Colère et violence

La Chronique des Salésiens : cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco nous parle de la colère et préconise l'écoute et la fermeté pour ne pas tomber dans la violence.

le Mercredi 23 juin 2021

Colere Colere  

 

"La colère est légitime, mais la violence est inacceptable."

Tel est, en quelque mots, le résumé des propos tenus par notre président de la République, juste après avoir reçu une gifle mémorable, qui a rapidement fait le tour des médias du monde entier. La question se pose de manière claire dans notre société d’aujourd’hui : comment permettre à la colère de s’exprimer par d’autres moyens que le recours à la violence ?

Il s’agit d’un véritable enjeu pour notre démocratie. Et peut-être est-ce là une des principales missions de tout éducateur, qu’il soit parent, enseignant ou animateur : apprendre, à l’enfant qui grandit, à savoir exprimer sa colère sans recourir à la violence.

 

Observons le comportement des bébés. Tous sont capables de grandes colères à l’occasion de la moindre frustration : lorsqu’ils ont faim, ou qu’ils ont mal, ou qu’ils se sentent délaissés ! Mais leur fragilité leur interdit de devenir violents. Lorsqu’ils grandissent, s’ils ne sont pas accompagnés de manière éducative, alors vous les verrez se mettre à casser leurs jouets, ou bourrer de coups de poings leurs frères et sœurs, à la moindre colère. Combien il est important alors de leur faire découvrir que l’adulte est capable d’entendre les motifs de leur colère, mais qu’il ne peut leur permettre de s’en prendre de manière violente aux objets et aux autres.

 

L’enfant doit apprendre à mettre des mots sur ses émotions, pour pouvoir entrer en dialogue.

Telle est, à mes yeux, l’une des grandes missions de l’éducateur. Et celle-ci doit être mise en oeuvre dès le plus jeune âge.

Malheureusement, force est de constater qu’aujourd’hui bon nombre d’adultes ont de plus en plus de mal à dire "non" à l’enfant et à l'accompagner avec bienveillance dans l’apprentissage de la gestion de la frustration. Car, gérer la frustration, ce n’est pas inné, cela s’apprend. Et si la principale difficulté que rencontre notre société aujourd’hui – je pense à la violence de certains de nos concitoyens – avait pour origine ce déficit éducatif ?

 

Il me semble que si nous voulons éviter de sombrer dans cette dérive violente, qui à terme peut mettre à mal l’ensemble de notre société, il nous faut réapprendre à concilier écoute et fermeté. Et c’est d’ailleurs justement cette conjugaison qui caractérise l’art éducatif préconisé par Don Bosco : savoir écouter les facteurs de la colère, qui bien souvent puise ses racines dans de fortes inégalités, mais rester ferme dans l’interdiction de toute forme de violence, en sachant toujours privilégier le dialogue.

Nous voyons combien aujourd’hui nous mènent dans l’impasse ces politiques qui, à force d’être à l’écoute vont jusqu’à justifier la violence, ainsi que ceux qui, ne sachant pas écouter, nous emmènent dans une spirale de violence, dont nous sentons la force destructrice.

 

À l’heure où notre pays connait une période électorale, combien il est important de choisir des élus qui savent allier, sans vouloir les opposer, une grande capacité d’écoute de tout ce qui peut être facteur de colère et une grande capacité de refus de tout ce qui peut être violence des comportements.

 

Retrouvez l'interview de Jean-Marie Petitclerc sur RCF.