Occupez-vous des jeunes et de leurs familles

La Chronique des Salésiens: cette semaine, sœur Michèle Decoster, salésienne de Don Bosco, formatrice dans le service formation Don Bosco, nous propose : « Occupez-vous des jeunes et de leurs familles ! »

le Mercredi 04 mai 2022

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Les différentes étapes des élections présidentielles et législatives nous indiquent les grandes tendances des préoccupations des Français. Je reste surprise du peu de place dans les programmes pour une véritable politique familiale à large rayon. Et pourtant, tout le monde s’accorde à reconnaître la famille comme le principal vecteur des valeurs humaines et citoyennes.
L’accueil réservé aux familles ukrainiennes révèle la générosité spontanée de la population française à l’égard d’une catégorie de migrants forcés de quitter leur patrie.

 

Aujourd’hui, je voudrais attirer l’attention sur les milliers de familles sans papier présentes en France depuis de nombreuses années. Ces familles sont connues des autorités, notamment via l’attribution des cartes d’Aide Médicale de l’Etat ou par les demandes d’aide et de logement d’urgence. Et pourtant, c’est comme si ces familles étaient invisibles, inexistantes. Les parents n’ont pas accès au marché du travail. Pour obtenir un logement, c’est le « parcours du combattant ». Les demandes au 115 ont des réponses très partielles.
Ces familles tolérées sur le territoire construisent des relations sociales en France. Les enfants sont insérés dans les établissements scolaires, dans les centres de vacances. En grandissant, ils comprennent de plus en plus les difficultés financières de leurs parents et les écarts de statut vis-à-vis de leurs camarades.

 

Quelles solutions envisagez-vous pour répondre aux besoins de ces familles sans papier ?
Tout d’abord, une justice dans l’attribution des allocations familiales. Un enfant égale un enfant, quelle que soit sa situation. Sous-estimer les besoins d’une partie de la jeune génération équivaut à produire de l’injustice sous-jacente avec des conséquences désastreuses à long terme. Don Bosco disait aux Parisiens en avril 1883 : « « Ne tardez pas à vous occuper des jeunes, sinon ce sont eux qui ne tarderont pas à s’occuper de vous ! »
L’anxiété des parents en situation précaire se reporte malheureusement sur les enfants et sur leur santé autant psychique que physique. Je profite de cette intervention pour remercier toutes les associations et les particuliers qui s’engagent dans la durée aux côtés de ces familles sans papier. Mais cela ne suffit pas.
Il est urgent que l’administration puisse considérer les besoins familiaux dans leur ensemble et y répondre concrètement par une régularisation dans un délai rapproché. S’occuper des jeunes, c’est avant tout prendre les parents en considération et les reconnaître comme des êtres humains désireux de gagner honnêtement le pain familial à la sueur de leur propre front.
Cela ne signifie pas prendre la place des Français lorsqu’on pense à la pénurie de personnel dans les secteurs sanitaire et social, dans la restauration, le transport routier, et bien d’autres encore …
Sans l’accès au travail, les familles sont ballottées d’une association à l’autre et subissent l’humiliation répétée d’une dépendance beaucoup trop longue. Les parents et les enfants sont confrontés à la tentation d’un gain apparemment facile mais qui relève de l’exploitation et de la marginalisation.


Le 15 mai prochain, Charles de Foucault sera canonisé, lui qui s’est fait le frère universel de tous les petits, spécialement dans le monde de l’Islam.
Puissions-nous à son exemple et à sa prière avoir l’audace d’une politique familiale ouverte et cohérente, capable de construire une société de la paix dans le long terme.

 

Retrouvez Soeur Michèle Decoster sur RCF.