Le 13 avril dernier, Jean-Marie Petitclerc, prêtre salésien de Don Bosco, éducateur et auteur de "Et si on parlait du suicide des jeunes", est venu à la Fondation du Bocage, donner des clés de compréhension pour aider à prévenir le geste et soutenir ceux qui l’ont vécu, dans leur entourage.
Après avoir bien resitué son propos comme celui d'un éducateur, toujours respectueux de la singularité de chaque jeune, le P. Jean Marie Petitclerc a partagé quelques grandes lignes de son expérience et de sa relecture de situations auxquels il a pu être confronté.
Grandir c’est mourir à l’enfance, pour naitre à la vie adulte. Pour lui, ce travail de deuil peut rendre ce passage difficile. Le mal être de nos enfants semble souvent naitre de l’écart entre le monde rêvé et la réalité du quotidien. Plusieurs dépassements sont nécessaires pour sortir de l’idéalisation de l’adulte, de soi, se sentir à l’aise avec le regard et les attentes des autres.
Notre système éducatif a tendance à pointer l'échec plutôt que la réussite, aussi Jean-Marie Petitclerc nous invite à ne jamais briser les rêves de nos enfants et à s’en saisir pour nourrir un dialogue. Les aider ainsi à relire leurs aspirations profondes permet de les accompagner dans leur orientation. Pour grandir, le jeune a besoin de confiance, de croire en l’avenir et d’être suffisamment entouré pour ne pas se sentir seul, impuissant et démuni face aux défis de la vie.
Derrière le suicide se cache chez l’adolescent, un formidable désir de vivre autrement, une tentative désespérée pour sortir d’une impasse et d’une souffrance insupportable.
Jean-Marie Petitclerc souligne que chaque histoire est singulière et qu’il est difficile de cerner le sens du message. Il nous invite à rester attentif à l’enfant qui grandit. Être attentif à l'adolescent, c'est prêter attention à ses pôles d'intérêt, et se rendre disponible en période de désinvestissement. C’est aussi s’assurer qu’il ait un réseau d’adultes "amis" bien identifié, pour parler en vérité, d’où l’importance du choix et de la mission des parrains.
La prévention du suicide passe sans doute par l’attention, l’écoute, le dialogue et la valorisation du jeune. Notre responsabilité est aussi de veiller à donner le goût de vivre à nos enfants et d’avoir un regard positif sur la Vie.
Pour que la foi soit un appui, il faut aussi grandir dans notre relation au Père. Il est nécessaire de passer de l'image du Dieu tout puissant qui interviendrait pour faire notre volonté, au Dieu Père, tout donné d'Amour, qui nous apprend à découvrir sa volonté et à nous décentrer pour entrer en relation avec les autres.
Extrait de la revue Eglise en Savoie de septembre 2022.