Bien que la doctrine de l'Immaculée Conception ait été reconnue dès 1439 par le concile de Bâle, c’est seulement le 8 décembre 1854, que le pape Pie IX l’érigeait comme un dogme officiel de la Foi. Camille avait alors 13 ans, mais était déjà très imprégné de la dévotion à Marie qui était fortement ancrée dans la famille Costa.
Les 11 enfants de Pantaléon avaient reçu avec leurs autres prénoms, celui de Marie.
Revenons en 1839. Le père de Camille, le marquis Pantaléon, était venu se fixer à Chambéry, rue Jean Pierre Veyrat, et la famille dépendait, lorsqu’elle séjournait l’hiver à Chambéry, de la paroisse Notre-Dame. Cette église Notre-Dame, édifiée au 17ème siècle pour le collège des Jésuites, transformée en église paroissiale en 1802, devint dès 1804 le siège de la confrérie du Rosaire. En 1832, on y institua le mois de Marie, puis en 1842, Mgr Billet y autorisa la première confrérie du Coeur Immaculé de son diocèse.
Ce haut lieu d’expression de la dévotion à Marie fut aussi un ancrage important pour la foi et les évènements religieux (baptêmes, sépultures) de la famille Costa de Beauregard. Camille y fut baptisé le 18 février 1841.
En 1850, le marquis Pantaléon fit don à sa paroisse d'une magnifique sculpture figurant la vierge de miséricorde. Il avait fait construire pour l’accueillir un bel autel en marbre inauguré le 9 décembre de cette même année. Camille Costa de Beauregard restera toute sa vie fidèle à cette chapelle et quand elle sera menacée par la séparation de l'Église et de l'État en 1906, il revendiquera l’autel et la vierge comme un bien des Costa.
En accord avec le curé de Notre- Dame, les Costa fondèrent, en préparation au 8 décembre 1855, une neuvaine annuelle en l'honneur de l'Immaculée Conception.
Trois ans plus tard, en apparaissant à Bernadette à Lourdes, la Sainte Vierge confirmait le 25 mars 1858 : "Je suis l’Immaculée Conception".
En 1869, pour lancer son action éducatrice au Bocage, Camille effectua une visite des orphelinats de France afin d’affiner son projet. Avant de rentrer à Chambéry, il se rendit à la grotte de Lourdes pour confier à l’Immaculée toute son oeuvre en germe, en lui promettant de l’honorer au mieux; ce qu’il n’allait pas manquer de faire dès son retour. En 1873, il fit construire une copie de la grotte de Lourdes dans une cour du Bocage et fit de même quelques années plus tard, sur le domaine de la Villette.
Sa préoccupation était de faire des orphelins recueillis au Bocage ou à La Villette non seulement des bons ouvriers, mais aussi de bons chrétiens, et pour cela il faisait honorer la Vierge Marie par la récitation régulière du chapelet, de la prière "Souvenez-vous", et célébrait avec dévotion toutes les fêtes mariales.
Camille Costa ne manquait jamais de préparer particulièrement la fête de l’Immaculée Conception en proposant chaque année, début décembre, une retraite spirituelle à ses jeunes. Sa dévotion et son attachement à Marie ne faibliront jamais.
Deux semaines avant son décès, survenu le 25 mars 1910, jour de l’Annonciation, alors qu’atteint d’une mauvaise grippe il sentait sa fin proche, il se rendit chez son évêque, Mgr Dubillard, pour lui remettre un titre de rente afin d’assurer à perpétuité la neuvaine de l’Immaculée Conception, fondée comme on l’a vu, par son père le marquis Pantaléon, dans la paroisse de Notre-Dame.
Y. Bobin