Il a été ordonné prêtre le 26 mai 1866 en l'église de Saint Jean de Latran. On fêtait ce jour-là Philippe Neri, un saint éducateur qui voulait qu'on éduquât les enfants dans la joie. Etonnante coïncidence quand on connait les convictions éducatives qu’il développera plus tard.
De ses années passées à Rome, Camille dira qu'elles furent parmi les plus belles de sa vie.
Au château de La Motte, il retrouve sa soeur Alix, qui a maintenant 20 ans, et qui se destine à la vie religieuse : cela réjouit Camille ; c’est avec elle, plus tard, qu’il fondera l’Orphelinat des Marches.
Aussitôt revenu dans sa ville natale, le jeune prêtre se met au service de son évêque, Mrg Billiet. Camille aurait pu prétendre, à Rome comme en Savoie, à des fonctions ecclésiastiques très honorables ; on ne manqua pas de les lui proposer ; il les refusa cependant, sollicitant de son évêque un poste de 4e vicaire à la cathédrale. Il souhaitait par cette démarche d'humilité rester proche des ouvriers et des plus délaissés.
Mgr Billiet l'accepte et lui confie les fonctions de confesseur et de prédicateur, bien que cette dernière mission l'ait, selon lui, particulièrement effrayé. Il s'acquittera néanmoins de l'une et de l'autre avec brio, mais la plus grande part de son temps, il la consacre aux plus démunis, une attention qui fut vite remarquée par les chambériens : "Rien qu'à son nom, déclare le Président de la Société de Secours Mutuel, dite de St François de Sales, les malades retrouvent un peu de joie ... Quel bonheur d'avoir rencontré ce prêtre : que de services il va rendre à la ville de Chambéry".
Pour remplir sa tâche, Camille s'est installé dans une chambre du 44, rue Saint Réal, à quelques pas de la cathédrale. Une plaque signale aujourd’hui ce lieu comme point de départ d’une orientation qui va changer le cours de son ministère .
C'est en effet un évènement tragique survenu en Savoie vers la fin du mois d'aout 1867, qui va décider de l'avenir : l'épidémie de choléra, fléau redoutable en cette fin de 19e siècle, qui décimait en quelques jours les faubourgs de Chambéry et ses alentours, et particulièrement le quartier de Maché, mais aussi Cognin, les Déserts, les Bauges...
Camille recueille dans son logement de la rue Saint Réal les premiers orphelins, mais les lieux se révèlent rapidement trop exigus.
C'est là que le comte Ernest de Boigne, alors Conseiller Général, propose à Camille de lui louer le bâtiment des anciennes douanes qu'il possède en bordure de sa propriété de Buisson-Rond, sur l'actuel chemin de la Cardinière. Camille, accompagné de l'abbé Chenal, visite les lieux le 27 novembre ; c'est là qu'il jettera les bases de son OEuvre qui sera l'Orphelinat du Bocage.
Gabriel Tardy
Extrait d'Eglise en Savoie Juillet / Août 2019.