Du coté de Camille … L’Eucharistie

Toutes ces pensées de Camille Costa de Beauregard sur l’Eucharistie choisies parmi ses instructions, ses catéchismes ou les lettres à ses anciens ou à sa famille, témoignent de la préoccupation de placer l'Eucharistie au cœur de la foi.

le Mercredi 01 déc 2021

Chapelle du Bocage Chapelle du Bocage  

 

LA COMMUNION

La présence de Jésus dans l’Eucharistie la plus intime, c’est celle dont on peut jouir en recevant l’hostie où il est corporellement présent.

 

ƒL’arbre de vie
Camille Costa de Beauregard avait usé d’une touchante métaphore pour expliquer à ses jeunes les fruits de l’Eucharistie reçus dans la communion : "La plus fidèle image de l’Eucharistie, c’est l’arbre de vie que Dieu avait placé au milieu du paradis terrestre. Cet arbre était le plus beau et le plus excellent de tous les arbres de la création. Son fruit avait la vertu de conserver la vie et de rendre immortel. Il préservait les corps de toutes les maladies. Il rendait les forces, il guérissait les blessures.
Il conservait à tous ceux qui le mangeaient une jeunesse éternelle. Mais, après le péché, cet arbre a disparu de la terre et l’homme en a été privé pour toujours. Notre Seigneur est venu nous rendre cet arbre de vie. L’Eucharistie est un fruit bien plus utile et bien plus précieux". (Méditations p 165).


ƒLa première communion
Camille Costa de Beauregard a fait sa première communion à 11ans, le 20 mai 1852, jour de l’Ascension. Il était alors scolarisé au collège des Jésuites de Brugelette (en Belgique).

 

Voici son témoignage :
- La retraite préparatoire : "Nous étions vingt à nous préparer, sous la direction d’un bon missionnaire. Souvent, dans l’intervalle des exercices, on nous laissait seuls, sans surveillance. Et on avait raison de se fier à nous, car c’était alors que nous étions les plus sages et les plus recueillis. Je dois dire cependant qu’un jour où nous étions ainsi, seuls, un de mes camarades se mit à chanter, à gesticuler de façon si drôle, qu’on eut grand peine à garder son sérieux. Mais, au lieu de rire, on lui jeta un regard si triste qu’il fondit en larmes". (Livre du Père Fritsch p 25)
- Le grand jour :
"Je me rappelle ce jour, le plus beau de ma vie, où j’ai reçu le Sauveur pour la première fois".
Il nous donne ici peu de commentaires, mais le fait qu’il ait considéré ce jour comme le plus beau de sa vie, évoque toute la joie paisible d’une âme comblée.


ƒLa communion fréquente
A l’époque de Camille Costa de Beauregard, la communion était donnée avec parcimonie. Le jansénisme était passé par là !
Les enfants devaient attendre onze ou douze ans, pour être jugés capables de comprendre les grandeurs et les beautés spirituelles émanant de l’hostie consacrée. Devenus adultes, ils n’y avaient droit que s’ils étaient exempts de tout péché, même véniel. C’était refuser d’admettre le caractère imparfait de la nature de l’homme et méconnaître les effets bénéfiques de la venue du corps du Christ en lui, en vue de le guérir et de lui redonner des forces nouvelles pour se relever, en comptant sur les grâces infinies du Dieu miséricordieux.


- Conseils à sa soeur Félicie :
"Communie bien souvent, ma chère petite, gagne ainsi le plus possible les bonnes grâces de Celui duquel dépend ton avenir". (Lettre du 27 mai 1864). "Notre meilleur directeur est l’Eucharistie. O, ma chère enfant, comme je voudrais t’apprendre à aimer l’Eucharistie ! Comme elle aurait vite absorbé toutes tes facultés aimantes !". (Lettre du 2 février 1866)

- A la même, enceinte :
"Prépare dès aujourd’hui, la sainteté de ton enfant en communiant le plus souvent possible. Tu rapprocheras ainsi la petite créature de son créateur, et leurs entrevues se passeront dans ton coeur… et le sang de Notre Seigneur s’insinuera dans ses veines". (Lettre août 1867).
- Instructions à ses enfants du Bocage :
"A quoi servirait de faire connaître l’adorable Eucharistie si l’on n’insistait pas sur l’usage que vous devez en faire ? Suffit-il à un enfant de savoir qu’il y a abondance de provisions dans la maison de son père, si on ne le met pas en mesure d’en profiter largement ? Il me reste à vous conseiller, à vous exhorter, à vous supplier de communier le plus possible, de vous habituer à la communion fréquente, à la communion hebdomadaire". (Catéchisme 4éme partie Sacrement de l’Eucharistie p. 82)
"Si vous manquez de vie, de force, de sainteté… si nos âmes sont si faibles, c’est que, comme dit le prophète, elles ont négligé de manger leur pain. Si l’orgueil les soulève… elles ont négligé le pain des humbles. Si l’impureté les tourmente, elles ont oublié le pain des anges. Si la faiblesse les abat, elles ont négligé le pain des forts. Si elles succombent sur le chemin de la vie, elles ont oublié le pain des voyageurs". (Id. p. 59)
"De même qu’un seul repas ne suffit pas, même pris de temps en temps, pour donner à notre corps son développement et son entretien, de même, il faut que les repas eucharistiques soient pour nous une habitude régulière, si nous voulons que nos âmes se développent et se maintiennent pour la vie éternelle". (Id. p. 83)

"Si donc l’Eucharistie est le pain de notre âme, le vrai pain de notre âme… c’est que notre âme doit y recourir fréquemment, régulièrement, pour ne pas défaillir. C’est que le créateur du pain spirituel comme du pain matériel a voulu indiquer que tous les deux nous sont également indispensables l’un pour le corps, l’autre pour l’âme… dans un fréquent usage". (id.p. 84)


Camille Costa de Beauregard allait avoir la joie, de son vivant, de voir ses opinions sur les bienfaits de la communion fréquente, justifiés par Pie X, qui lui-même convaincu des vertus de la précocité de la première communion, en avait fixé l’âge à 7 ans.

 

L’union à Dieu pour tous
La communion unit donc l’homme à Dieu : "L ‘union de l’homme avec Dieu dans la communion, est la plus douce, la
plus intime, la plus étroite, que l’on puisse rêver… Elle était bien douce, l’union de l’Enfant Jésus avec son bon père Joseph,
lorsque le soir, pour le récompenser de son labeur du jour… il mettait sa tête sur son coeur et l’enveloppait de ses bras…
Elle était aussi bien douce, l’union de saint Jean avec Jésus lorsque à la Cène, il reposa sa tête sur le coeur de son maître". (Id. p. 64)

 

L’ADORATION DEVANT LE TABERNACLE

Les explications de Camille Costa de Beauregard à ses jeunes

Une autre manière de vénérer l’Eucharistie, c’est de venir l’adorer devant le tabernacle où sa présence est bien réelle dans chaque hostie, comme l’expliquait Camille Costa de Beauregard : "Dieu y est voilé sous les espèces du pain comme il était voilé sous les langes du petit enfant". (La messe, Dieu parmi nous (1869) p. 159 Positio Super Virtutibus).
"Ah ! si les voiles eucharistiques pouvaient se lever un jour dans une de nos églises comme se lève un rideau de théâtre sur une apothéose, que nous puissions voir, dans un lever de soleil, la gloire et la puissance infinie de Celui qui se cache dans la petite hostie. Comme les hommes y viendraient ! Comme on verrait s’y précipiter tous ceux qui aiment le plaisir, la fortune et la gloire ! Comme ils abandonneraient vite tout ce qui les passionne ici-bas et qui ne serait plus rien à leurs yeux en comparaison
des splendeurs admirées ! La vie terrestre leur paraîtrait sombre à côté de la vie céleste, comme les obscurités d’un tunnel à côté de la belle lumière du jour aux yeux des voyageurs". (Catéchisme 4ème partie "Sacrement de l’Eucharistie" p 56).
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La démonstration par l’exemple
L’attitude de Camille Costa de Beauregard était en elle-même le meilleur exemple pour ses enfants :
"A le voir prier devant le tabernacle, nous sentions un redoublement de ferveur. Toutes nos distractions d’enfants s’envolaient, et, malgré nous, nos regards étaient attirés vers l’autel, et la prière des enfants se joignaient à celle du père avec plus d’ardeurs". (La messe, Dieu parmi nous (1869) p 159 Positio Super Virtutibus).
On a déjà vu que Camille Costa de Beauregard méprisait toutes les décisions qui ne seraient pas prises devant le tabernacle. Un ancien du Bocage nous précise ce témoignage :
"La présence de Jésus au tabernacle était son refuge. Chaque jour, il y faisait au moins une visite d’un quart d’heure. Il y venait avant de prendre une décision ou d’accomplir une démarche importante. Une fois la décision prise ou la démarche accomplie, il revenait dans la chapelle pour remercier". (Témoignage de Joseph Dubouchet (1968) - Positio Super Virtutibus p. 410).

 

PROCESSION AU SAINT-SACREMENT
Camille Costa de Beauregard tenait à célébrer chaque année la Fête-Dieu et celle du Sacré-Coeur- le Patron de la maison- par des processions au Saint-Sacrement avec un éclat maximal. Chaque matin de ces fêtes, la fanfare des apprentis assurait le rythme des marches, et les fleuristes de la maison décoraient les deux reposoirs avec les fleurs et plantes vertes de leur production. Bannière en tête, guidés par les soeurs, les plus jeunes, portant des corbeilles revêtues de dentelles blanches, lançaient des fleurs sur le passage du prêtre portant l’ostensoir.
Les orphelins ne se lassaient pas de ces marches priantes et chantantes pour accompagner le Saint- Sacrement.
L’après-midi de la Fête-Dieu, les apprentis allaient animer la procession officielle à la Métropole, en interprétant leurs airs de
circonstance devant les corps constitués de la ville (avocats, garnison militaire, couvents et écoles religieuses, prêtres et leurs paroissiens, sans oublier les orphelins en blouses bleues précédés des soeurs du Bocage. (Père Fritsch p. 236)


Françoise Bouchard