Faut-il légaliser le cannabis?
Avec en ligne de mire les élections présidentielles, ce débat autour de la légalisation du cannabis refait surface dans l'opinion.
Certains pensent en effet que c'est la seule manière possible de pouvoir mettre fin aux trafics qui causent tant de nuisance dans les cités et provoquent tant de réglement de compte, dont sont parfois victimes nos adolescents.
Je pense pour ma part qu'il serait illusoire de penser que les jeunes trafiquants pourraient assister sans réagir aux tarissements de leurs principales sources de revenus et le risque me semble grand de voir ces jeunes se tourner vers le trafic de drogues encore plus fortes et plus dangereuses. D'autre part, une telle légalisation pourrait faire passer comme message aux plus jeunes que finalement, le cannabis, ce n'est pas si dangereux et nous savons tous que tel n'est pas le cas.
Le cannabis n'est-il pas une drogue douce?
Personnellement je remets en cause le discours tenu pendant plusieurs décennies qui a opposé les drogues qualifiées de douces à celles qualifiées de dures, laissant entendre aux adolescents que finalement, les premières ne seraient pas si dangereuses que cela. Or, parler de drogues douces signifient simplement que la vitesse d'accoutumance est plus lente que pour les drogues que l'on qualifie de dures. Mais on peut devenir addict au cannabis. Je connais pour ma part plusieurs adolescents dans les cités où j'ai travaillé, qui le sont devenus et les effets du THC, le nom des substances nocives du cannabis sont terribles dans la diminution des facultés d'attention, de concentration et de mémorisation, or ce sont préciséments ces facultés qui rendent possibles la réussite scolaire. Comme le souligne justement les pages des journaux, lutter contre le cannabis, c'est lutter contre les échecs scolaires. Il est dommage que l'on parle peu de ce lien de causalité, dans le monde de l'enseignement. On a tellement tendance dans notre pays à vouloir dissocier les problèmes... Quand on parle de prévention des échecs scolaires, on parle d'une diminution de la taille des classes, de l'aide aux devoirs, si peu des effets de la consommation de cannabis, pourtant si largement répandue, chez les adolescents de notre pays. Et malheureusement, ses effets ne se limitent pas aux seuls domaines scolaires.
De quels autres effets parlez-vous?
Du ralentissement des réflexes, qui fait que la plupart des accidents mortels causés par les jeunes, en particulier sur leurs deux-roues, sont directement liés à la consommation de cannabis, mais dans le domaine public, on préfère se limiter au seul problème de la vitesse. On sait aussi que la dépression est la pathologie la plus fréquemment rencontrée chez les adolescents et là encore, de l'avis de tous les psychiatres, la consommation de cannabis est un phénomène agravant.
Combien j'aimerais que les politique prennent part à ce débat sur la légalisation et comme premier soucis, la santé de la jeunesse, cette part à la fois la plus précieuse et la plus fragile de notre société, comme ne cessait de le rappeler Don Bosco.
Retrouvez l'interview du Père Jean-Marie Petitclerc sur RCF.
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