Du coté de Camille … Un collaborateur providentiel : l’abbé Chenal

Voilà le précepteur, le mentor, le collaborateur, de celui que l’Église portera bientôt, nous l’espérons, sur les autels."Celui qui a un ami a un trésor" dit le proverbe. Ce fut le cas de Camille Costa de Beauregard.

le Mardi 01 nov 2022

L'abbe Chenal L'abbe Chenal  

Un précepteur à la hauteur

En octobre 1855, les parents de Camille Costa de Beauregard l’avaient inscrit au collège des Jésuites de Toulouse en espérant que le climat méridional améliorerait sa santé. Mais, comme il continuait de souffrir des séquelles de la typhoïde, ils décidèrent de le rappeler à la Motte-Servolex, pour lui faire poursuivre sa scolarité avec un précepteur. Ils choisirent, à cet effet, l’abbé Claude François Chenal, professeur très estimé au collège de Rumilly, qui prit son service, doublé de celui d’aumônier du château, en octobre 1857. Camille Costa de Beauregard avait alors 16 ans et venait de terminer sa seconde. L’abbé Chenal était un homme dont la haute taille semblait accentuée par la longueur de sa soutane, à l’aspect austère souligné par un grand front dégarni, mais atténué par un regard clair dénotant une grande âme.

Un équilibre bien réglé

Bien vite, il sut s’adapter au rythme de vie de son élève, perturbé par la crise physique et morale qu’il traversait. La première année, il lui ménagea de longs temps de repos et l’accompagna à des cures thermales et à des voyages en train. Les années suivantes, grâce à une alternance de temps de travail, d’activités artistiques (piano, peinture), de lectures personnelles… il le conduisit jusqu’à son examen de philosophie qu’il réussit honorablement.

Une pratique à faible dose

L’abbé Chenal l’avait aussi accompagné dans sa crise spirituelle. Après lui avoir laissé la liberté de lire exclusivement des romans profanes, il l’avait dirigé, à petits pas, vers des écrits plus sérieux (notamment, sur l’histoire du christianisme et l’influence de Marie dans l’Église). Tout en respectant sa répulsion pour la moindre pratique religieuse, il l’avait persuadé de rester fidèle à la récitation quotidienne d’un "Souvenez-Vous". C’est ainsi que, sans le brusquer, il l’avait aidé à cheminer vers son retour fulgurant à la foi, derrière un pilier de la cathédrale de Chambéry.

Un mentor exigeant

Cette conversion de l’âme allait être, selon Camille, à l’origine de sa vocation à la prêtrise L’abbé Chenal l’accompagna au Séminaire Français de Rome où il allait faire son cursus théologique. Il resta près de lui, le temps de l’aider à s’insérer dans son nouvel environnement. Inquiet de l’attrait exclusif de Camille pour les monuments antiques et les musées, il lui offrit un jour un portrait de Benoît-Joseph Labre, modèle d’extrême pauvreté, en lui disant : "c’est jusque-là qu’il faut aller dans le détachement !". Camille placera ce tableau dans sa chambre, afin de mieux s’imprégner de ce détachement de soi nécessaire pour une vie plus conforme à l’évangile.

L’abbé Chenal retournera à Rome où il sera reçu par pie IX et assistera à l’ordination de son protégé ( le 26 mai 1866) et à sa première messe. Il sera encore auprès de Camille quand il sera nommé au poste de 4ème vicaire de la cathédrale. Il va l’aider à vaincre sa terreur pour la prédication, en s’installant dans la nef au pied de la chaire, pour le guider du regard et des gestes pendant ses homélies.

Un collaborateur dévoué

Quand le choléra va sévir à Chambéry en 1867, l’abbé Chenal sera, comme Camille, un membre actif de la "conférence St Vincent de Paul" pour venir en aide aux malades et à leurs familles. Il sera aussi le premier collaborateur de Camille quand il fondera, dans la maison donnée par le comte Ernest de Boigne, l’orphelinat du Bocage.
Sur le plan spirituel, il contribuera à la formation des prêtres de la maison. Il sera toujours prêt à recueillir des fonds pour l’orphelinat, participera lui-même financièrement et montera souvent chez les moines de la Grande Chartreuse pour recueillir des sommes conséquentes. Quand Camille s’installera au domaine de la Villette avec les premiers grands apprentis (1875) , il assurera la direction du Bocage jusqu’ à sa mort en 1885.


Françoise Bouchard et P. Paul Ripaud