« Homme de conviction et de dialogue, très grand technicien et travailleur acharné sur toutes les questions liées aux filières et aux marchés de l’agriculture locale, nationale et européenne, riche d’une connaissance intime, presque charnelle, des hommes et des femmes qui travaillent la terre, Michel Dantin a œuvré au profit du monde agricole avec force et simplicité, avec pour seul souci l’intérêt général. » C’est par ses mots que Michel Barnier, ancien ministre de l’Agriculture et de l’alimentation, ancien commissaire européen, a souhaité rendre hommage à Michel Dantin, avant de lui passer autour du cou la cravate de Commandeur du Mérite agricole.
La remise de décoration s’est déroulée ce 12 novembre dans les serres de la Fondation du Bocage, à Chambéry.
Plus de 150 personnes y ont assisté, parmi lesquelles d’anciens élus de Chambéry, des élus communautaires et de la représentation nationale, des responsables du monde syndical agricole, de nombreuses personnalités associatives et institutionnelles… et ses amis.
Mon seul désir était de mettre toute mon énergie pour améliorer le quotidien de nos agriculteurs et défendre la dignité des paysans.
Originaire d’une famille de commerçants aux racines savoyardes, Michel Dantin glisse bien volontiers avoir passé une enfance où les jeux étaient les animaux et les travaux de la ferme à Chambéry-le-Vieux. Ajoutant avec un sourire que sa première campagne électorale, à l’âge de cinq ans, a été d’indiquer aux clients de ses parents qu’il fallait « voter De Gaulle ». Avec également beaucoup d’humour, Michel Barnier a renchéri en affirmant que les « bons politiques, comme les bons jardiniers deviennent rares ! »
Le jeune Michel Dantin fait choix d’études dans une école d’agriculture. « Marqué au plus profond de ma chair par les récits de l’extrême pauvreté de ma grand-mère, mon seul désir était de mettre toute mon énergie pour améliorer le quotidien de nos agriculteurs et défendre la dignité des paysans. »
De la défense syndicale à l’engagement politique
Le Savoyard va passer de la défense syndicale de la profession, au sein de la FDSEA, à un engagement politique local qui va le voir élu conseiller municipal à Chambéry en 1983, conseiller général en 1985 et vice-président au Département en 1994.
En 2002, Michel Dantin devient conseiller spécial d’Hervé Gaymard puis dans l’équipe de Michel Barnier en 2007. Élu député européen en 2009, il repart pour un nouveau mandat en 2014, en parallèle à son élection à la mairie de Chambéry.
Au Parlement européen, il va assumer les fonctions de vice-coordinateur du groupe Parti populaire européen (PPE) et de rapporteur sur le Paquet lait. Il a eu également la charge de dossiers stratégiques pour l’agriculture française dont deux réformes et une révision de la Politique agricole commune.
En 2013, il est négociateur en chef pour le volet de la PAC concernant la révision de l’organisation commune des marchés uniques et, en 2014, il va mener la réforme des règles européennes généalogiques et zootechniques. Un dossier très technique sur la sélection animale dans lequel Michel Dantin a su rester humble, sans rien lâcher sur le fond.
Sa loyauté n’a jamais été de la faiblesse, mais l’expression d’une vision partagée qu’il va défendre bec et ongles, avec sang-froid et sérénité, auprès de la haute administration. « On m’a souvent demandé pourquoi je m’exprimais toujours en commission de l’agriculture. En tant que Français, j’estimais avoir une responsabilité particulière. La France, du fait de sa géographie, a tous les secteurs de productions sur son territoire, nous avons donc notre mot à dire pour porter nos intérêts dans tous les débats », a résumé Michel Dantin à propos de son travail au Parlement Européen.
Le Mérite agricole est un ordre honorifique français institué le 7 juillet 1883 par le ministre de l’Agriculture, Jules Méline, pour donner à l’agriculture le rang auquel elle avait droit de prétendre dans une France encore très rurale. L’ordre national du Mérite agricole comporte trois grades : chevalier, officier et commandeur. Le nombre d’insignes distribués est de 1 530/an : 1 200 chevaliers, 300 officiers et 30 commandeurs.
Article et photos de Guy Jacquemard pour le Dauphiné Libéré.
