Bonheur, où es-tu donc passé ?

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco, éducateur, coordinateur du réseau Don Bosco Action Sociale (DBAS), nous révèle que le bonheur n’est pas dans ce que l’on possède...

le Mercredi 27 oct 2021

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J’ai eu la joie d’encadrer, durant les années 70, les "Poppys", cette chorale de jeunes garçons d’Asnières, en Ile-de-France, qui chantaient à tue-tête : "Bonheur, bonheur, où es-tu donc passé ?" Le bonheur …S’il est quelque chose que chacun recherche, qu’il soit jeune ou âgé, croyant ou incroyant, n’est-ce pas le bonheur ? Et nous sentons confusément que cette notion dépasse les seuls moments de joie ou de plaisir que peut nous offrir l’existence.

"Heureux ceux qui manquent"

Mais alors, une question se pose: Quel chemin emprunter pour l’atteindre ?

En ces jours où nous nous apprêtons à fêter la Toussaint, Jésus vient nous offrir une réponse.

Quel est, selon lui, le secret du bonheur ? Il répond à cette question dans le sermon sur la montagne. Voici alors qu’au milieu de la cacophonie assourdissante des voix si nombreuses dans notre monde d’aujourd’hui, qui ne cessent de répéter : "Heureux ceux qui ont argent, diplôme, résidence secondaire, SUV", que surgit une parole neuve : "Heureux ceux qui manquent !"

Oh, je sais combien cette parole peut paraître folle aux yeux de beaucoup, dans ce monde où tout s’achète. Mais je sais aussi qu’elle peut couvrir de confusion tant de discours faciles qui se prétendent sages, car le bonheur de recevoir, lui, ne s’achète à aucun prix.

L'important n'est pas ce que l'on possède

Tel est le secret du bonheur que Jésus est venu révéler au monde, et que celui-ci a tant de mal à entendre. L’important, ce n’est pas ce que l’on possède mais ce que l’on échange ; ce n’est pas ce que l’on a, mais ce que l’on donne et que l’on reçoit … Et seul le manque peut permettre l’échange… Voilà pourquoi celui qui manque est sur le chemin du bonheur, alors que celui qui est enfermé dans les richesses ne sait peut être même pas que le bonheur est un chemin.

Oh, entendons-nous bien ! il s’agit d’être pauvre, et non d’aimer la pauvreté pour la pauvreté, encore moins de s’y complaire. Car, lui Jésus, qui n’a cessé de guérir tous les malades qu’il rencontrait – et la maladie n’est-elle pas la forme la plus extrême de pauvreté ?- , savait bien qu’on ne peut être réellement pauvre qu’en luttant contre la pauvreté. Comme le dit un théologien sud-américain, « la pauvreté chrétienne, expression d’amour, est solidaire des pauvres et protestation contre la pauvreté. »

Associer pauvreté et amour

S’il est en effet quelque chose qui jamais ne peut être possédé, mais seulement donné et reçu, n’est-ce pas l’amour ? Lequel d’entre nous aurait la folie de croire "J‘ai l’amour de ma femme" ou bien "j’ai l’amitié de mon copain" ? S’il raisonnait ainsi, il serait sur le chemin de le perdre. Il ne peut jamais s’agir d’avoir l’amour, mais d’aimer et de se laisser aimer. 

Et c’est ainsi que les béatitudes sont comme "la carte d’identité du chrétien" aime répéter le pape François : "Le mot “heureux” devient synonyme de “saint”, parce qu’il exprime le fait que la personne fidèle à Dieu atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur."

S’il est un adolescent qui a complètement saisi la portée de ce message, n’est-ce pas le jeune Dominique Savio, un élève de Don Bosco, qui le résumait ainsi : "Sache qu’ici nous faisons consister la sainteté à être toujours joyeux !"

 

Retrouvez l'interview du Père Jean-Marie Petitclerc sur RCF.