On l’appelait le père des orphelins. Camille Costa de Beauregard est né en 1841 au 14 de la rue Jean-Pierre-Veyrat. Descendant de l’une des plus illustres familles de la noblesse de Savoie, une brillante carrière semblait s’ouvrir à lui.
Mais à 22 ans, après une période d’interrogations et de doutes, la vie sacerdotale allait illuminer un destin d’exception. En juillet 1867, le jeune prêtre recevait sa première affectation à la cathédrale de Chambéry. Un mois plus tard, éclatait dans la ville une épidémie de choléra qui allait décimer tout particulièrement le quartier de Maché. On dénombra 132 morts à Chambéry.
Immédiatement, Camille allait organiser dans son appartement, rue Saint-Réal, l’accueil de jeunes orphelins. Devant le nombre grossissant de ces enfants, le prêtre partit à la recherche d’un autre toit. Le comte Ernest de Boigne lui céda un bâtiment proche de son château à la Cardinière. L’orphelinat du Bocage était né.
Une vie au service des autres
Très vite, les vertus et la personnalité de l’abbé Costa suscitèrent une vive adhésion. Un jour, quêtant sur la voie publique, un jeune enfant s’approcha de lui en disant : “Toi, je te connais, tu es le papa des orphelins !”. Cette naïve expression sera alors adoptée par tous les Chambériens. Après une vie exemplaire d’abnégation et de générosité, le 25 mars 1910, Camille Costa de Beauregard allait rendre l’âme le jour du Vendredi saint. Ses funérailles prirent la dimension d’un deuil public. Le corbillard du pauvre le conduisit à la cathédrale pour un office religieux qui allait réunir une foule considérable. Il fut inhumé au cimetière du Paradis, et sa tombe devint un lieu de pèlerinage.
Très vite, va naître l’idée d’un retour de ses cendres au sein du Bocage. Un tombeau fut édifié dans la cour d’honneur. La cérémonie de translation avait été fixée au mercredi 19 avril 1911, à 9 heures, plus d’un millier de personnes se sont alors pressées au cimetière pour la levée du corps.
Plus de 2 000 personnes ont assisté à la messe
Beaucoup étaient d’anciens orphelins qui s’emparèrent des timons du char funèbre pour conduire eux-mêmes leur “père” dans sa maison. Dans la cour de l’orphelinat, plus de 2 000 personnes assistèrent à une messe chantée.
Un demi-siècle plus tard, le Saint-Siège ordonna la constitution d’un tribunal ecclésiastique à la recherche de motifs autorisant sa béatification. Le 14 octobre 1965, les docteurs Viard et Vionnet attestèrent de l’intégrité d’un corps momifié en parfait état de conservation. Le 22 janvier 1991, le pape Jean-Paul II le proclama “vénérable”.
Le 14 mars dernier, la nouvelle de sa béatification fut accueillie avec émotion dans la capitale savoyarde. Le 17 mai 2025, les cérémonies officielles qui se dérouleront à la cathédrale verront la sanctification de cet illustre Chambérien, modèle de bonté et de charité.
Extrait du Dauphiné Libéré du 4 août 2024, par Guy Jacquemard