Former à la liberté de conscience

La Chronique des Salésiens: cette semaine, sœur Michèle Decoster, salésienne de Don Bosco, formatrice dans le service formation Don Bosco, nous propose : « Former à la liberté de conscience ».

le Vendredi 01 avr 2022

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Dans sa lettre du 12 mars à la famille salésienne, Don Angel Fernandez Artime, Recteur Majeur à la suite de Don Bosco, exprime sa conviction qu’il y a beaucoup de gens en Russie en désaccord avec le massacre ukrainien. Mais il évoque aussi leur difficulté de réagir, soit parce qu’ils ne peuvent pas s’exprimer ouvertement à cause des représailles, soit qu’ils n’ont pas accès à une information complète de la situation.

Dans la lignée du système préventif, nous devons former les jeunes à repérer les possibles dérives de l’autorité.

 

Quels pourraient être les critères d’une dérive de l’autorité ?
Quand une société fonctionne selon une structure pyramidale avec interdiction de critiquer les supérieurs, quand l’accès à l’information est filtré et les communications surveillées, nous en arrivons peu à peu à l’abus de pouvoir. Cet abus se voit légalisé par la rédaction de textes institutionnels à la solde des dirigeants qui tiennent à conserver leurs privilèges. Les partisans bénéficient de mesures protectrices. Les personnes susceptibles de dénoncer les dysfonctionnements sont écartées. Quand l’engrenage s’enracine dans une interprétation partielle de l’histoire, les mentalités se cristallisent dans une pensée unique.
Dans ce cas, la loi n’est plus au service du bien commun mais devient un outil de manipulation à grande échelle. Les membres d’une telle société ont le devoir de la braver. De là une importance considérable à apporter dans les programmes d’éducation de la jeunesse pour libérer la parole, initier à la pensée sociale chrétienne et à la démocratie, s’exercer au discernement personnel et collectif, rechercher le bien commun et sa réalisation. La période qui nous sépare de l’élection présidentielle réclame une formation approfondie de la conscience politique.

 

Auriez-vous des outils pratiques à proposer aux jeunes pour se former à la liberté de conscience ?
Les jeunes portent en eux un immense idéal parfois blessé. Ils recherchent des sollicitations, des lieux d’échange, des modèles. Il me parait essentiel de leur apporter un éclairage d’opinions variées avec la présentation claire d’une anthropologie respectueuse de la vie.
Dans l’exhortation Christus vivit, le Pape François propose plusieurs modèles de jeunes saints. J’ai été touchée par la capacité de ces figures à témoigner de leur foi chrétienne : Sainte Kateri Tekakwitha, le Bienheureux Pier Giorgio Frassati ou encore le bienheureux Marcel Callo. J’ajouterai la personnalité du Bienheureux Titus Zeman, Prêtre salésien Slovaque né en 1915. Il fit passer clandestinement une trentaine de jeunes salésiens entre la frontière slovaque et autrichienne pour leur permettre de vivre leur vocation en fuyant le régime communiste tchécoslovaque arrivé au pouvoir en 1950. Arrêté, Titus fut prisonnier pendant 13 ans dans des conditions très difficiles. Mais toujours il redira sa foi au Christ et à Don Bosco.
Rappelons-nous, ce 14 mars, la journaliste russe Marina Ovsiannikova qui s’est placée derrière la présentatrice du journal télévisé le plus regardé en Russie, brandissant une pancarte « non à la guerre. »
Et bien sûr, à l’approche de la Semaine Sainte, prenons le temps avec les jeunes de contempler la liberté intérieure du Christ. Laissons-nous envahir par la souveraineté de l’Evangile qui annonce la force de l’amour, dénonce les injustices et se met résolument du côté des plus vulnérables.

 

Retrouvez Soeur Michèle Decoster sur RCF.