Du côté de Camille : son père, un noble au service de sa terre

Découvrez qui était le marquis Pantaléon Costa de Beauregard, père de Camille.

le Mardi 01 déc 2020

Pantaleon Portrait 1 (2) Pantaleon Portrait 1 (2)     Chapelle du chateau de la Motte, aujourd'hui detru Chapelle du chateau de la Motte, aujourd'hui detru  

 

Le marquis Pantaléon Costa de Beauregard était l'aîné d'une famille de six enfants. Lors de son mariage avec Marthe de Saint Georges de Vérac dont il eut onze enfants, il put s'installer au château de La Motte Servolex, propriété de son père (NDLR : aujourd'hui sur le lycée Reinach). Camille sera le cinquième garçon à venir au monde, non pas au château, mais à Chambéry; en raison des rigueurs de l'hiver, la famille se réfugiait dans un appartement loué rue Jean Pierre Veyrat.

Pantaléon était un homme d'une intelligence exceptionnelle, d'une culture très ouverte aux multiples formes d'arts, d'une foi profonde et d'un sens inné du service qui le mènera même jusqu'à une brillante carrière politique. Il possédait une bibliothèque très fournie dans laquelle il puisa les sources de son livre : "Les souvenirs du règne d'Amédée VIII", qu'il fit éditer en 1859. Suivront d'autres parutions qui montrent son goût pour la recherche. Son intérêt pour les sciences l'amènera à être admis dans la jeune Société royale académique, fondée en 1819. Il y sera élu Président quand elle sera devenue Académie Royale, (actuellement Académie de Savoie).

 

Par son action, il favorisera la vie culturelle de Chambéry. Il fit don de nombreux ouvrages et documents à la bibliothèque municipale. Il fit ériger une statue à Antoine Favre, ami de François de Sales, premier Président du Sénat de Savoie et fut à l'origine du musée historique et archéologique départemental. Pour ses enfants, il avait ouvert, dans le parc, une galerie où ils pouvaient s'initier à la peinture, à la musique et s'intéresser à diverses collections.

 

Pantaléon avait la foi chevillée au corps. Le château avait sa propre chapelle où un aumônier célébrait la messe de communion, le dimanche matin, à laquelle participait toute la famille. On allait ensuite à la messe paroissiale, dans l'église de La Motte où les Costa avaient leur place réservée, dans le transept gauche. Au retour on récitait le chapelet. Au château, la dévotion à la Vierge était importante : tous les enfants ont d'ailleurs reçu, parmi leurs prénoms, celui de Marie. On vouait aussi un véritable culte à saint François de Sales et saint Vincent de Paul : le premier vénéré comme maître de spiritualité et de douceur, le second comme modèle de charité. Leurs statues ornaient d'ailleurs la façade de la chapelle.

 

La foi de Pantaléon inspira profondément son action. Pour venir au secours des plus pauvres, il ouvrit un petit hôpital dans la propriété (aujourd'hui devenu l'Ecole saint Jean); il créa de ses deniers, avec ses garçons, une compagnie de sapeurs-pompiers très appréciée dans les environs; après l'échec d'un projet de voie ferrée devant relier Chambéry au Bourget-du-lac, il indemnisa tous ceux que l'arrêt des travaux pouvait avoir lésés.

Cette foi profonde l'amena aussi à s'engager au service de son pays, d'abord le royaume de Piémont-Sardaigne, puis la France, après le rattachement de la Savoie. Il servit d'abord comme capitaine au régiment de Piémont-Royal, fut nommé Premier écuyer du roi et reçut la Croix de l'Ordre des Saints Maurice et Lazare; il siégea ensuite comme député au Parlement de Turin; en 1860, sa foi le poussa à opter pour la France, plus favorable à l'Eglise. Il devint alors le premier Président du Conseil Général de Savoie. Napoléon III lui-même le fit Commandeur de la Légion d'Honneur. Enfin, refusant de siéger au sein de Sénat, il écrivait : "Je désire que mon rôle public soit terminé... et n'ai d'autre ambition que celle de finir tranquillement ma vie au milieu de ma famille et de mes études. Mais je désire que mes enfants servent la France avec honneur et dévouement"...

"N'oublie pas que la véritable noblesse consiste dans la générosité, dans la pureté, l'élévation des sentiments"

L'aîné des enfants, Albert, membre de l'Académie française, écrivit, dans son "Mémoire de la famille Costa", ces mots que son père lui-même aurait pu prononcer en guise de testament spirituel : "N'oublie pas que la véritable noblesse consiste dans la générosité, dans la pureté, l'élévation des sentiments et dans un éloignement invincible pour tout ce qui est faux et abject... (Pour cela) il faut à vos actions un mobile plus élevé. Vous devez la chercher dans les principes d'une religion sincère, solide et éclairée".

 

Le marquis mourut noblement, comme il avait vécu. Il avait noté dans son testament son indéfectible foi en son vrai souverain : "Je remercie Dieu de m'avoir fait naître dans la religion catholique, et je remets mon âme entre ses mains..."

 

 

Article de Paul Ripaud et Françoise Bouchard, paru dans le cadre de la série sur la famille Costa de Beauregard, dans Eglise en Savoie, en décembre 2020.

 

Ecole-St-Jean-La Motte ancien hopital Ecole-St-Jean-La Motte ancien hopital  

L'école Saint Jean, ancien hôpital