Du côté de Camille : le Bocage aujourd'hui

En 1910, c'est Ernest Costa de Beauregard, neveu du fondateur, fils de son frère Josselin, qui prit la suite de la direction de l'Orphelinat. Une tâche qu'il assura avec constance, pendant 44 ans, avant de remettre l’œuvre en 1954, aux mains des Salésiens

le Jeudi 01 sept 2022

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En 1954, Ernest Costa de Beauregard meurt. Connaissant les liens que son oncle avait entretenus avec Don Bosco, il remet l'institution de Camille, aux Salésiens. Le Bocage est aujourd'hui encore, et malgré le départ en 1996 des derniers prêtres de la communauté, un établissement salésien.

 

Le Père Chambe fut le premier directeur salésien. Aidé par quelques collaborateurs, il prit en main un établissement vieillissant, pour le moderniser et l'adapter progressivement aux besoins et aux conditions de notre époque : la maison connut des agrandissements, la surélévation des bâtiments, la construction du gymnase, l'extension et la modernisation des serres... Et en 1981, sa reconnaissance d'utilité publique par l'Etat, en devenant une Fondation.

Aujourd'hui, même si le Bocage reste limité géographiquement au bassin chambérien et concentre son action essentiellement sur le département et la région Rhône-Alpes, il fait partie du réseau international des Maisons Don Bosco qui est implanté sur tous les continents. L'établissement se répartit aujourd'hui sur différents sites. L'objectif est de favoriser un accueil dans de petites unités de vie, à Chambéry même, mais aussi à Saint Alban-Leysse, à la Motte Servolex et il gère trois activités : un lycée professionnel et une exploitation horticole pédagogique, des maisons d'enfants et des centres de vacances.

 

Le Lycée Professionnel s'est modernisé, avec l'agrandissement des bâtiments scolaires et de nouvelles serres, la rénovation de des internats. Il accueille 250 élèves dans des formations de l'horticulture, de l'aménagement paysager et des services à la personne.

 

L'exploitation horticole est devenue une SARL, gérée par des professionnels qui assurent la production, mais c'est en même temps, un terrain d'application pour les élève du lycée, ce qui est particulièrement remarquable, parce qu'aujourd'hui, les établissements de formation n'ont pas tous une exploitation à demeure.

 

La Maison d'Enfants s'est développée également. Elle compte 140 jeunes et si le mode d'accueil principal fut pendant longtemps l'internat, l'établissement propose aussi des prises en charge différentes, individualisées, en journée pour les enfants en difficulté scolaire ou encore auprès des familles. Depuis quelques années, à la demande du département, le Bocage accueille aussi des jeunes migrants.

Des changements importants ont eu lieu au fil des années. Le Lycée des Charmilles a intégré la Fondation, le Relais Familial, association implantée à Saint Alban Leysse a rejoint la Maison d'Enfants. Le Bocage assure l'internat pour les Lycées Saint Ambroise et Sainte Geneviève et offre 140 places.

 

Un défi pour notre temps

 

Alors bien sûr, on peut se demander comment il est possible aujourd'hui de se référer et de mettre en pratique un modèle d'une telle exigence, dans un monde où les références chrétiennes ne font pas sens pour tout le monde ?

On peut se demander si la relation affective n'est pas aujourd'hui un levier bien difficile à mettre en œuvre. On sait en effet qu'une affection mal maîtrisée, par des éducateurs qui n'auraient pas suffisamment résolu la question de la bonne distance, du respect de l'autre, peut être tout à fait contre-productive et même dangereuse. Mais ce qui fait la force du modèle d'éducation que nous ont laissé à la fois Jean Bosco et Camille, n'est-ce pas justement le respect de l'enfant ou de l'adolescent et la volonté de l'accompagner dans son chemin, à lui, et non pas dans celui que l'on veut pour lui, même s'il s'agit pas l'affection et l'exemplarité, de l'aider à trouver ce chemin ?

 

Par Gabriel Tardy pour L'Eglise en Savoie - sept. 2022