Voici que durant la nuit de Noël, il nous est donné de contempler l’Enfant de la crèche. Oh ! Je sais, s’élèvent dans notre République laïque certaines voix qui ne veulent toujours pas comprendre que le vrai sens de la laïcité réside dans le respect de la diversité des traditions religieuses de notre pays. Ils ne voudraient alors offrir à nos enfants pour Noël que des symboles commerciaux, tel ce personnage de Saint Nicolas, relooké par Coca-Cola en père Noël, et instrumentalisé pour faire marcher l’industrie du jouet.
Pourquoi, après vingt siècles, nous faudrait-il accepter que des idéologues viennent priver nos enfants de la capacité à s’émerveiller devant une crèche illuminée et de pouvoir ainsi découvrir que la naissance d’un enfant, même dans des conditions misérables, est un véritable trésor pour l’humanité toute entière ? Voici que pour nous chrétiens, Dieu vient dans notre monde comme un enfant qui naît.
Qu’est-ce que cela peut bien signifier pour nous aujourd’hui ?
Un enfant qui naît, c’est à la fois beau et fragile. Il n’y a rien de plus beau en ce monde que le visage de l’enfant qui sourit à la vie. Mais combien est fragile le nouveau-né ! Tout ce qui est beau est fragile. Rien n’est plus beau que l’amour qui unit deux époux, que portent les parents à leurs enfants et les enfants à leurs parents. Noël est la fête des familles… mais combien l’amour est fragile : il suffit de quelques mots irrespectueux, de quelques rendez-vous manqués, de quelques mensonges proférés, et l’amour peut se briser. En cette nuit, sachons prendre soin de l’amour.
Un enfant qui naît a besoin de son entourage pour survivre. Jésus a eu besoin en cette nuit de la présence de Marie et Joseph, et la légende nous dit même qu’il a eu besoin des animaux, de l’âne et du bœuf pour le réchauffer. Un Dieu qui a besoin de l’homme pour survivre en cette nuit : tel est le message de Noël, un message scandaleux pour beaucoup ! Je songe à mes amis musulmans pour qui Dieu est le Très-Haut devant lequel on s’incline. Pour le chrétien, voici qu’en cette nuit, Dieu fait alliance avec l’humanité et devient ainsi partenaire de l’homme. Saurons-nous encore aujourd’hui répandre ce message ?
Enfin, un enfant qui naît, c’est un avenir qui s’ouvre. Il nous faut apprendre à parler de Noël au futur.
Qu’est-ce que cela veut dire ?
Noël n’est pas derrière nous. Il ne s’agit pas d’un souvenir d’enfance, qu’il nous faudrait raviver un soir chaque année, avec d’autant plus de ponctualité que la routine en accentue la fadeur. Ce n’est pas un rêve de jadis qui viendrait nous visiter une fois l’an.
Non, Noël est une lumière d’avenir, un amour qui appelle, un ferment qui travaille et vient donner sens à l’engagement pour la construction d’un monde un peu meilleur, un peu plus juste et un peu plus fraternel.
Je conclurai alors par cette exhortation de saint François de Sales, que Don Bosco aimait répercuter à ses chers jeunes le soir de Noël : « Contemplez ce petit nouveau-né de la crèche de Bethléem ! Ecoutez ce qu’il vous dit ! Regardez l’exemple qu’il vous donne. »