Déficit éducatif

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le père Jean-Marie Petitclerc, salésien de Don Bosco appelle les citoyens à se sentir concernés par l'éducation de la génération qui vient.

le Mercredi 17 mars 2021

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Depuis les images choquantes du lynchage du jeune Yuriy sur la dalle Beaugrenelle (Paris XVème), largement diffusées par les réseaux sociaux, il ne se passe guère une semaine sans que ressortent dans les journaux télévisés les images de scènes violentes entre bandes d’adolescents, à Paris ou en Île-de-France. Elles ont pour conséquence des lésions très graves chez de jeunes adolescents suite à des motifs souvent futiles d’affrontement. Et une lycéenne d’Argenteuil vient de perdre la vie suite à une affaire d’harcèlement qui a mal tourné.

 

Les politiques interrogés servent les mêmes réponses sur tous les plateaux de télévision : renforcement des forces de l’ordre, rapidité et fermeté plus grandes de la réponse judiciaire. Au point que l’on peut à juste titre se demander : pourquoi cette réponse qui paraît évidente à chacun tarde à se mettre en place ?

Quelles sont les causes d’un tel déploiement de violence ? Là encore, les réponses sont connues : absence d’intégration des limites, échec scolaire, diffusion des réseaux sociaux, ghettoïsation de certains quartiers. Mais il me semble qu’une cause les résume toutes : le déficit éducatif. Car rappelons que la manière naturelle de régler un conflit, c’est la violence. A en conflit avec B, vous supprimez B, le conflit est réglé. Ce qui n’est pas naturel et qui est le fruit de l’éducation, c’est la capacité de régler les conflits sans recourir à la violence.

Oui, le problème n°1, sous-jacent à ces phénomènes de violence entre adolescents, c’est le déficit éducatif. Et là, nous sommes tous responsables !

J’entends des parents dire : "Mon adolescent m’échappe, depuis qu’il est continuellement branché sur son smartphone."

Mais qui doit donner des repères pour une utilisation maitrisée des écrans ? Ne seraient-ce pas les parents ? 

 

J’entends des enseignants dire : "À l’école, nous sommes là pour instruire. Nous ne sommes pas là pour nous occuper de leurs problèmes d’ados."

Mais qui choisit de regrouper tous ces ados dans un même lieu ? N’est-ce pas l’école ?

 

On sait que tout groupe d’adolescents est potentiellement conflictuel. Voilà 50 ans que les expériences de médiation scolaire ont été lancées, et on connaît leur réussite. Pourquoi ne les développe-t-on pas dans tous les établissements scolaires ?

"Il faut un village pour éduquer un enfant !" 

J’entends des citoyens dire : "Ce n’est pas mon gosse, ce n’est pas mon problème !" Mais tous les adultes devaient se sentir concernés par la gestion de l’espace public, en refusant que s’installent des zones de non-droit, où des jeunes estiment nécessaire de s’armer pour pouvoir se défendre, tant ils se sentent en insécurité.

L’éducation, c’est l’affaire de tous ! Cessons de nous renvoyer la responsabilité les uns sur les autres. Il est urgent de réunir des états généraux de l’éducation, comme le souhaite Marc Vanesson.

Vous connaissez ce proverbe africain : "Il faut un village pour éduquer un enfant !" Combien il s’avère vrai aujourd’hui. C’est toute notre génération d’adulte qui doit se sentir concernée par le problème de l’éducation de la génération suivante. Ce dont les adolescents ont besoin, même s’ils font parfois mine de le contester, c’est d’une véritable présence adulte, capable de les sécuriser et de les responsabiliser.

 

"Ne tardez pas à vous occuper des jeunes", disait en son temps Don Bosco, "sinon ils ne vont pas tarder à s’occuper de vous !"

 

Retrouvez l'interview de Jean-Marie Petitclerc sur RCF.