Un académicien très prisé
Le talent de Charles Albert Costa était fort apprécié du monde littéraire. C'est ce qui lui valut de siéger très tôt à l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie (1865) et même d'en être le Président de 1887 à 1889. Après avoir été lauréat du prix Monthyon (1878) décerné par l'Académie Française, il fut compté parmi ses membres en 1896. C'est au fauteuil N°32 qu'il siégea parmi les Immortels, en lieu et place de Camille Doucet. Notons que deux sièges étaient à pourvoir et que c'est Anatole France qui fut élu au second. Dans cette auguste assemblée, la présence (trop rare) du marquis était très prisée : " Quand il venait, quelle bonne humeur, quel entrain, quelle verve joyeuse, quelle bonne camaraderie, que de bons mots qui n'étaient pas méchants et qui étaient bons cependant chose assez rare !" Sa vue seule réjouissait déjà, dit un de ses pairs. Sa notoriété lui valut aussi d'être membre d'honneur associé de l'Académie des Sciences et Belles Lettres de Lyon. Il fut aussi élevé au grade de Chevalier de la Légion d'honneur.
Un cœur altruiste
Il est une dernière facette de cet homme si méconnu, qu'il partage avec son frère Camille et sa Soeur Alix (Soeur Mélanie). Comme eux, il a hérité de son père d'une foi à toute épreuve et une charité sans borne : déjà en Savoie, dans sa jeunesse, à La Motte, puis à Paris, où il s'implique dans diverses associations caritatives. Il est membre actif de l'Office Centrale des Œuvres de Bienfaisance" et de "l’Œuvre du Bazar de la Charité". Très influencé par les "settlements" anglais (mouvement social libéral), il publie en 1896, un article intitulé : "L'œuvre sociale en Angleterre". Il devient alors Président du "Comité de Patronage de l'Œuvre Sociale de Popincourt", jusqu'à la dissolution de celle-ci en 1900.
Dans l'intimité des vrais amis
Tant d'activités viennent à bout des plus solides. A la mort de son père, il avait hérité de la propriété à La Motte. Il va s'en séparer pour acquérir l'ile de Port-Cros, dans le Var. Il y accueille ses amis écrivains. Monsieur de Vogüé y écrit "Jean d'Agrève", Paul Bourget y consacra "La Voie Sans Retour". "Je lui dois surtout", écrit-il "d'avoir mieux connu l'homme qui m'honorait de sa haute amitié. Dans cette solitude de Port-Cros, il s'épanouissait comme s'il respirait mieux loin de l'agitation humaine."
Dans le voisinage du Bon Dieu
La fin de sa vie approchant, Albert Costa va délaisser "L'Ile d'Or" pour revenir à Paris. De sa maison, face à l'église Saint François Xavier, il dit alors : "Ce qui me dévide (pour le choix de cette demeure), c'est le voisinage du Bon Dieu, car je ne m'installe plus maintenant pour vivre, mais pour mourir." Le 15 février 1909, il s'éteignait après une pénible maladie. Emmanuel Dénarié écrivit alors : "Sur son lit de repos, mes yeux l'ont contemplé longtemps : son front semblait avoir gardé une grande pensée et dans sa majestueuse immobilité, sa tête portait ce masque de belle audace du gentilhomme et du croyant qui jette le défi de la mort. Il venait d'entrer dans la vie."
Article du Père Paul Ripaud, paru dans le cadre de la série sur la famille Costa de Beauregard, dans Eglise en Savoie.