Lorsque j’étais enfant, on m’avait tant de fois présenté Dominique sous l’angle du garçon sage, obéissant, serviable et pieux que sa figure n’arrivait guère à interpeller l’adolescent que j’étais devenu, désireux d’une vie beaucoup plus aventureuse. Appelé, comme salésien de Don Bosco, à me replonger dans la vie de cet adolescent qui avait tant marqué le fondateur de ma congrégation, je découvris une personnalité bien plus riche que celle un peu lisse qui m’avait été présentée.
Durant toute sa brève vie, Dominique fut un battant. Il s’est battu contre la violence, qui agitait souvent le monde de ses camarades, et fut un véritable apôtre de la paix. Or je sais combien aujourd’hui se pose dans bon nombre d’établissements scolaires le problème de cette violence parfois brutale, parfois sournoise dans l’utilisation des réseaux sociaux. Dominique s’est également battu contre les caricatures de la religion et de l’Église, diffusées auprès des jeunes de son temps. Or je sais combien, aujourd’hui, des jeunes chrétiens n’osent pas parler de leur foi dans leur école par peur de devenir la cible de moqueries. Il s’est enfin battu contre la maladie, refusant le statut de malade, qui aurait pu être confortable, car il voulait absolument mener de manière intégrale la vie des camarades de son âge, en étudiant et en jouant avec eux.
Son unique projet consistait à devenir saint : il s’en ouvrit à Don Bosco, qu’il avait rejoint à Turin. Heureuse rencontre qui permit à ce garçon de ne pas dévier sur la pente dangereuse de la radicalisation, qui aurait pu mettre sa santé et son équilibre en péril. En effet, il voulait emprunter un chemin de mortifications, en jeûnant au pain et à l’eau une fois par semaine et durant tout le Carême, en mettant des morceaux de bois et des briques dans son lit, afin de souffrir même en dormant, en voulant ne garder aucune couverture, même en hiver, afin de connaître le froid.
Loin de le laisser partir dans ces expériences, qui lui paraissaient aussi inutiles que dangereuses, Don Bosco réorienta sa recherche de sainteté. Il lui recommanda une gaieté habituelle et sans éclat… Il lui conseillait vivement, tout en continuant de faire son devoir au quotidien, que ce soit dans le domaine des études ou de la prière, de ne jamais se dispenser du temps de récréation avec ses camarades. C’est ainsi qu’il put développer auprès d’eux de véritables talents.
Ce qui m’émerveille chez cet adolescent, ce sont ses talents de médiateur, faisant en sorte que les conflits entre camarades ne virent pas à la violence. Mais c’est aussi ce compagnonnage quotidien avec le Seigneur, dans la prière et le service, qui lui permettait de trouver les mots adéquats pour parler de Lui à ses amis et les reprendre avec délicatesse lorsque leur comportement posait problème.
Alors, je conclurai par quelques mots extraits de la prière proposée demain par l’Église :
Accorde aux jeunes de grandir comme lui dans la foi et l’amour,
Et aux éducateurs de savoir les engager au service du Règne du Christ.