L'importance de rester soi-même

La Chronique des Salésiens: cette semaine, le Père Xavier de Verchère, prêtre de la congrégation des Salésiens de Don Bosco et aumônier général des Scouts et guides de France, nous parle de Saint François de Sales.

le Mercredi 28 sept 2022

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Cette année, nous fêtons le IVe centenaire de la mort de saint François de Sales. Un événement un peu passé sous silence ! Mais dans ce contexte post-Ciase et de démarche synodale, François de Sales mériterait bien notre attention. La famille de Don Bosco a même choisi comme thème d’année cette citation : "Faites tout par amour et rien par force".

 

François de Sales se situe à la charnière du XVIe et du XVIIe siècles, au sortir des guerres de religions et de la Contre-Réforme, où les découvertes scientifiques et culturelles bouleversent la vision du monde. François en fut profondément marqué. Il sut y discerner les appels de Dieu. Évêque de Genève en 1602, il s’engagea en vrai pasteur attentif à son peuple. Apôtre de la douceur, grand communiquant, conciliateur, réformateur, fondateur, il sut défendre la foi et former son clergé tout en dialoguant avec les protestants. Ami de saint Vincent de Paul, il est une figure de proue laissant dans son sillage de grands saints : sainte Jeanne de Chantal, les bienheureux Pierre-Marie Mermier et Louis Brisson, et bien évidemment saint Jean Bosco. Rappelons que derrière lui, la spiritualité du sacré cœur ou la voie de l’enfance d’une Thérèse de Lisieux en sont les bénéficiaires.

Que peut-on retenir de la pensée et de la spiritualité de François de Sales, aujourd’hui ?

François de Sales a une pensée équilibrée, puisant chez les grands auteurs et à la croisée de de la théologie, de la spiritualité et de la psychologie humaine. Pour lui, tout l’univers créé est "unidivers", c’est-à-dire unique et divers. Dans sa vision, on ne peut séparer les choses. François sait unir contemplation et action, liberté et grâce. Pour aider ses protégés ou répondre à ses détracteurs, il choisit le chemin du cœur et non celui de la force. "Dieu est Dieu du cœur humain" écrit-il. Il préfère voir l’action divine sous l’angle de la bonté, plutôt que de la justice. Le mot "cœur" est essentiel chez lui. L’amour est don de Dieu, don qui rend libre. Dieu se rend présent au cœur humain pour susciter sa réponse, par des liens de douceur, liens qui le soutiennent avec patience chaque jour. Il utilise cette belle image des aigles ou des hirondelles volant gracieusement portées par le souffle du vent. Souffle qui nous rappelle l’Esprit saint qui sait nous inspirer et nous emporter vers les sommets de la sainteté. Cette vocation universelle à la sainteté pour tous les baptisés, jusque dans les cellules des prisons, est une conviction salésienne forte ! Une leçon que retiendra Vatican II.

Est-il important de revenir à la spiritualité salésienne ?

Tu veux changer le monde ? "Commence par ton cœur !" dirait aujourd’hui François de Sales. Je crois qu’il met le doigt sur le vrai levier de la transformation du monde : être accordé au Dieu d’Amour - être pleinement soi-même - faire son devoir d’État. La spiritualité salésienne nous prend tel que nous sommes avec nos défauts et nous mène haut. "Soyons ce que nous sommes et soyons le bien", écrit-il encore : c’est la meilleure façon de changer le monde. En se laissant conduire, éduquer par Dieu, sans nous forcer, notre cœur devient amoureux de lui et de son projet. Nous sommes rendus capables avec confiance et espérance de faire face aux épreuves et être à la hauteur des grands défis de notre temps.