Un bon serviteur récompensé

Le samedi 12 novembre dernier, Monsieur Michel Dantin, président de la Fondation du Bocage a recu, des mains de Monsieur Michel Barnier, ex-ministre de l'agriculture et commissaire européen, la médaille de Commandeur du Mérite Agricole.

le Samedi 12 nov 2022

20221112_114713 20221112_114713  

 

 

"Cher Michel Dantin, soyez, en premier lieu, infiniment remercié d'avoir choisi ce lieu. Vos liens avec la Fondation du Bocage, que vous soutenez comme administrateur depuis une quarantaine années et comme président depuis une vingtaine d'années, expliquent sans doute pour une part, et ceux avec l'enseignement agricole de Savoie pour une autre part. Nous en sommes très honorés et ce choix  nous oblige. J'en profite, vous ne m'en voudrez pas, pour présenter rapidement à vos invités, famille et amis, ce qu'est la Fondation du Bocage, que j'ai la joie de diriger et qui, je le perçois depuis mon arrivée, il y a un an et demi, ne vous offre pas seulement un fil conducteur dans vos engagements, un parmi d'autres, mais aussi une part de cette nourriture, de cet Esprit qui nourrit l'âme.

 

En quelques mots : l'oeuvre du Bocage, un orphelinat regroupant quelques jeunes, se met en place du fait d'une pandémie en 1867, dans cette Savoie tout juste française, et du désir de se mettre au service des plus nécessiteux pour un jeune abbé issu de la haute aristocratie savoyarde. Il choisit le métier de jardinier pour l'apprentissage de ses jeunes et acquiert, dès les premières années, les terrains sur lesquels nous sommes. Il formule explicitement ce choix pour offrir à ses protégés une perspective sécurisante et une sorte de garantie de belle vie morale: "L'état de jardinier, dit-il, est celui qui offre le plus de garantie pour la moralité... Chaque jour les bons jardiniers deviennent plus rares ; aussi sont-ils plus recherchés et mieux payés".

C’est cette formation qui aujourd'hui est devenue le Lycée agricole. Il accueille 250 apprenants, dont 30 alternants, de la 4ème au BTS, dans les filières Horticoles, aménagements paysages et service à la personne.

L'accueil des orphelins en internat est devenu aujourd'hui d'une part un internat scolaire inter-établissement et un internat permanent pour des jeunes confiés par la protection de l'enfance. (125 apprenants sont accueillis à l'internat scolaire, 100 places sont dédiées à des jeunes confiés, de 6 à 21 ans). Pour arriver aux 149 places ouvertes à la Maison d'Enfants, il faut ajouter 20 places pour les décrocheurs complets du système scolaire et 33 situations sont accompagnées à domicile en prévention.

Je ne peux présenter rapidement cette structure actuelle sans dire un mot de l'enracinement que vous, Monsieur le Président, veillez à faire vivre et qu'avec le Provincial des Salésiens vous nous avez confié, à mon équipe et à moi-même, fils adoptif de la Savoie par mon passage au 13ème BCA entre 1996 et 2006.

 

A tout Seigneur, tout Honneur. Je veux parler de St François de Sales, cet apôtre fougueux de la douceur, passionné de transmettre, inlassable pèlerin de Savoie, qui avait une telle estime pour le tout un chacun qu'il provoque un renouveau, à son époque, de l'exigence de proposer le meilleur à chacun, sans perdre une miette de ce qui fait tout l'Homme.

En proposant une introduction à la vie spirituelle en réponse aux aspirations des hommes et des femmes de son temps, il a donné un coup d'accélérateur à cette intuition de ne pas réserver cela aux clercs, et formulé l'appel universel à la sainteté que le concile Vatican II va rappeler avec force.

C'est cette figure, avec celle de St Vincent de Paul, que Camille Costa de Beauregard a choisie et qui l'a rendu si proche de Don Bosco, prêtre de quelques années son aîné, qui, de Turin, cette voisine, Soeur, l'a aussi donné en exemple à la Congrégation qu'il a fondée, en lui donnant son nom : les "Salésiens".

Voilà notre source commune, celle qui donne sa dignité à chacun, quelle que soit son histoire et que Camille résumait ainsi lorsqu'on lui demandait le secret de sa méthode: "nous les aimons beaucoup". Peut-être ai-je été un peu long. Mais il me semblait nécessaire de souligner ce que je pressens être aussi la source de votre engagement, Président, et ce qui en donne la fécondité. Le dialogue qui s'impose aujourd'hui entre nos concitoyens sensibilisés aux grands équilibres écologiques et les exigences données au monde agricole est difficile, et notre maison commune l'exige pourtant, non pour elle-même d'abord, mais pour que chacun puisse être au service des uns et des autres et de notre planète, comme d'un patrimoine qui nous a été confié. C'est l'un des plus grands enjeux de notre formation agricole d'aujourd'hui.

 

Ce dialogue exige aussi de mettre à l'honneur ceux qui associent le profond respect de l'éducation des jeunes dans toutes les dimensions que nous avons évoquées et les hautes compétences dans le domaine de l'agricole que ce dialogue exige.

Je suis très heureux, Monsieur le Commissaire, d'être le témoin de cette mise à l'honneur, et que cela soit par vous, sachant que vous en portez aussi le souci, sans m'étendre sur les liens d'amitié et de confiance qui vous lient à Michel Dantin, que l'on sait forts, et que cela soit ici dans les serres du Lycée".

 

Xavier de Roissart