Félicie s’était mariée et demeurait elle-même à Paris.  Camille et Alix ne s’étaient pas dissimulé la peine que l’un et l’autre auraient du fait de leur séparation… Mais la perspective de donner leur vie entièrement au Seigneur avait fini par avoir raison de toutes leurs réticences.

De Chambéry à Paris

La marquise Costa de Beauregard s’était donc installée à l’hôtel de Vérac avec ses deux filles Alix et Antoinette. Elles partageaient la joie d’avoir des liens quotidiens avec Félicie qui résidait dans un hôtel dont le jardin était contigu au leur. Félicie venait souvent leur rendre visite avec ses enfants, à la grande joie de tous.

Mais les relations familiales n’étaient pas les seules qu’entretenaient les trois femmes. Le soir venu, la marquise invitait quelques amies à venir, ouvrage en main, écouter des orateurs leur raconter les souvenirs de la famille royale au Temple et les récits de Chateaubriand ou de Madame Récamier, ou encore  de leurs aïeules (de Noailles) mortes guillotinées sous la Révolution.

« Le cœur tout barbouillé »

Toutes ces réunions mondaines commençaient à lasser Alix, dont la vocation continuait de s’affirmer.  C’est au cours d’un séjour au château de La Motte, que, sans se laisser attendrir par les charmants souvenirs de son enfance, ni décourager d’abandonner une si belle vie, elle confia à sa mère sa résolution irrémédiable d’entrer chez les Filles de la Charité, même si, au plus intime d’elle-même, elle sentait son « cœur tout barbouillé ».

Dans une lettre à Félicie du 11 septembre 1868, elle écrivait :

« J’entrerai comme postulante à l’Hôpital Sainte-Eugénie où l’on reçoit des enfants malades. La perspective de les soigner me nourrit beaucoup. Tu sais ma passion pour les enfants…. Si je persévère, après quelques mois, j’entrerai au Séminaire de la rue du Bac…. Adieu, ma chère Félicie…

Après cette lettre, Alix écrivit à tous ceux qu’elle aimait et retourna avec sa mère à Paris.

Du bonnet à la cornette

Alix entra, comme prévu, à l’hôpital Sainte-Eugénie et fit ensuite son « Séminaire » (nom donné au noviciat des Filles de la Charité) après avoir reçu l’habit de postulante. Lors d’une de ses visites, Camille lui avait déclaré trouver sa tenue acceptable... « au bonnet près » avait-il rajouté avec une pointe de moquerie. (le bonnet était la coiffe des postulantes des Filles de la Charité).

Si le bonnet n’était pas de la dernière élégance, la cornette, coiffe définitive de la Congrégation était pour le moins extravagante ; une coiffe qu’elle allait recevoir le 17 novembre 1869.

 

Quatre ans plus tard, en prononçant ses vœux, elle recevait son nom de religieuse : Sr Mélanie.

 

Article de Françoise Bouchard, paru dans le cadre de la série sur la famille Costa de Beauregard, dans Eglise en Savoie.