Du côté de Camille... un appel qui en génère un autre (Partie 2)

"Mes enfants, Viens et suis-moi", cette voix de Dieu qui nous appelle à le servir, l'entendons-nous comme la voix des hommes ?

le Vendredi 01 sept 2023

Camille Costa de Beauregard color Camille Costa de Beauregard color  

 

"Mes enfants, Viens et suis-moi", cette voix de Dieu qui nous appelle à le servir, l'entendons-nous comme la voix des hommes ? Non, quand Dieu parle à un coeur, ce n'est pas par un bruit de paroles, mais c'est d'une manière silencieuse et dans l'intérieur du coeur qu'il se fait entendre." (CC de B, Sermons, page 190)

Le Père des Orphelins

Tout juste jeune prêtre, c'est un autre appel qui va résonner dans son coeur. Fin août1867, le choléra venait de frapper la ville de Chambéry. Les morts se multipliaient, privant de nombreux enfants de leurs parents. N'écoutant que son bon coeur, Camille en accueillit quelques-uns dans son petit logement, rue saint Réal.
Cet appartement devenant vite trop étroit, le comte de Boigne (grand bienfaiteur de la ville de Chambéry) mit à sa disposition les locaux de l'ancienne douane en bordure de sa propriété de Buisson Rond. Dans une lettre datée de décembre de cette même année, le comte écrit :" Je pense, comme vous, que les oeuvres de Dieu doivent commencer modestement : mettez-vous à votre tâche le plus tôt possible, sans bruit, sans avoir même de plan irrévocablement arrêté, et l'expérience vous apprendra ce que vous devez faire. Dans peu de temps, par la seule pratique, vous serez passé maître dans la seule direction du cher orphelinat dont j'appelle de tous mes voeux la prospérité et le développement. Je suis heureux que cette oeuvre de
Dieu nous mette en rapports. Elle est bien vôtre : je n'en ai eu ni la pensée première, ni n'en aurai le souci; vous aurez la plus grande part dans sa direction et son entretien. Que Dieu vous en récompense."
Comme lors de sa première vocation (sacerdotale), Camille se tourne alors vers le Séminaire Français de Rome où le directeur, le père Feydt, est un homme de bon conseil. Il reçoit cette réponse : "Que le Bon Dieu vous réserve au ministère de la charité et de l'évangélisation des pauvres, je n'en ai jamais douté. J'en doute maintenant moins que jamais et je le remercie du poste d'humilité et de bienfaisance où sa grâce vous appelle. La solitude où vous vivrez me semble bien préférable à tous le clinquant des honneurs ecclésiastiques. Votre âme se sanctifiera parmi ces enfants auxquels vous aurez la certitude de faire un bien immense, sans autre souci que celui du pain quotidien. Mais le Père céleste ne le refuse jamais à son petit peuple de prédilection : les pauvres."
Ainsi allait voir le jour une oeuvre sociale inspirée par l'amour inconditionnel pour les petits, les mal-aimés, d'un homme que le père Feydt, dans la même lettre, appelait déjà "père des orphelins".

 
Prêchant, un jour, à ses enfants, à partir de l'évangile selon St Luc chapitre 5, versets 10 et 11 :"Jésus dit à Pierre : ne crains pas, désormais vous serez pêcheurs d'hommes", Camille leur parlait ainsi de la vocation : "Comme nous le voyons dans cet évangile, il y a des jeunes gens que Dieu appelle à son service d'une manière particulière. Il les choisit entre tous les autres et il leur donne une vocation." Que veut dire le mot vocation ? Il veut dire appel. Il est bien certain que Dieu appelle tous les hommes à le connaître, l'aimer et le servir, mais pas tous de la même manière. Nous sommes tous ses serviteurs, mais dans des positions différentes. Les uns, il les laisse dans le monde, il veut qu'ils y restent pour gagner le ciel comme de bons chrétiens, de bons ouvriers de bons pères de famille. Pour d'autres, il veut qu'ils quittent le monde, leur famille, qu'ils renoncent à leur fortune et à leur liberté pour se consacrer, comme les apôtres, à son service, pour sauver non seulement leur âme, mais encore celle des autres. Ce sont les prêtres et les religieux qu'il envoie évangéliser partout dans le monde, les religieuses qu'il place auprès des pauvres et des malades pour les soulager et des enfants pour les élever (pour les plus jeunes de ses
orphelins, il avait fait appel aux "Filles de la Charité"). A toutes ces âmes choisies par lui, il fait entendre cette parole dans leur cœur : "Viens et suis-moi" ! et ils ont obéi. Il est beau de servir le Bon Dieu de cette manière, de se dévouer à un si bon maître, d'être appelés à être ses amis particuliers, à le suivre partout comme apôtres, à le servir dans le monde.
Heureux ceux qu'il a ainsi choisis !
Appelé d'abord au sacerdoce et, ensuite, au service des orphelins, Camille répondait à cette voix intérieure qui l'interpellait. Comme il le disait lui-même, tous sont appelés à la vie chrétienne, certes, et certains à une tâche plus spécifique de service dans l'Église. C'est dans la réponse généreuse à cet appel, entendu dans son coeur, que chaque chrétien s'épanouit et marche vers la sainteté.

 

P. Paul Ripaud