La question de la transidentité est actuellement l’un des sujets sociétaux les plus complexes. Je pense ce matin aux parents qui nous écoutent et dont l’enfant ou l’adolescent éprouve un tel mal être qu’il souhaite changer de sexe. Je pense aussi aux professionnels dans le champ éducatif : chefs d’établissements, éducateurs spécialisés, enseignants, animateurs qui s’y retrouvent confrontés. Et évidemment les jeunes qui vivent cette situation.
Les multiples définitions ou vocables utilisés témoignent de la complexité du sujet :
- La Cours européenne des Droits de l’homme la définit comme « des personnes qui tout en appartenant à un sexe éprouvent le sentiment d’appartenir à un autre »,
- d’autre que l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance.
- Et les concepts sont multiples : on parle de « transidentité », « transgenre », « dysphorie de genre », de « non binaire » ou « gender fluide ».
Cette complexité rend difficile une réponse simple quand au milieu d’un camp, par exemple, une fille demande à ses animateurs de changer de prénom et ne plus vouloir dormir dans la tente des filles…
Pourquoi ce qui était anecdotique voir lointain, se retrouve maintenant dans les salles de classes et la préoccupation des éducateurs ?
Il semble que cette réalité soit en croissance exponentielle, même si les pédopsychiatres interrogés affirment ne rencontrer que quelques cas réels de dysphories de genre. Attention, 80 % des enfants qui disent appartenir à l’autre sexe y renoncent à la puberté. Cet enjeu est sorti du champ médical pour rentrer dans le champ politique et être vue sous l’angle du combat pour le progrès et la liberté individuelle. Certains lobbys très actifs militent pour éviter un débat serein avec une réflexion philosophique et anthropologique de fond. Or certaine voix nous rappelle « l’irréductibilité du masculin et du féminin » comme le fait la philosophe Sylviane Agacinski. Souvenons-nous aussi de l’éclairage du théologien Xavier Thévenot qui parlait du « roc de la différence des sexes » comme fondatrice de toute altérité. Cette différence homme-femme n’est donc pas une convention sociale qu’on peut réécrire à son gré comme certains le prétendent.
Quel regard chrétien ou quel repère se donner ?
Premièrement, comme chrétien, on accueille la personne et on discerne. Regarder la personne dans sa totalité avec le même regard que le Christ : un regard bienveillant qui aide à se relever dans sa dignité et s’humaniser davantage.
Puis, prendre le temps de l’écoute. Il s’agit d’accompagner l’enfant ou l’adolescent à partir de ses questions, sans juger. Notre attitude éducative est de ne jamais aller plus vite que le jeunes. On ne devance pas ses questions ou ses choix. On écoute, on accompagne sans encourager à transitionner avec des traitements ou une opération chirurgicale qui peuvent être lourds et irréversibles. L’Académie nationale de médecine recommande cette prudence médicale. Et les pays nordiques sont aussi très prudents !
Enfin, il est important d’aider le jeune à réfléchir aux conséquences lourdes d’une transition de genre : changer de prénom et de sexe n’a rien d’anodin, y compris pour l’entourage.
P. Xavier de Verchère
Extrait de RCF