Botanique et jardins : la petite histoire dans l’histoire du Muséum

Le Muséum d’histoire naturelle de Chambéry se situe au bout de l’avenue de Lyon, entre la préfecture et l’hôpital. Toujours ouvert aux visites, il recèle des collections étonnantes.

le Mardi 25 août 2020

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La botanique a tenu, des années durant, une place centrale dans les travaux de la Société d’histoire naturelle de la Savoie (SHNS). Lorsqu’elle a été créée en 1844, sa vocation était de réunir les travaux de sciences naturelles, mais également de fonder un Muséum et un jardin botanique. Le roi Charles-Albert va permettre à la Société de se réaliser en lui cédant en 1845 la maison du jardinier et la partie basse du jardin du château de Chambéry. Le jardin a bien changé.

De 1845 à 1860, il était composé de milliers de plantes. C’est Auguste Huguenin qui a la charge de l’entretien du jardin. Ce dernier côtoie à la Société le pharmacien Joseph Bonjean, botaniste accompli. Ces deux hommes vont offrir à la Société leurs herbiers respectifs. Contenues dans des dizaines de caisses, plus de 100 000 plantes témoignent de l’extraordinaire activité de récolte, d’échange et de classement de ces hommes passionnés du XIXe  siècle.

En 1860 le grand jardin perd plus de la moitié de sa surface. Cela ne signifie pas la fin des travaux de botanique à la Société ni même au jardin. En 1886, les botanistes de la Société, André Songeon aidé par Eugène Perrier, font des expériences pour sauver le vignoble savoyard du phylloxera, qui sévit dans toute l’Europe. Quelque 114 espèces, croisées avec des plants américains, forment la nouvelle station viticole de la Société dans le jardin du Muséum. Des recherches qui ont eu un impact par la suite.

Songeon : des travaux remarqués et des plantes alpines qui portent aujourd’hui son nom

André Songeon (1826 – 1905) se découvre une vocation pour la botanique à l’âge de sept ans, lorsqu’il reçoit des mains du jardinier d’un château parisien un herbier ayant appartenu à l’impératrice Joséphine. Après cette rencontre, il fait l’école buissonnière pour cueillir ses premières plantes. Son père l’envoie à Paris chez un banquier. Songeon revient à Chambéry quelque temps plus tard, décidé à se consacrer à la botanique contre l’avis de son père. Infatigable, il aide l’ornithologue Jean-Baptiste Bailly pour les observations de son futur ouvrage sur l’ornithologie de Savoie. Il étudie la botanique des Alpes avec Huguenin, Alfred Chabert, Eugène Perrier de La Bâthie.

Avec ce dernier, il publie en 1863 un aperçu de la distribution des plantes en Savoie. Il y indique que la nature chimique des sols a une plus grande importance sur les végétaux qu’on ne voulait alors le croire. Trois plantes alpines portent désormais son nom et l’une d’elle est endémique du mont du Chat. Il a peu publié sur ses observations. Lorsque ses contemporains lui demandaient d’écrire sur ses découvertes, il répondait que d’autres se chargeront de le faire. Suite à la perte de son fils unique vers 1900 il se laisse aller au désespoir et brûle ses notes peu avant sa mort. La SHNS conserve encore son herbier, volumineux.

La relève au XXe  siècle, assurée par le directeur de la fondation du Bocage

Bien plus tard, à partir des années 1960, c’est un botaniste alsacien qui prend la relève à la SHNS. Robert Fritsch, prêtre, directeur de la fondation du Bocage dont il relèvera le niveau botanique, présidera la SHNS jusqu’au début des années 2000. Spécialiste infatigable, il publie des ouvrages sur la flore des Alpes.

L’herbier qu’il a laissé à la Société est sans doute l’un des plus rigoureux scientifiquement. Sa mémoire s’honore toujours à la Société d’histoire comme à l’école du Bocage où son enseignement résonne encore aujourd’hui.

Les herbiers de la Société ont une valeur scientifique sinon historique. Classés 4e au rang des herbiers de la Région en 2007, ils témoignent de l’extraordinaire quête de connaissance de la botanique des scientifiques savoyards. Le plus volumineux herbier de la SHNS est antérieur à 1700. C’est un herbier italien de Boizone Battista ayant appartenu à l’abbé Mellarède, mort en 1780 à Chambéry et dont le cabinet de curiosité de sciences naturelles, offert à la ville de Chambéry, fut le fondement du premier musée de la ville.

 

➤ Le Muséum d’histoire naturelle de Chambéry est ouvert du lundi au vendredi de 8 heures à 18 heures pour les groupes. Pour le public, il est ouvert le mercredi après-midi de 14 heures à 18 heures.

➤ Tarifs : 3 € par personne et gratuit pour les enfants.

 

Article de Claude Dumas, dans le Dauphiné Libéré.