Du côté de Camille : une pédagogie du cœur

A l'école du Saint Savoyard Comme Don Bosco, Camille Costa de Beauregard est un fervent disciple de Saint François de Sales, l'apôtre de « l'Amour de Dieu » et de la douceur : « Rien par force, tout par amour » !

le Dimanche 25 sept 2022

Jardinier Jardinier  

 

A l'école du Saint Savoyard Comme Don Bosco, Camille Costa de Beauregard est un fervent disciple de Saint François de Sales, l'apôtre de « l'Amour de Dieu » et de la douceur : « Rien par force, tout par amour » !

S'il n'a pas érigé sa pédagogie en système, comme l'a fait le grand saint éducateur de Turin, il a appliqué les mêmes principes que l'on trouve exprimés dans nombre de ses interventions.

Trois piliers solides

Cette pédagogie reposait sur trois dimensions : l'amour inconditionnel des jeunes ; l'appel à la raison, dans l'éducation ; la religion. - L'amour des jeunes, un amour effectif qui n'a qu'un seul but : le bien de la personne.

"Vous avez un bon esprit, mes enfants… Et qu'est-ce qu'un bon esprit, c'est un esprit de famille…, un esprit d'affection et de confiance mutuelle, tel qu'il règne et doit toujours régner entre un père et ses enfants…, qui consiste à donner à ces mots de père et d'enfants...… toute leur signification réelle, c'est à dire que, quand nous vous appelons nos enfants, nous avons réellement, dans notre cœur, l'affection profonde et le dévouement complet qu'un père a pour ses enfants. Et quand vous nous appelez pères…, vous avez réellement, au fond du cœur… le respect, l'affection et la confiance qu'un enfant bien né à pour son père...

"Quand on a gagné, quand on possède le cœur d'un enfant, on fait de lui tout ce qu'on veut. Quand il a compris qu'on l'aime bien… qu'on lui est profondément dévoué…, qu'on ne cherche que son bonheur…, qu'on n'a aucun intérêt personnel autre que son bien et l'amour de Dieu…, alors il se soumet avec confiance, il obéit volontiers à ce qu'on lui demande dans son intérêt..." (1 janvier 1898) .

"On m'a souvent demandé quel système, quelle méthode nous employions pour former ainsi nos enfants. Quelqu'un même me disait un jour : « Quel est donc votre truc pour élever si bien vos jeunes gens ? - Notre secret est bien simple, ai-je répondu, pas compliqué du tout, nous les aimons beaucoup, voilà tout, et ces bons enfants le comprennent, et c'est sans doute cette affection qui nous fait trouver les moyens d'arriver à leur cœur, à leur raison, pour bien les former" (1 janvier 1905) (1)(p. 347-348-349). 

 

On vient d'entendre qu'on s'adresse au cœur et à la raison du jeune. On lit sous la plume du père Fritsch : « Quand il rédige le projet éducatif destiné à ses grands élèves, le 19 décembre 1872, il tire de sa propre jeunesse et de ses premières années d'Orphelinat des principes qu'un Don Bosco aurait d'emblée contresignés : "En général, dit-il à propos des grands, l'indulgence et la bonté réussissent auprès d'eux. Tel qui n'obéira jamais à un ordre donné durement, deviendra souple et empressé si l'on sait s'adresser à sa raison et à son cœur... " ( p. 271).

Dans notre monde actuel où on déplore très souvent la perte de valeurs, souvenons-nous que Camille, comme Don Bosco, appuyait son éducation sur une spiritualité très profonde. A ses jeunes, il enseignait l'amour de Dieu et lui-même, et ses collaborateurs, était « signe » et « porteur » de cet Amour. Il avait le souci de transmettre à ses jeunes une foi personnelle et profonde, socle solide pour leur vie entière. Pour cela, il soignait avec une particulière attention ses catéchismes, tout spécialement pour les grands adolescents. « Pour donner à ses apprentis une foi vive, éclairée, profonde, il leur faisait, chaque dimanche, une heure d'enseignement » (Fritsch p. 59). Le père Dubouchet, élève de Camille, écrit : « En faire (de ses jeunes) d'excellents jardiniers, de bons pères de famille, de solides chrétiens, fut la grande et unique tâche de sa vie sacerdotale » ( p. 59). Il rejoint en cela Don Bosco qui voulait faire de ses jeunes « de bons chrétiens et d'honnêtes citoyens ». Une pédagogie formative...

A partir de ces trois piliers, Camille cultivait très tôt chez ses enfants le sens des responsabilités, pour les préparer à être très vite des ouvriers modèles en charge de la gestion et de l'entretien des jardins de grandes familles, capables aussi d'engagements dans le domaine social ou politique qui porte des fruits.

 

Les fruits d'une telle éducation, on peut les illustrer en citant les noms de quelques personnes aux parcours remarquables :

- Victor Berthollier dont on a pu dire : « Un homme comme celui-là justifierait à lui seul l'œuvre fondée par Camille Costa ».

 - Jean Tissot, un maître reconnu en horticulture, et qui forma un grand nombre de jeunes au Bocage, apprécié aussi pour ses talents de musicien.

- Henri Fleuret, musicien également, qui devint chef-jardinier dans une des plus belles propriétés de la région. Très engagé au niveau paroissial et impliqué dans la vie de plusieurs mutuelles, il sera récompensé par la « médaille de la reconnaissance diocésaine » et la « médaille d'argent du dévouement de la mutualité agricole »(p. 300-301).

 

La pédagogie de Camille Costa n'a rien d'une science, c'est un art dans lequel il a excellé.

 

(1)  « Camille Costa de Beauregard -  Chronique d'une œuvre sociale et éducative dans la Savoie du XIXème siècle. »