Du côté de Camille : sa sœur, Alix Costa de Beauregard (Sœur Mélanie) - partie 4

Découvrez qui était Alix, la sœur de Camille Costa de Beauregard

le Mercredi 01 sept 2021

Soeur Melanie 1 Soeur Melanie 1  

Et roule le "Berlingot" !

On a vu que Sr Mélanie recevait des personnes en tous genres. Parmi elles, figurait son frère Camille auquel elle aimait à son tour aller rendre visite au Bocage. Elle faisait alors atteler son "Berlingot", une espèce de calèche sur laquelle elle avait fait installer une sorte de toit en auvent pour abriter le cocher. Un déplacement bien pénible, aux yeux de tous ceux qui voyaient cette fille de marquis voyager, malgré son handicap dans des conditions aussi sommaires. Mais elle oubliait sa fatigue en voyant les orphelins du Bocage l’accueillir à son arrivée avec de joyeux applaudissements. Car celle qu’ils appelaient leur "tante", ne manquait jamais de leur apporter des friandises de sa confiserie.

Le départ du frère

Hélas, cette amitié du frère et de la soeur si unis entre eux, allait prendre fin par la mort de Camille que Sr Mélanie avait pu assister dans ses derniers moments, le 25 mars 1910. Si son état ne lui avait pas permis de l’accompagner au cimetière de Chambéry, elle avait pu assister à son transfert triomphal un an plus tard au Bocage, où il allait désormais reposer en paix au milieu de ses orphelins.

Quand la guerre survient

Les problèmes de santé de Sr Mélanie ne cessaient de croître, mais elle était entourée d’une Communauté active des Filles de la Charité assistées d’un personnel de laïcs compétents et dévoués. Début 1914, le nombre de filles hébergées était passé à 72 ; à leur sortie, Sr Mélanie leur faisait trouver un emploi et parfois aussi un mari. Tout allait donc au mieux pour l’orphelinat … c’était sans compter sur la guerre de 1914 qui allait lui imposer une nouvelle affectation : une "ambulance" (hôpital provisoire) installé dans des tentes sur les allées du parc, destinée à recevoir les soldats blessés sur le front pour les soigner au dispensaire de la maison. L’installation des soldats avait imposé une dispersion des enfants dans leur famille ou dans des familles d’accueil. Toutes ces activités et ce mouvement incessant, ainsi que le départ des orphelines, avaient créé d’énormes soucis de santé à Sr Mélanie qui allait être victime d’une crise cardiaque, le 16 octobre 1915. Malgré les prières ferventes dans la chapelle et dans les tentes des soldats, le mal alla en s’aggravant. Le 26 octobre, dans un dernier effort, elle ouvrit les yeux pour dire à ses soeurs d’une voix affaiblie : "il faut toujours prier", et elle s’éteignit, comme une bougie qui n’a plus de mèche, pendant que ses compagnes récitaient les prières des agonisants.

Le dernier adieu

Son visage jusqu’alors tourmenté par la souffrance, fut empreint d’une paix céleste illustrant ces paroles de st Vincent de Paul, patron de la Congrégation : "Ceux qui auront beaucoup aimé les pauvres pendant leur vie, verront sans crainte approcher la mort". Les habitants des Marches et les soldats défilèrent devant sa dépouille pour lui dire un dernier adieu et lui confier leurs intentions de prières. Le 30 octobre 1915, elle était déposée, comme Camille au caveau familial du cimetière de Chambéry.

Le dernier voyage

Si Camille avait été ramené par ses enfants au Bocage un an après, Sr Mélanie avait dû attendre le 25 octobre 1917 pour retourner définitivement chez elle, aux Marches avec tous les honneurs d’une cérémonie présidée par Mgr Castellan.
Les orphelines, dont certaines étaient venues l’entourer ce jour-là, allaient devoir attendre la fin 1919 pour réintégrer l’orphelinat.

 

Françoise Bouchard