Après 24 ans au Bocage, Mohammed Guerdane part à la retraite

Portrait d'un éducateur pas comme les autres qui a fait (presque) toute sa carrière à la Fondation du Bocage !

le Vendredi 31 mai 2024

M.G M.G  


Avant de partir en retraite bien méritée, après 24 ans aux services de la Maison d'enfants du Bocage, Mohammed nous a accordé une petite interview témoignage.

 

Ton premier jour

    Je sortais de formation ME (Moniteur éducateur), à l'IFTS d'Echirolle en 2000, et une amie m'a dit qu'ils recrutaient au Bocage. Je suis passé à l'accueil déposer ma lettre à Joëlle, secrétaire de l'époque, et j'ai été reçu par Monsieur Philippe Meunier, le Directeur. J'ai commencé un mardi de septembre et le jeudi suivant, je faisais ma 1ère nuit. Ce soir-là, je n'ai pas dormi de la nuit ! Il fallait que je pose le cadre avec des enfants au sommeil agités et qui testent !

 

Etre éducateur, pour toi, c'est...?

    Etre à l'écoute, disponible, avoir un bon sens du relationnel et faire preuve d'humour,... l'humour ça permet de désamorcer tellement de situations..., avoir l'esprit collectif (surtout en internat), savoir se tenir à la bonne distance du jeune, ni trop prêt, ni trop loin, aimer la relation à l'autre, aimer être avec les jeunes.

 

Une anecdote... ?

    Un camp dans le sud, j'avais prévu une journée vélo et cheval. Je m'étais dit que je ferai le cheval et ma collègue le vélo... et quelques jours avant ma collègue me dit discrètement « au fait Mohammed, je ne sais pas faire de vélo...". Qu'est-ce qu'on a souri avec ça. Depuis elle s'est bien rattrapée. Elle utilise même notre vélo de service pour visiter les jeunes !

 

Tes meilleurs souvenirs...?

    J'ai beaucoup aimé travailler ! Ce métier-là m'aura transporté ! Il m'a permis de rencontrer beaucoup de gens, de vivre beaucoup de temps joyeux et festifs : Noël avec les pères qui poussaient la chansonnettes, les fêtes de fin d'année, les barbecues à "La Petite Maison dans la prairie (NDLR: Le Prieuré), la soupe de Delphine et de temps forts avec les collègues, les préparations de camp, les séjours, les tournois, les réussites des jeunes, mais aussi quand c'était plus difficile avec les jeunes, quand on a perdu des collègues... Là, le collectif est très important. On se soutient mutuellement. Il y a une grande solidarité.

 

Ces 24 ans au Bocage ça aura aussi été ...

    Le travail avec les pères qui étaient très impliqués dans l'éducation des jeunes, les Noëls avec les jeunes ... J'ai un profond respect pour la Fondation et me suis senti moi-même respecté dans qui j'étais et dans ma propre religion. Je me souviens qu'une fois c'était la période du ramadan et le Père Rojon avait même laissé un mot "Nous souhaitons un bon ramadan à nos frères musulmans". Je pense que si je suis resté aussi longtemps c'est parce qu'il y avait un respect mutuel.

 

Ton regard sur les jeunes, Virginie, Fred, Marine, Kevin, Chloé, Faustino, et tant d'autres...

    Je suis toujours bluffé par leur incroyable capacité de résilience ! Quand je vois ce qu'ils sont devenus 15,20 30 ans plus tard... Ces "gamins" sont arrivés ici un jour, avec leur histoire, abimés, souffrant de carences éducatives, d'abandon, d'abus. Ensemble, on a construit un bout de chemin pour qu'ils puissent continuer à dessiner leur propre avenir. Avec le recul, je trouve que le système français est bien fait ! Je suis toujours content quand je recroise ces jeunes et qu'ils me disent que s'ils n'avaient pas eu le Bocage, ils ne savent pas comment ils auraient fini...Ce que je retiens, c'est qu'on n'a pas bossé pour rien !

 

Mohammed, merci à toi pour tous les souvenirs que tu laisses aux professionnels, aux jeunes, aux familles,...  

Merci pour ton professionnalisme, ton engagement, ton implication sans faille et surtout merci pour ta bonne humeur et ton humour à toutes épreuves !!!

 

Bonne continuation et ne manque pas de revenir nous voir de temps en temps