Le flambeau de la solidarité

Cette semaine, sœur Catherine Fino, salésienne de Don Bosco, théologienne à l’Institut Catholique de Paris, nous propose : "Le flambeau de la solidarité."

le Vendredi 12 mai 2023

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Que penser de cette actualité contrastée de cette dernière semaine ?

La fête qui se prolonge entre voisins à l’occasion du couronnement du roi Charles III, et ceux pour qui les dépenses occasionnées font scandale en pleine crise économique. En France, le tourisme reprend grâce à tous ceux qui ont pu à nouveau s’offrir de « vraies vacances » et d’autres continuent à manifester envers et contre tout, y compris lors les commémorations pourtant significatives de la résistance. Sans compter la menace écologique qui se rapproche à nouveau, sécheresse, restrictions, incendies précoces…

Comment les éducateurs et les jeunes peuvent-ils affronter ensemble cet avenir précaire ?

 

Coté climat, les jeunes doivent au moins se réjouir du fait que les évènements nous obligent enfin à prendre en mains notre « transition écologique » ?
Oui et non. Il ne s’agit pas de tenir un discours en surplomb, adressé à ceux qui ont encore la possibilité de consommer en excès. Certains agriculteurs en manque d’eau ne savent pas s’ils pourront sauver leur exploitation et redémarrer l’année prochaine. De nombreux jeunes vivent l’insécurité, le souci chaque mois de trouver de quoi manger, payer son loyer, ses études. Mais dans le même temps, ils s’engagent comme bénévoles et ils font la fête ! On se croirait presque de retour à Turin au 19ème siècle, avec la crise socioéconomique liée à la guerre avec l’Autriche, des épidémies, des récoltes dévastées, et des jeunes à la rue. Don Bosco leur offrait un logement et un accès à une formation, mais la meilleure manière de leur redonner du punch, c’était de leur confier des responsabilités. Chacun trouvait la possibilité de se faire apprécier, comme apprentis ou aux études, mais aussi, chacun selon ses talents, dans des actions de solidarité, l’animation sportive ou théâtrale, la musique, etc. A chacun son association, « sa compagnie » comme on disait à l’époque, le partage du pain et d’un projet commun.

 

Et aujourd’hui, où trouver ces jeunes « entrepreneurs » ?
Il suffit de surfer sur le net pour découvrir des jeunes qui se soutiennent à deux ou trois pour monter leur propre start-up, souvent des start-ups sociales et solidaires. Ce sont des jeunes qui ont créé des sites pour trouver près de chez nous les commerçants qui mettent à disposition à prix cassés la nourriture invendue, le matériel informatique recyclé, pour bénéficier d’un prêt ou d’un échange entre particuliers : outils, objets divers, espace de rangement, espace pour jardiner. Ils fourmillent d’idées pour lancer des projets solidaires suffisamment rentables pour devenir leur entreprise ! Ce sont ces infos-là qui redonnent confiance en l’avenir !

 

Mais tout le monde n’a pas la possibilité de monter sa start up ?
Il suffit de commencer pour découvrir des talents cachés. C’est l’esprit qui anime les projets citoyenneté dans le réseau Don Bosco, mais aussi par ailleurs les multiples associations étudiantes à la Catho. Et bien sûr, ces tremplins éducatifs ne valent pas que pour les périodes de crise ! A moins qu’on ne considère qu’en réalité la crise est permanente, et permanent l’effort des parents, des éducateurs, de nous tous pour que puisse se passer le flambeau de la créativité et de la solidarité d’une génération à l’autre.

 

Catherine Fino