Le Bocage était bien l’œuvre de Camille ; il en en avait eu l’initiative dans le contexte que l’on sait d’une redoutable épidémie de choléra, qui l’avait conduit à prendre en charge les premiers orphelins livrés à eux-mêmes à Chambéry et alentours.
Mais pour poursuivre son œuvre, comment ne pas remarquer qu’il sut s’entourer d’une équipe éducative solide et particulièrement engagée à ses côtés ; il en était le chef, certains d’entre eux auraient dit « le Père », mais chacun de ceux qui furent à ses côtés ont été par leur présence, et pour certains par leur extraordinaire longévité dans l’institution, les chevilles ouvrières indispensables de ce beau projet porté par le fondateur.
Parmi ces collaborateurs fidèles il nous faudrait bien sûr citer l’abbé Claude Chenal qui fut d’abord son précepteur dans ses années de jeunesse, celui qui l’a accompagné avec douceur et constance à la prêtrise, et qui devint son principal adjoint à la direction de l’orphelinat jusqu’à sa mort en 1885.
Il nous faudrait citer également l’abbé Jean Beauregard (1857-1921), qui fut en 1967 le premier enfant accueilli et élevé par lui ; devenu prêtre en 1880, il se consacra au Bocage.
Il nous faudrait nommer l’abbé François Meunier (1868-1927) qui fut lui aussi élevé par Camille, puis comme prêtre devint un collaborateur du fondateur, puis de son successeur, Ernest.
Il nous faudrait parler de l’abbé François Marolliat (1882-1948), élevé de même par Camille, qui devint prêtre après la mort du fondateur, et resta lui-aussi au Bocage.
N’oublions pas de citer l’abbé Ernest Costa de Beauregard, son neveu donc, fils de son frère Josselin, qui rejoignit le Bocage comme jeune prêtre en 1898, et seconda son oncle, en créant entre autres le patronage de la rue Plaisance, sur les lieux de l’actuelle école du Bocage, avant de lui succéder en 1910, à la mort de celui-ci, dirigeant l’œuvre jusqu’en 1954.
Mais celui qui eut la longévité la plus remarquable tout en étant un collaborateur particulièrement apprécié, fut bien, à mon sens, l’abbé François Blanchard. Né en 1871, il fut recueilli par Camille à l’âge de 4 ans, suite aux inondations qui avait causé la mort de « sa chère maman », et depuis ce jour il n’a jamais quitté le Bocage. Prêtre en 1895, sa présence à l’orphelinat auprès de son « Père » ne faisait dans son esprit aucun doute. Et l’abbé Camille l’y accueillait bien volontiers. L’abbé Blanchard seconda le fondateur lui-même, puis Mgr Ernest Costa, et fut toujours présent à l’arrivée des Pères salésiens en 1954, faisant un lien si nécessaire entre le passé et l’avenir qui allait se construire avec lui. Il fut en effet présent et actif jusqu’en 1961, date de sa mort, au Bocage, après 85 ans de présence; il était devenu le Chanoine Blanchard; en 1960, on avait fêté son jubilé (ses 60 ans de sacerdoce, qui coïncidaient avec le cinquantième anniversaire de la mort du fondateur). Il nous a laissé de nombreux témoignage sur ces deux figures qui lui furent si chères, Camille et Ernest Costa de Beauregard, pour lesquels il avait une grande reconnaissance et un grand respect.
En écrivant de belles pages dans « l’Echo du Bocage » (d’abord avec Mgr Costa qui avait eu l’initiative de ce journal et en assurait la parution deux à trois fois par an de 1928 à 1940, puis avec le Père Chambe qui décida à partir de 1955 de lui donner vie à nouveau. L’abbé Blanchard fut, on en conviendra, une figure remarquable de l’histoire de l’orphelinat.
Un article de Gabriel TARDY pour Eglise en Savoie.