Foi chrétienne et responsabilité éducative

La chronique des Salésiens: cette semaine, Sœur Catherine Fino, salésienne de Son Bosco,théologienne à l’Institut Catholique de Paris, présente 3 figures de l'éducation chrétienne.

le Mercredi 24 nov 2021

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La semaine passée, lors d'une formation adressée à de futurs directeurs de l'enseignement catholique, nous nous demandions si le fait qu'un établissement scolaire soit porteur de valeurs ou d'une tradition pédagogique enracinée dans la foi chrétienne donnait à son projet éducatif, des traits spécifiques. En cherchant à répondre à cette question, je regardais 3 figures de l'éducation chrétienne auxquelles correspondent trois lieux frontières de l'éducation : Henri Bissonnier dans le domaine du handicap mental, Jean Bosco au 19e, avec des jeunes déscolarisés et sans domicile, dans les rues de Turin, Marie de l'Incarnation, 17e, au service des Amérindiens, dans un contexte colonial, aux frontières de l'incompatibilité culturelle.

Chacun a inventé une pédagogie adaptée pour rejoindre les jeunes aux différentes frontières ou périphéries de leur époque.

Quel était le secret de leur réussite ?

Leur premier secret est leur foi en l'éducabilité des jeunes et en leur dignité inaliénable. Henri Bissonnier propose pour cela une interprétation chrétienne de la pédagogie active, redécouverte au 20e siècle : partir de l'enfant, c'est pour Bissonnier, partir aussi de Dieu présent en lui, afin de faire confiance à la capacité du jeune, à collaborer de manière active et consciente de sa propre hygiène. Le Christ lui-même est le protagoniste de cette éducation et c'est un partenaire sur lequel, l'éducateur peut compter. C'est parce que la vocation à grandir humainement et spirituellement concerne tout être humain, sans exception, que Bissonnier peut postuler l'éducabilité d'un enfant handicapé. L'engagement de Don Bosco ou de Marie repose aussi sur l'amour inconditionnel pour les jeunes.

 

Ont-ils un second secret à nous partager ?

L'originalité de leur projet, la diversité de leurs publics, m'apprennent que chaque éducateur ou que chaque établissement a sa frontière, que nous avons chacun, chacune, une frontière ou une périphérie qui nous tient à coeur et sera notre mission particulière.

Le second secret de toute pédagogie chrétienne nous vient du second verset du Deutéronome, qui balise le chemin de l'alliance avec Dieu : choisis donc la vie! Nous avons reçu de nombreuses capacités, notre intuition, notre sensibilité, notre affectivité, notre intelligence, notre volonté que nous pouvons exercer pour toujours "choisir la vie" et ainsi, chaque décision ou action devient un tremplin pour nous inscrire librement dans notre relation aux yeux de l'alliance : je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction, choisis donc la vie !

En marchant avec les enfants et les jeunes, à leur rythme, en répondant à leurs questions, en les aidant à surmonter fatigue et découragement, en écoutant avec eux, celui qui témoigne de sa rencontre de Dieu ou de services des vivants, nous aurons la joie de les amener jusqu'au seuil de la terre promise qui reste toujours à conquérir.

 

Retrouvez l'interview de Sœur Catherine Fino sur RCF.