Du côté de Camille... Des lieux qui nous parlent

Lorsqu’en 2012, la démarche en vue de la béatification de Camille fut relancée, une des premières réalisations fut la rénovation du petit appartement du fondateur du Bocage, dans le but de l’ouvrir plus largement aux visiteurs.

le Mercredi 01 nov 2023

Chambre de Camille 2 Chambre de Camille 2  

 

Lorsqu’en 2012, la démarche en vue de la béatification de Camille fut relancée, une des premières réalisations fut la rénovation du petit appartement du fondateur du Bocage, dans le but de l’ouvrir plus largement aux visiteurs. Ces visites, confidentielles au début, devinrent de plus en plus fréquentes au fil des années, jusqu’à constituer aujourd’hui au sein de la Fondation du Bocage, l’étape essentielle d’un "parcours de la mémoire".

 

Lors des dernières"Journées du Patrimoine", par exemple, ce sont 100 personnes, en 4 groupes de 25, qui ont fait cette visite au cours des deux seuls après-midi.
L’intérêt des visiteurs se concentre particulièrement sur le petit appartement où vécut Camille au Bocage, le bureau où il travaillait, sa chambre, et le petit couloir ouvert sur la cour où il aimait déambuler en priant, qui présente aujourd’hui une petite exposition de photos et documents…

 

Ces lieux en effet nous parlent : on ressent bien ici la personne que fut Camille depuis sa jeunesse au Château de la Motte jusqu’à ses dernières moments, puisqu’il a remit son âme à Dieu dans ce modeste lit qui rappelle de manière très émouvante le moment de son décès, le 25 mars 1910.
La récente rénovation a quelque peu rajeuni les tapisseries et les peintures, mais l’appartement conserve à coup sûr le souvenir
et l’esprit de celui qui y a vécu ; on peut y voir des objets lui ayant appartenu, ses chaussures sa canne, la pendule offerte par sa mère, une collection complète de ses sermons et certains de ses écrits...
L’émotion est forte, souvent, en entrant dans ces lieux, au point que naturellement, on y parle à voix basse.
On remarquera en particulier deux tableaux qui nous rappellent tous deux l’un des traits les plus caractéristiques de la vie du fondateur du Bocage, son exigence de pauvreté et sa grande humilité.


Dans le bureau, un tableau nous parle de son adolescence : c’est une œuvre peinte par Camille au cours de sa jeunesse, représentant "Lalay ", mendiant de Montagnole. Camille, qui avait un jour rencontré le pauvre homme et souhaitant lui venir en aide, avait eu l’idée de le faire pauser pour lui. Et pour ne pas le mettre mal à l’aise, Camille le rémunérait pour ces temps de pause ! Le portrait réalisé est de belle facture. On reconnait là les talents d’artiste de l’auteur, dont on sait par ailleurs le goût des arts, qu’il développera toute sa vie et qu’il mit au service des orphelins.
Mais on perçoit aussi, bien évidemment, dans cette oeuvre de jeunesse le respect des plus pauvres et l’humilité de celui qui ne veut pas "faire l’aumône", mais au contraire reconnaître l’autre dans ce qu’il a d’humanité et dans ce qu’il peut lui-même apporter.

 

Dans la chambre, un grand portrait de Saint Benoit Labre ; Benoit-Joseph Labre (1748-1783) fut déclaré saint à Rome en 1881.
Camille a entendu parler de cet homme au cours de son séjour au séminaire de Santa Clara : Benoit Labre, bien connu à Rome à cette époque est en effet un pèlerin français, né dans le nord de la France, qui, après avoir parcouru les routes d’Europe, vécut à Rome dans la plus extrême pauvreté, au point qu’il est aujourd’hui le saint patron des sans-abri. Ce portrait de Benoit Labre fut offert à Camille par l’abbé Chenal, au cours de leur séjour dans la capitale romaine. En lui faisant ce cadeau, l’abbé Chenal confia à son protégé "Voyez, Camille, c’est jusque là qu’il faut aller". Et l’on sait combien Camille se conforma toute sa vie, autant qu’il le put, à ce conseil.
Des lieux qui nous parlent, en effet, et qui nous interpellent : on ne peut qu’être ému de la part de renoncement et de don que nous renvoie ici Camille, qui, fils de marquis et promis à d’autres destinées fit toujours le choix des plus pauvres et des orphelins ; il dit un jour, nous rapporte son neveu Ernest : "On peut donner sa vie de deux manières : ou bien d’un seul coup en se faisant tuer pour ceux qu’on veut sauver, ou bien en détail, jour par jour, en usant ses forces et son temps, tout ce que l’on a pour ceux qu’on aime. C’est cette dernière manière que j’ai choisie…" (in E. Costa de B., Une âme de Saint…, p48

 

Gabriel Tardy

 

Extrait d'Eglise en Savoie - nov. 2023