Educateur, un métier rarement valorisé.

Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’enfance était en Savoie ce mardi 1er août. D’abord à Pralognan-la-Vanoise dans une colonie de vacances UCPA puis à Chambéry au foyer départemental de protection de l’enfance.

le Mercredi 02 août 2023

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En tant que ministre, comment intervenez-vous sur le fonctionnement de la protection de l’enfance ?

« Chaque fois que je vais sur le terrain, je visite le foyer d’accueil d’urgence car c’est révélateur de forces et de faiblesses d’un département. Et je rencontre le président du Département, ou ses représentants, et les services de l’État pour bien comprendre comment tout cela s’articule. La protection de l’enfance est de la compétence du Département qui a besoin de l’hôpital, de l’école pour un certain nombre d’enfants, de la justice qui intervient dans beaucoup de dossiers avec le juge des enfants et mon rôle est de faire qu’il y ait une meilleure articulation. Avec des lois parfois, avec de l’argent aussi pour améliorer les relations. Une ministre, ça sert à ça : mettre des gens autour de la table et faire en sorte que chacun soit à sa responsabilité. »

 

Une des éducatrices avec qui vous avez échangé a pointé du doigt le turnover important dans les équipes. Le métier est dévalorisé selon vous ou y a-t-il un manque de vocations ?

« C’est un métier rarement valorisé. J’ai rencontré ici des hommes et des femmes qui sont dans ce métier depuis longtemps et qui le voient bouger et évoluer. Ils récupèrent des enfants avec des parcours plus complexes qu’avant et avec plus de difficultés et qui pour autant, sont là, stables dans une équipe qui bouge beaucoup. Ce sont des métiers qui exigent du temps et de savoir ce qu’on veut faire de l’histoire qui est en face. Soit vous mettez très à distance ces histoires, soit vous investissez ces histoires et on voit que ce n’est pas facile aujourd’hui avec toutes ces difficultés. Il y a un manque de valorisation financière de la filière et un manque de valorisation du métier car ces 300 000 enfants qui sont suivis en France, personne n’en parle. La qualité du travail de ces professionnels, l’investissement auprès de ces enfants, on n’en parle pas beaucoup. Par contre, on parle beaucoup des deux ou trois foyers qui ne vont pas bien et des drames qui arrivent toujours… »

 

Votre visite se télescope avec une actualité dramatique. Ce week-end dans l’agglomération de Chambéry, un bébé d’un an est décédé, tué par sa mère.Voulez-vous dire quelques mots  ?

« C’est mon combat. Aujourd’hui, on a un enfant qui meurt tous les cinq jours dans son environnement familial et cela dans un silence assourdissant. On essaie toujours de trouver une explication, que la maman n’allait pas bien, que la séparation était difficile. Mais la réalité, c’est que les enfants sont les premières victimes des problématiques des parents. Je ne suis pas en compétition avec le combat mené contre les violences faites aux femmes mais il y a un combat spécifique à mener pour protéger ces enfants qui meurent dans leurs familles. Nous avons des familles formidables mais aussi des familles qui n’exercent pas leurs responsabilités et qui sont maltraitantes. Pardonnez-moi, je vais faire de la pub mais au moindre doute, faites le 119 ».

 

Avant de se rendre à Chambéry, Charlotte Caubel, secrétaire d’État auprès de la Première ministre, chargée de l’Enfance, était en déplacement à Pralognan-la-Vanoise. En fin de matinée, elle s’est rendue dans une colonie de vacances UCPA pour rencontrer des enfants qui participaient à une activité natation.

« On a encore beaucoup trop de noyades dans le pays car des enfants ne savent pas nager, a-t-elle regretté. La natation est un acquis à avoir pour sa propre sécurité. » Elle en a profité pour rappeler l’engagement du gouvernement afin qu’un maximum d’enfants puissent partir en vacances. « Il faut les sortir de leur environnement habituel. C’est à la fois très équilibrant et indispensable. »

 

Extrait du Dauphiné Libéré, le 2 août 2023 - propos recueillis par Stéphan Dudzinski.